
Canada Face À La Révolution De L’IA Physique
Imaginez un avenir où des camions autonomes sillonnent les routes canadiennes, anticipant chaque virage grâce à une intelligence artificielle révolutionnaire. Cet avenir, Raquel Urtasun, PDG de la startup Waabi, le voit déjà. Lors de l'événement Homecoming à Toronto, elle a lancé un vibrant appel au Canada : il est temps de se réveiller face à la révolution de l'IA physique. Mais pourquoi ce cri d'alarme, et comment le pays peut-il saisir cette opportunité ? Plongeons dans cette vision audacieuse qui pourrait redéfinir l'innovation au Canada.
L'IA Physique : Une Révolution En Marche
L'IA physique n'est pas un concept abstrait. Elle englobe les technologies où l'intelligence artificielle interagit directement avec le monde réel, comme les véhicules autonomes, les robots industriels ou les systèmes de logistique intelligente. Contrairement à l'IA classique, qui excelle dans l'analyse de données ou la reconnaissance d'images, l'IA physique agit concrètement, transformant des environnements complexes en espaces maîtrisés. Pour Raquel Urtasun, cette technologie est déjà là, mais le Canada semble encore endormi.
Waabi, basée à Toronto, incarne cette ambition. La startup a développé une plateforme d'intelligence physique qui permet à des camions autonomes de naviguer avec une précision inégalée. Grâce à des données synthétiques et à des jumeaux numériques – des simulations ultra-réalistes de l'environnement – Waabi atteint une précision de 99,7 % dans ses prédictions. Pourtant, malgré ces avancées, l'absence de cadre réglementaire au Canada freine son déploiement.
Canada, réveillez-vous ! Cette révolution est en train de se produire maintenant.
– Raquel Urtasun, PDG de Waabi
Un Manque de Réglementation Qui Freine l'Innovation
Le Canada est reconnu pour son écosystème technologique dynamique, notamment en intelligence artificielle. Des hubs comme Toronto, Montréal et Vancouver attirent des talents mondiaux. Cependant, lorsqu'il s'agit d'IA physique, le pays accuse un retard. Raquel Urtasun souligne que l'absence de réglementation adaptée empêche les entreprises comme Waabi de tester leurs technologies sur les routes canadiennes. Résultat : la startup se tourne vers les États-Unis, où plus de 30 États autorisent déjà les essais de véhicules autonomes.
Ce manque de cadre législatif n'est pas seulement un obstacle technique. Il risque de marginaliser le Canada dans une course mondiale où la mobilité autonome redéfinit les chaînes logistiques. Urtasun appelle à une réglementation rapide, mais responsable, qui privilégie la sécurité tout en favorisant l'innovation. Elle propose, par exemple, des normes standardisées pour évaluer la fiabilité des simulateurs d'IA, un domaine où Waabi excelle.
Le gouvernement canadien, sous l'impulsion du nouveau ministre de l'IA et de l'innovation numérique, Evan Solomon, semble vouloir accélérer. Solomon a récemment déclaré que le Canada éviterait une réglementation excessive pour ne pas étouffer l'innovation. Mais pour Urtasun, il ne s'agit pas seulement de légiférer : il faut anticiper les besoins des technologies émergentes.
Le Défi du Financement des Deep Tech
Outre la réglementation, le financement pose problème. Les startups en deep tech, comme Waabi, nécessitent des investissements massifs avant de générer des revenus. Or, au Canada, le paysage du capital-risque est fragmenté. Si les fonds de démarrage et les investisseurs institutionnels pour les entreprises matures sont présents, il manque un soutien pour les entreprises en phase intermédiaire.
Raquel Urtasun déplore cette "faille" dans l'écosystème. Lors de sa dernière levée de fonds de 275 millions de dollars, Waabi a principalement attiré des investisseurs étrangers, comme Volvo ou Porsche. Cette dépendance au capital international pourrait pousser des startups prometteuses à s'installer ailleurs. Urtasun insiste : elle veut que Waabi reste canadienne, mais cela nécessite un effort collectif.
- Écosystème fragmenté : Le Canada excelle dans le financement précoce et tardif, mais manque de soutien pour les phases intermédiaires.
- Investisseurs étrangers : Les startups deep tech dépendent souvent de fonds internationaux, ce qui peut nuire à leur ancrage local.
- Appel à l'action : Les investisseurs canadiens doivent prendre des risques sur des projets à fort impact.
Construire un Écosystème Canadien Résilient
Pour Raquel Urtasun, la solution passe par une vision globale. Elle propose plusieurs leviers pour faire du Canada un leader en IA physique :
Immigration facilitée : Le Canada attire déjà des talents en IA, mais des politiques migratoires simplifiées pourraient accélérer cet afflux. Urtasun note que de nombreux chercheurs américains souhaitent s'installer au Canada, séduits par son écosystème collaboratif.
Collaboration public-privé : Les gouvernements, les universités et les entreprises doivent travailler ensemble pour créer des cadres réglementaires adaptés et des infrastructures favorables à l'IA physique.
Investissements audacieux : Les investisseurs canadiens doivent soutenir les startups deep tech, même à des valorisations élevées, comme c'est le cas dans le secteur logiciel.
Je veux que cette entreprise reste, autant que possible, canadienne.
– Raquel Urtasun, PDG de Waabi
L'IA Physique Au Service de La Mobilité
Le potentiel de l'IA physique dépasse les camions autonomes. Elle pourrait transformer la mobilité intelligente dans les villes, optimiser les chaînes d'approvisionnement et réduire l'empreinte carbone des transports. Waabi, avec sa technologie de jumeaux numériques, montre la voie. Ces simulations permettent de tester des scénarios complexes sans risque, garantissant une sécurité maximale.
Pourtant, sans un écosystème favorable, ces innovations pourraient bénéficier à d'autres pays. Lors de Toronto Tech Week, d'autres leaders, comme Aidan Gomez de Cohere, ont appelé à garder les entreprises technologiques au Canada. Refuser l'incorporation aux États-Unis et valoriser l'ingéniosité locale sont des priorités.
Raquel Urtasun partage cette vision. Elle voit Toronto comme un hub mondial pour l'IA, mais insiste sur l'urgence d'agir. La concurrence est féroce, et des pays comme les États-Unis ou la Chine investissent massivement dans l'IA physique.
Un Appel À L'Action Pour Le Canada
Le message de Raquel Urtasun est clair : le Canada a tous les atouts pour devenir un leader en IA physique, mais il doit agir vite. Réglementation adaptée, financement audacieux, politiques d'immigration attractives et collaboration entre acteurs publics et privés sont les clés. Waabi incarne cette ambition, mais elle ne peut réussir seule.
En résumé, voici les étapes pour saisir cette opportunité :
- Réglementation proactive : Créer un cadre législatif pour les véhicules autonomes et l'IA physique.
- Financement deep tech : Soutenir les startups en phase intermédiaire avec des investissements locaux.
- Attraction des talents : Simplifier l'immigration pour les experts en IA.
- Collaboration : Renforcer les partenariats entre gouvernements, entreprises et universités.
La révolution de l'IA physique est en marche, et le Canada a une chance unique de s'imposer. Comme le dit Urtasun, il est temps de se réveiller. Le futur de la mobilité autonome – et de l'innovation canadienne – en dépend.