Bluesky : une vérification différente des coches bleues de X
Alors que les géants des réseaux sociaux comme Meta et X (anciennement Twitter) ont basculé vers un modèle de vérification payant, où les utilisateurs doivent payer pour obtenir le précieux coche bleu confirmant leur identité, une nouvelle startup nommée Bluesky propose une approche radicalement différente. Lors d'un livestream lundi dernier, l'équipe de Bluesky a dévoilé sa vision d'un système où de multiples fournisseurs de vérification coexistent pour répondre aux besoins de sa communauté grandissante.
Une croissance fulgurante depuis l'élection présidentielle américaine
Lancée il y a un peu plus d'un an, Bluesky a connu un véritable boom d'utilisateurs ces derniers mois, notamment depuis l'élection présidentielle américaine. Pas moins de 8,7 millions de nouveaux membres ont rejoint la plateforme, portant le total à plus de 22,7 millions d'utilisateurs actifs. Une croissance qui doit beaucoup aux changements de politiques chez X, comme la possibilité d'entraîner de l'IA sur les données utilisateurs, mais aussi un fonctionnement des bloquages jugé opaque par beaucoup.
Face à cet exode massif, les concurrents sont sur le qui-vive. Meta a dû accélérer le développement de fonctionnalités similaires à celles de Bluesky sur son alternative à Twitter nommée Threads. Au menu : possibilité de changer de fil par défaut et mise à jour de l'algorithme. Mais du côté de Bluesky, on reste concentré sur sa propre feuille de route.
Vers des vérifications multiples et collaboratives
Aujourd'hui, le seul moyen de vérifier son compte sur Bluesky est d'adopter un nom de domaine personnalisé, une option proposée dès l'année dernière. C'est ainsi qu'on peut savoir avec certitude que le compte @nytimes.com appartient bien au véritable journal New York Times, par exemple. En parallèle, Bluesky s'attaque directement aux problèmes d'usurpation d'identité au cas par cas.
Mais pour la startup, les noms de domaines personnalisés ne sont qu'une partie de la solution. À terme, l'entreprise envisage un modèle où de multiples fournisseurs de vérification pourraient coexister :
Nous pourrions être un fournisseur de vérification, et nous le serons peut-être à un moment donné (même si je ne sais pas quand). Mais ce serait quelque chose auquel vous accédez via une application, puis il pourrait y avoir une autre application et d'autres services. Et ils peuvent choisir de faire confiance à la vérification de l'équipe Bluesky, ou faire la leur. Ou d'autres personnes pourraient faire la leur.
– Jay Graber, PDG de Bluesky
Des critères de vérification à géométrie variable
En d'autres termes, Bluesky propose un système de vérification où une seule entité, en l'occurrence l'entreprise elle-même, n'a pas le contrôle exclusif sur qui obtient ou non le précieux label "vérifié". Une vraie révolution par rapport aux modèles traditionnels et à leurs récentes évolutions.
Là où Twitter/X et Meta se concentrent sur la vérification des comptes les plus en vue, quitte à créer un sentiment d'injustice et de "classe à deux vitesses", Bluesky veut permettre à chacun de vérifier selon ses propres règles :
- Une université pourrait ainsi vérifier ses alumni
- Un groupe de fans comme les Swifties pourrait authentifier ses membres
- Des fournisseurs pourraient proposer une vérification plus large, sur une multitude de critères
Le défi sera de présenter ces multiples vérifications aux utilisateurs finaux de manière claire et non confuse. La forme que prendront ces labels (badges ?) et leur affichage cohérent entre les différentes applications clientes de Bluesky restent à définir.
Connecter son profil Bluesky à sa présence en ligne
Lors du livestream, l'équipe de Bluesky a évoqué d'autres pistes pour l'avenir, comme la possibilité de relier son profil sur le réseau social à l'ensemble de sa présence en ligne : site personnel, autres comptes sociaux... Un peu à la manière d'un Linktree.
Mais avec seulement une vingtaine de personnes à temps plein et une croissance à gérer, difficile pour la startup de s'engager sur un calendrier précis pour ces nouveautés. Une chose est sûre : Bluesky ne manque pas d'idées pour réinventer la façon dont nous intéragissons en ligne, en s'appuyant sur les principes d'un web ouvert et décentralisé. Une bouffée d'air frais qui pourrait bien bousculer les acteurs en place.