Canoo en Faillite : NASA et USPS Abandonnent
Imaginez des astronautes prêts à conquérir la Lune, transportés non pas par un véhicule iconique, mais par des vans électriques futuristes d'une startup audacieuse. C'était le rêve que portait Canoo en 2023. Pourtant, deux ans plus tard, ce rêve s'est évaporé : NASA et USPS ont purement et simplement abandonné ces véhicules. Comment une promesse de mobilité verte a-t-elle pu tourner au fiasco ?
La Chute Rapide d'une Startup Électrique Ambitieuse
Canoo incarnait l'espoir d'une nouvelle génération de véhicules électriques commerciaux. Avec son design modulaire et ses vans lifestyle, la société californienne voulait révolutionner le transport utilitaire. Mais les difficultés financières ont rattrapé l'entreprise bien plus vite que prévu.
En janvier 2025, Canoo dépose le bilan après des années de lutte pour trouver sa place sur le marché. Les promesses de production massive restent lettre morte. Les investisseurs se retirent progressivement, laissant derrière eux une coquille vide de prototypes et d'espoirs déçus.
Ce n'est pas la première fois qu'une startup EV connaît un destin tragique. Le secteur regorge d'exemples où l'ambition dépasse les réalités économiques. Canoo, cependant, avait réussi à sécuriser des contrats prestigieux avec des institutions publiques, rendant sa chute d'autant plus spectaculaire.
Les Contrats avec NASA : Du Rêve Lunaire à la Réalité
En 2023, NASA achète trois vans Canoo pour transporter les astronautes vers le pas de tir dans le cadre des missions Artemis. L'idée était séduisante : des véhicules zéro émission pour symboliser l'engagement écologique de l'agence spatiale.
Mais dès octobre 2025, l'agence annonce qu'elle ne peut plus compter sur Canoo. Les exigences de la mission ne sont plus remplies. NASA se rabat sur un véhicule plus conventionnel, loué à Boeing : l'Astrovan d'Airstream, déjà utilisé pour d'autres programmes.
Ce revirement illustre les risques liés aux partenariats avec des jeunes pousses. Quand la survie de l'entreprise est en jeu, même les contrats les plus symboliques deviennent précaires.
Canoo n'était plus en mesure de répondre à nos exigences mission.
– Déclaration de la NASA à TechCrunch
USPS Tourne Également la Page
Le service postal américain n'est pas en reste. En 2024, USPS acquiert six véhicules Canoo pour une phase d'évaluation. L'objectif : tester ces vans électriques dans des conditions réelles de livraison.
L'évaluation est terminée dès 2025, et les résultats ne semblent pas convaincants. Les véhicules sont mis au garage, et l'USPS annonce qu'aucun investissement supplémentaire n'est prévu. Silence radio sur les conclusions précises de ces tests.
Cette décision intervient dans un contexte où l'USPS modernise massivement sa flotte. Des milliers de véhicules électriques sont commandés auprès d'autres fournisseurs plus établis. Canoo, trop fragile, sort du jeu.
Les Promesses Non Tenues de Tony Aquila
Tony Aquila, l'ancien PDG de Canoo, avait pourtant juré de ne pas abandonner ses clients publics. Lors de la procédure de faillite, il rachète les actifs de l'entreprise pour 4 millions de dollars en mars 2025.
Son argument principal ? Honorer les engagements envers les programmes gouvernementaux. Il affirme vouloir assurer le support et la maintenance des véhicules déjà livrés. Une intention louable sur le papier.
Mais ni NASA ni USPS ne confirment avoir été contactés par Aquila pour un quelconque soutien. Les agences restent muettes sur d'éventuelles discussions. Le silence est éloquent.
Une motivation principale était mon désir d'honorer les engagements envers certains programmes gouvernementaux.
– Tony Aquila, lors de son offre de rachat
Une Vente d'Actifs Controversee
Le rachat par Aquila n'a pas été sans remous. Huit parties avaient signé des accords de confidentialité pour examiner les actifs de Canoo. Plusieurs étaient prêtes à enchérir plus haut.
Harbinger, une entreprise fondée par d'anciens employés de Canoo, accuse le processus d'opacité. Un investisseur britannique, Charles Garson, propose jusqu'à 20 millions de dollars. Mais son offre arrive trop tard selon le juge.
Les avocats défendent le choix d'Aquila comme étant le plus solide et le plus rapide. Ils évoquent même des risques liés à la sécurité nationale pour certains acheteurs potentiels étrangers, surtout avec des contrats sensibles impliquant NASA et le Département de la Défense.
- Harbinger : accusait Canoo de cacher des actifs
- Charles Garson : offre jusqu'à 20 millions non retenue
- Tony Aquila : offre acceptée pour 4 millions
- Autres intérêts : questions de sécurité nationale soulevées
Les Leçons d'un Échec dans l'Industrie EV
L'histoire de Canoo n'est pas isolée. Le secteur des véhicules électriques pour usages commerciaux reste impitoyable. Les startups doivent non seulement innover, mais aussi prouver leur viabilité à long terme.
Les institutions publiques, malgré leur volonté d'encourager l'innovation verte, ne peuvent pas prendre le risque d'une dépendance à des fournisseurs fragiles. La fiabilité prime sur l'audace technologique quand des missions critiques sont en jeu.
Ce cas rappelle d'autres échecs retentissants dans l'univers des SPAC et des startups EV. La bulle spéculative des années 2020-2021 a laissé de nombreuses carcasses sur le bord de la route.
Vers une Consolidation du Marché ?
La faillite de Canoo accélère probablement la concentration du marché autour d'acteurs plus solides. Des géants comme Rivian, Ford ou des fournisseurs traditionnels remportent les gros contrats publics.
Pour les startups restantes, la leçon est claire : il ne suffit pas de concevoir de beaux prototypes. Il faut démontrer une capacité industrielle réelle et une solidité financière à toute épreuve.
Le Département de la Défense, qui avait reçu un véhicule de démonstration, n'a pas non plus donné suite. Un signe supplémentaire que les agences fédérales privilégient désormais la prudence.
Quel Avenir pour les Vans Canoo Existants ?
Les quelques véhicules livrés risquent de devenir des pièces de musée ou des curiosités techniques. Sans support officiel, leur maintenance deviendra complexe et coûteuse.
Pour NASA, le retour à un véhicule plus classique assure la continuité des missions Artemis. Pour USPS, c'est un retour à des solutions éprouvées pour la modernisation de sa flotte.
L'épisode Canoo illustre les limites du soutien public aux jeunes entreprises innovantes. L'ambition écologique ne peut faire l'impasse sur la réalité économique.
Au final, cette histoire nous rappelle que l'innovation véritable exige bien plus qu'une bonne idée : elle demande résilience, exécution parfaite et une dose de réalisme. Canoo en a manqué, et en paie le prix fort. D'autres sauront-ils tirer les leçons de cet échec retentissant ?
Le secteur de la mobilité électrique continue d'évoluer, mais avec une prudence accrue. Les rêves lunaires attendront des partenaires plus solides.