Beehiiv Défie la Saturation des Newsletters
Imaginez un monde où n’importe qui peut quitter un grand média, lancer sa newsletter le lundi et vivre confortablement de son contenu avant la fin de l’année. Ce monde existe déjà. Et Tyler Denk, CEO de Beehiiv, est convaincu qu’il ne fait que commencer.
Beehiiv n’est plus seulement une plateforme de newsletters
À l’occasion de ses quatre ans, Beehiiv a dévoilé une salve de nouveautés qui ont fait bondir plus d’un observateur : constructeur de sites avec IA, support natif des podcasts, vente de cours et produits numériques… On est très loin du simple outil d’envoi d’emails lancé en 2021.
Cette évolution n’a rien d’un caprice marketing. Elle répond à une demande criante des utilisateurs.
« Nos utilisateurs nous disaient : votre outil d’email est génial, mais mon blog a l’air d’un blog des années 2000. Je veux vendre des cours, collecter des leads, avoir un vrai site pro… »
– Tyler Denk, CEO de Beehiiv
Résultat : rachat de TypeDream (Y Combinator), lancement d’un constructeur de sites dopé à l’IA, et transformation progressive de Beehiiv en véritable système d’exploitation du contenu indépendant.
Pourquoi la saturation des newsletters est un faux problème
Depuis les débuts de Beehiiv, une question revient sans cesse : le marché n’est-il pas déjà saturé ? Tyler Denk balaie l’argument d’un revers de main.
Pour lui, on confond quantité et qualité. Oui, il y a des milliers de newsletters. Non, cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de place.
« On a plus de podcasts que jamais, plus de vidéos YouTube que jamais, mais personne ne parle de saturation Netflix. Le contenu de qualité finit toujours par émerger. »
– Tyler Denk
Mieux : la fragmentation actuelle des réseaux sociaux (X, Threads, Bluesky, Mastodon, TikTok, Instagram…) crée plus d’opportunités que jamais. Là où Twitter dominait autrefois la conversation, il faut aujourd’hui être présent sur plusieurs plateformes. Et c’est précisément là que la newsletter devient l’arme ultime : un canal owned media, que personne ne peut vous couper.
Des outils d’entreprise pour monsieur tout-le-monde
L’une des forces les plus sous-estimées de Beehiiv, c’est sa capacité à servir à la fois Time Magazine et le cousin qui vient de lancer une newsletter sur l’UFC avec cinq abonnés.
Le même outil. Les mêmes fonctionnalités. La même puissance.
Tyler Denk l’explique par son passage chez Morning Brew, où il a construit en interne toute l’infrastructure qui a permis à la newsletter de passer de 0 à 3 millions d’abonnés. Quand il a quitté l’entreprise, des centaines de créateurs lui ont demandé : « Est-ce qu’on peut avoir les mêmes outils que vous ? »
Beehiiv est né de cette demande : offrir un logiciel de niveau entreprise, mais accessible au plus grand nombre.
Aujourd’hui, on trouve sur la plateforme :
- Des médias historiques (Time, Newsweek, TechCrunch)
- Des journalistes indépendants fraîchement partis de CNN ou du Washington Post
- Des créateurs niches qui gagnent 15 000 $ par mois avec… 2 500 abonnés
- Des hobbyists qui écrivent pour leur maman et leurs 10 meilleurs amis
Tous utilisent exactement le même produit.
Beehiiv vs Substack : Shopify contre Amazon
Impossible de parler de Beehiiv sans évoquer Substack. Les deux plateformes sont souvent mises en concurrence, mais Tyler Denk préfère une autre analogie : Shopify contre Amazon.
Sur Amazon, vous vendez, mais le client reste client d’Amazon. Sur Shopify, le client est à vous.
Sur Substack, vos lecteurs passent par l’application Substack, reçoivent des recommandations Substack, et la plateforme prélève 10 % sur vos revenus.
Sur Beehiiv, vous gardez le contrôle total : données lecteurs, design, monétisation. Et surtout : Beehiiv ne prend jamais de commission sur vos abonnements payants, cours ou produits numériques.
« Notre modèle, c’est l’abonnement fixe. Point. » explique Tyler Denk. Un choix philosophique autant qu’économique.
La consolidation inévitable du creator stack
Toutes les plateformes créateurs finissent par se ressembler. Un outil de link-in-bio ajoute des newsletters. Une plateforme de cours lance un constructeur de site. Une solution email se met aux podcasts.
Tyler Denk le prédit sans détour : les cinq prochaines années verront une consolidation massive du secteur, par rachats, fermetures ou fusions.
Son pari ? L’email reste l’un des points d’entrée les plus difficiles à maîtriser à grande échelle. Partir de là pour ajouter sites web, monétisation, podcasts ou communautés est plus simple que l’inverse.
Le futur appartient aux niches rentables
L’ancien modèle (« grandir à tout prix, atteindre le million d’abonnés, vendre des sponsorings à six chiffres ») est mort.
Le nouveau modèle ? Trouver 1 000 à 5 000 vrais fans prêts à payer 5 à 20 € par mois, ou acheter vos cours, événements, produits dérivés.
Exemple concret cité par Tyler Denk : une newsletter sur l’agriculture qui, avec seulement 2 500 abonnés, génère 15 000 dollars mensuels grâce à des abonnements payants et des partenariats ciblés.
Ce n’est plus une exception. C’est la nouvelle norme.
Et demain ?
Avec l’arrivée massive de l’IA, la valeur d’une voix humaine authentique va exploser. Dans un monde où n’importe qui peut générer 10 articles par heure, ceux qui sauront créer une connexion réelle avec leur audience seront rois.
Tyler Denk va plus loin : dans cinq ans, votre personal brand sera peut-être plus important que votre CV. Les meilleurs product managers, designers ou journalistes seront ceux qui auront déjà une audience, une voix reconnue, une communauté.
Et pour construire cette audience, cette voix, cette communauté ? Il faudra des outils puissants, simples, et qui vous appartiennent vraiment.
C’est exactement ce que Beehiiv veut devenir : l’infrastructure invisible qui arme les rebelles du contenu.
La révolution est en marche. Et cette fois, elle a une ruche dorée comme étendard.