
Bioster : Nouvelle Usine de Moutarde Bio dans l’Aube
Saviez-vous que la moutarde, ce condiment si discret sur nos tables, pourrait devenir un symbole d’innovation durable ? Dans un petit coin de l’Aube, une entreprise audacieuse, Bioster, prépare une révolution. Cette filiale du groupe belge Bister ne se contente pas de produire de la moutarde bio : elle voit grand avec une nouvelle usine à Torvilliers, un projet qui promet de transformer le paysage agroalimentaire français. Partons à la découverte de cette ambition qui mêle savoir-faire local, engagement écologique et conquête internationale.
Une Usine pour Redéfinir la Moutarde Bio
À Saint-Thibault, dans l’Aube, les murs de l’usine actuelle de Bioster semblent pousser un soupir de soulagement. Trop à l’étroit face à une production qui ne cesse de grimper, l’entreprise a décidé de voir plus loin. Le transfert vers Torvilliers, à quelques kilomètres de là, n’est pas un simple déménagement : c’est une réinvention. Avec un investissement colossal de **14 millions d’euros**, Bioster veut multiplier par cinq la taille de son site et par six sa capacité de production. Mais pourquoi un tel pari ?
Un bond spectaculaire dans la production
Imaginez une usine capable de churner jusqu’à **100 tonnes de moutarde par jour**. C’est l’objectif que s’est fixé Bioster pour 2027, contre 15 tonnes aujourd’hui. Depuis 2019, la production a déjà doublé, passant de 6-8 tonnes quotidiennes à un rythme plus soutenu. Ce n’est pas juste une question de volume : c’est une réponse à une demande croissante pour des produits bio et locaux. Arthus de Bousies, PDG de Bioster, ne cache pas son enthousiasme :
« Nous allons dimensionner le site pour répondre à une ambition claire : faire de la moutarde bio un standard de qualité et de volume. »
– Arthus de Bousies, PDG de Bioster
Le terrain, acquis le 14 février dans une zone industrielle en pleine effervescence, est le point de départ de cette transformation. Les travaux débuteront au printemps 2026, avec une mise en service prévue mi-2027. Mais ce projet ne se limite pas à une augmentation mécanique des chiffres : il porte une vision.
Un financement ambitieux mais maîtrisé
Passer de 10 à 14 millions d’euros de budget, c’est une surprise que Bioster a dû digérer. Cette hausse s’explique par les leçons tirées d’une récente ouverture d’usine en Belgique, où les coûts avaient également dépassé les prévisions. Aujourd’hui, le financement repose sur un savant mélange : fonds propres, emprunts bancaires et un coup de pouce attendu de Bpifrance. Les subventions, elles, restent en suspens, mais l’équipe garde le cap. Cette solidité financière est cruciale pour un projet qui ne tolère pas l’à-peu-près.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec un chiffre d’affaires de **7 millions d’euros en 2024** et une équipe de 15 salariés, Bioster est une petite structure aux grandes ambitions. Doubler ses effectifs avec une dizaine de recrutements supplémentaires d’ici 2027 montre que l’entreprise ne mise pas seulement sur des machines, mais aussi sur des talents.
Le Made in France comme étendard
Dans un monde où la relocalisation devient un mot d’ordre, Bioster brandit fièrement le drapeau tricolore. L’entreprise s’approvisionne en graines de moutarde via des partenariats locaux, notamment avec la coopérative MyPi en France et Farm for Good en Belgique. Cette stratégie n’est pas qu’un argument marketing : elle garantit une traçabilité et une qualité qui séduisent les consommateurs. Résultat ? Une présence dans **488 nouveaux magasins bio** en 2024, de So Bio à Naturalia, en passant par Bio c’ Bon.
Arthus de Bousies préfère les boutiques spécialisées à la grande distribution classique. Pourquoi ? Parce que ces partenaires partagent les valeurs de Bioster : durabilité, qualité, et une pointe d’audace. Cette approche targeted permet aussi d’investir dans la **recherche et développement**, un axe clé pour rester compétitif face à l’inflation et à la concurrence des produits low-cost.
