Bryan Garnier : Une banque d’investissement française rachetée
Dans le monde bouillonnant des fusions-acquisitions, une nouvelle vient de tomber : la banque d'investissement américaine Stifel a annoncé le rachat de Bryan, Garnier & Co, une banque française dédiée aux entreprises technologiques et de santé. Une acquisition qui témoigne de l'attractivité des secteurs de pointe européens pour les investisseurs d'outre-Atlantique.
Bryan Garnier, le joyau français de l'investissement tech et santé
Fondée en 1996, Bryan, Garnier & Co s'est forgée une solide réputation dans l'accompagnement des entreprises innovantes, notamment dans les domaines de la technologie et de la santé. Avec environ 200 employés répartis entre Paris, son siège social, mais aussi Londres, Amsterdam, Munich, Oslo, Stockholm et New York, la banque a su tisser un réseau international au service de ses clients.
Son expertise sectorielle pointue lui a permis de conseiller et accompagner de nombreuses startups européennes dans leurs levées de fonds et introductions en bourse. Des success stories qui ont attiré l'œil de Stifel, en quête de relais de croissance sur le Vieux Continent.
Stifel, le géant américain en conquête de l'Europe
Côté acquéreur, Stifel Financial Corp est un mastodonte de la finance basé à Saint-Louis, dans le Missouri. Fondé en 1890, le groupe est présent dans la banque d'investissement, la gestion de patrimoine et les marchés de capitaux. Avec plus de 8 500 employés et 400 bureaux dans le monde, Stifel pèse plus de 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
Le rachat de Bryan Garnier s'inscrit dans la stratégie de développement européenne de Stifel, qui cherche à se renforcer sur des secteurs d'avenir comme la tech et la santé. Ronald J. Kruszewski, PDG de Stifel, a déclaré que cette acquisition était "complémentaire" avec les activités existantes de son groupe.
Une fusion aux synergies prometteuses
Au-delà des traditionnelles économies d'échelle, ce rapprochement devrait permettre de nombreuses synergies opérationnelles et commerciales :
- Accès élargi aux investisseurs et entreprises américaines pour Bryan Garnier
- Renforcement de l'expertise tech et santé de Stifel en Europe
- Capacité accrue à accompagner des deals transfrontaliers d'envergure
- Partage des meilleures pratiques et des réseaux
Autant d'atouts qui devraient permettre à la nouvelle entité de se démarquer dans le paysage concurrentiel du corporate finance et du private equity. Les détails financiers de la transaction n'ont pas été dévoilés, mais nul doute que celle-ci se chiffre en plusieurs dizaines, voire centaines, de millions d'euros.
Un signal fort pour l'écosystème tech européen
Au-delà de son impact pour les deux établissements concernés, ce rachat envoie un signal fort sur la vitalité et l'attractivité de l'écosystème tech européen. Malgré un contexte économique incertain, marqué par la pandémie et la guerre en Ukraine, les startups du Vieux Continent continuent de susciter l'intérêt des investisseurs étrangers.
Il faut dire que l'Europe compte de nombreux atouts dans la course à l'innovation mondiale :
- Un vivier de talents et d'ingénieurs de haut niveau
- Des écosystèmes dynamiques, à l'image de la French Tech
- Des politiques publiques de soutien à l'innovation
- Des success stories inspirantes comme Spotify, BlaBlaCar ou Doctolib
Autant de raisons qui poussent les géants américains et asiatiques à s'intéresser de près aux pépites technologiques européennes. Le rachat de Bryan Garnier par Stifel en est la parfaite illustration.
Vers une consolidation du secteur du conseil en investissement ?
Plus largement, cette acquisition pourrait préfigurer un mouvement de consolidation dans le secteur du conseil en investissement, bousculé par les mutations technologiques et réglementaires. Face aux géants mondiaux comme Goldman Sachs, Morgan Stanley ou JPMorgan, les acteurs de taille intermédiaire sont tentés de s'adosser pour atteindre une taille critique.
C'est particulièrement vrai en Europe, où le marché reste fragmenté avec une multitude d'acteurs nationaux. Des banques comme Messier Maris & Associés en France, Houlihan Lokey en Angleterre ou bien Leonardo & Co en Italie pourraient faire figure de cibles attractives pour des prédateurs outre-Atlantique.
« Le M&A va rester dynamique car il y a beaucoup de liquidités sur le marché qui cherchent à s'investir »
Alain Madelin, associé EY
Une perspective qui réjouit les banquiers d'affaires, pour qui le métier de fusions-acquisitions représente souvent la plus grosse part des revenus et des bonus. Mais gare à l'excès d'enthousiasme : comme le montre l'histoire, les grandes vagues de fusions finissent souvent en douloureuse gueule de bois quand l'euphorie retombe.
En attendant, l'heure est aux fiançailles entre Bryan Garnier et Stifel. Reste à savoir si ce mariage transatlantique permettra de bâtir un géant mondial du conseil en tech et santé. Les prochains mois, et les prochains deals, nous le diront.