Boeing face à SpaceX : la NASA tranchera sur les vols habités
L'avenir de l'industrie spatiale privée pourrait se jouer ce samedi. La NASA s'apprête à annoncer si les astronautes Butch Wilmore et Sunita Williams rentreront sur Terre à bord du vaisseau Starliner de Boeing, ou s'ils devront emprunter une capsule Dragon de SpaceX. Un choix lourd de conséquences pour les deux géants aérospatiaux américains, engagés dans une compétition acharnée pour ravir les faveurs de l'agence spatiale.
Boeing dans la tourmente, SpaceX en embuscade
Le lancement de la première mission habitée de Starliner, le 5 juin dernier, devait marquer la consécration pour Boeing après des années d'efforts et plus de 1,5 milliard de dollars investis. Las, une série de problèmes techniques - propulseurs défaillants, fuites d'hélium - sont venus perturber l'amarrage à la Station spatiale internationale (ISS). Malgré un retard d'une heure, les ingénieurs ont pu rétablir la situation et permettre l'arrimage, mais l'incident a semé le doute.
Pendant ce temps, SpaceX observe et se tient prêt. Sa capsule Dragon, qui a déjà prouvé sa fiabilité lors de huit missions habitées pour la NASA, apparaît comme une solution de repli idéale si Starliner venait à être recalé. Elon Musk et ses équipes rêvent de rafler la mise et d'asseoir leur domination sur le marché des vols spatiaux privés.
La NASA divisée, Boeing rassurant
En coulisses, le débat fait rage au sein de la NASA. Certains responsables plaident pour donner une nouvelle chance à Boeing, arguant que les problèmes rencontrés peuvent être résolus. D'autres, échaudés, penchent pour confier les astronautes à SpaceX, quitte à infliger un camouflet retentissant à l'avionneur. « Notre grande préoccupation est de nous assurer que le système de propulsion fonctionne parfaitement pendant toute la désorbitation », a résumé Ken Bowersox, administrateur associé de la NASA.
De son côté, Boeing se veut rassurant et multiplie les déclarations sur la sûreté de Starliner et la rigueur des tests menés. Mais en cas de feu vert de la NASA samedi, l'entreprise jouera gros. Un retour en catastrophe, capsule vide, ternirait durablement son image et laisserait le champ libre à SpaceX.
Dragon, atout maître de SpaceX
Pour SpaceX, l'enjeu est de taille. Si Boeing est écarté, la firme d'Elon Musk deviendrait le seul prestataire américain capable d'acheminer des astronautes, renforçant son rôle déjà prépondérant. Une position de quasi-monopole qui ne manquerait pas de susciter des questions, mais offrirait aussi des perspectives de croissance inédites.
Car Dragon a de sérieux atouts dans son sac. Outre ses succès répétés pour la NASA, le vaisseau a aussi été choisi pour plusieurs missions privées de tourisme spatial. Sa polyvalence et sa cadence de production élevée en font un incontournable du secteur. Autant d'arguments que SpaceX ne manquera pas de faire valoir.
L'heure du choix pour la NASA
Samedi, la balle sera donc dans le camp de la NASA. Son administrateur Bill Nelson et les hauts responsables devront trancher au vu des données techniques et des enjeux politico-économiques. Valider Starliner malgré ses ratés, au risque d'un couac retentissant ? Ou abattre la carte SpaceX, avec le risque de saborder des années de développement chez Boeing ?
Quel que soit le choix, il aura un impact considérable sur le visage de l'industrie spatiale des prochaines années. Il dira si la NASA mise sur la sécurité ou la redondance, la fiabilité prouvée ou le soutien à son fournisseur historique.
Une chose est sûre : la décision de samedi sera scrutée par tout le NewSpace. Start-up, investisseurs, assureurs... Tous attendent de savoir qui, de Boeing ou SpaceX, raflera la mise et s'imposera comme le transporteur en chef des astronautes de la NASA. L'issue, quelle qu'elle soit, résonner a longtemps dans l'écosystème spatial.
Un moment charnière pour le secteur spatial
Au-delà des deux géants américains, c'est toute l'industrie spatiale qui retient son souffle. La décision de la NASA samedi pourrait en effet faire office de jurisprudence et influencer les choix des autres agences et clients privés. Préféreront-ils la solution éprouvée de SpaceX ou accorderont-ils leur confiance à Boeing malgré ses déboires ?
La réponse donnera le " la " des années à venir et façonnera le paysage concurrentiel du secteur. Elle montrera aussi le degré de maturité du modèle des partenariats public-privé pour les vols habités, dont Starliner et Dragon sont les porte-étendards. De quoi nourrir les débats sur la place et le rôle des entreprises dans la conquête spatiale.
Alors, Boeing ou SpaceX ? Réponse ce samedi, lors d'une conférence de presse très attendue de la NASA. Les projecteurs sont braqués sur l'agence spatiale américaine, arbitre d'un duel aux répercussions majeures pour l'avenir du NewSpace. Quel que soit le vainqueur, une page se tournera. Reste à savoir laquelle.