L’international : une arme à double tranchant
Si le local est au cœur de la stratégie, l’international n’est pas en reste. Aujourd’hui, **40 % du chiffre d’affaires** de Bioster provient de l’export : Allemagne, Belgique, Australie, Nouvelle-Zélande… La moutarde bio française séduit au-delà des frontières. En 2025, l’entreprise vise à renforcer sa présence en Scandinavie, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Mais ce dernier marché inquiète. Avec les menaces de Donald Trump d’imposer **25 % de droits de douane** sur les produits européens, Bioster doit jongler entre opportunités et incertitudes.
Pourtant, l’équipe reste confiante. Une croissance annuelle de **15 %** est dans le viseur, portée par ces deux piliers : le Made in France et l’export. Un équilibre fragile, mais qui pourrait faire de Bioster un acteur incontournable du secteur agroalimentaire bio.
Une réponse à la crise écologique
Produire plus, oui, mais pas n’importe comment. Bioster s’inscrit dans une démarche éco-responsable qui va au-delà des mots. En misant sur le bio et des filières courtes, l’entreprise réduit son empreinte carbone. La nouvelle usine, avec ses équipements modernes, sera pensée pour optimiser les ressources. C’est une promesse implicite : celle de concilier croissance et respect de la planète.
Dans un secteur agroalimentaire souvent critiqué pour ses dérives, Bioster fait figure d’exception. Pas de compromis sur la qualité, pas de raccourcis sur les valeurs. Cette approche pourrait inspirer d’autres acteurs, petits ou grands, à repenser leurs modèles.
Les défis à venir
Le chemin vers 2027 est semé d’embûches. Entre les tensions commerciales internationales, la hausse des coûts de construction et la pression concurrentielle, Bioster doit rester agile. Voici quelques enjeux clés :
- Financer un projet ambitieux sans trop s’endetter.
- Recruter des talents dans une région rurale.
- Résister aux aléas géopolitiques, notamment aux États-Unis.
- Maintenir une qualité premium malgré l’inflation.
Ces défis ne sont pas insurmontables, mais ils demanderont une exécution irréprochable. Pour Arthus de Bousies et son équipe, c’est une question de vision : construire dès aujourd’hui l’agroalimentaire de demain.
Un modèle pour les start-ups françaises ?
Bioster n’est pas une multinationale. Avec ses 15 employés et son ancrage local, elle incarne une certaine idée de la start-up à la française : audacieuse, mais pragmatique. Son parcours montre qu’on peut viser grand sans perdre ses racines. Multiplier sa production par six tout en restant fidèle à des valeurs écologiques et locales, c’est un défi que peu relèvent.
D’autres entreprises pourraient s’en inspirer. Dans un pays où la relocalisation et le bio gagnent du terrain, Bioster trace une voie. Pas celle de la facilité, mais celle de la cohérence. Et si cette usine à Torvilliers devenait un symbole ?
Pourquoi ça nous concerne tous
La moutarde, c’est plus qu’un condiment. C’est un morceau de culture, un lien entre nos assiettes et ceux qui produisent. En soutenant des initiatives comme celle de Bioster, on encourage un modèle où qualité rime avec durabilité. Consommer bio et local, c’est un choix individuel qui devient collectif quand des entreprises comme celle-ci prennent des risques pour le rendre possible.
Alors, la prochaine fois que vous ouvrirez un pot de moutarde, pensez-y : derrière ce goût piquant, il y a peut-être une histoire d’innovation, de courage et d’espoir pour un avenir plus vert.
Et après ?
Bioster ne compte pas s’arrêter là. L’usine de Torvilliers n’est qu’une étape. Si tout se passe comme prévu, l’entreprise pourrait explorer de nouveaux produits, toujours dans une logique bio et durable. Les années à venir diront si ce pari audacieux porte ses fruits. Une chose est sûre : dans l’Aube, la moutarde n’a pas fini de faire parler d’elle.