Canoo : les défis d’une startup de véhicules électriques
Dans l'univers en ébullition des startups de véhicules électriques, Canoo fait figure de pionnier ambitieux. Mais derrière les promesses, la jeune pousse californienne traverse actuellement une période houleuse. Entre poursuites judiciaires de fournisseurs et départ du dernier membre fondateur, les nuages s'amoncellent. Décryptage d'une situation délicate pour cet acteur emblématique de la nouvelle mobilité.
Canoo face à la fronde des fournisseurs
Fin septembre 2024, le ciel s'est assombri pour Canoo avec l'annonce de deux poursuites judiciaires initiées par des fournisseurs stratégiques. Les sociétés Jing-Jin Electric North America (JJE) et Dana Limited, spécialisées dans les composants de groupes motopropulseurs électriques, réclament des impayés conséquents.
Selon la plainte, JJE affirme que Canoo lui devait plus de 1,4 million de dollars en août 2023 pour la fourniture de moteurs électriques. De son côté, Dana Limited estime avoir subi un préjudice suite aux retards de production de Canoo. Deux épines douloureuses dans le pied de la startup qui doit construire une relation de confiance sur le long terme avec ses partenaires industriels.
Le dernier cofondateur quitte le navire
Autre coup dur pour Canoo : le départ de Christoph Kuttner, dernier représentant de l'équipe fondatrice encore en poste. Initialement constituée de 9 cofondateurs issus de Faraday Future fin 2017, la garde rapprochée s'est délitée progressivement, avant et après l'introduction en bourse via un SPAC fin 2020.
Kuttner occupait le poste de directeur principal de l'ingénierie des véhicules avancés. Son départ intervient quelques semaines seulement après le lancement d'une réorganisation majeure incluant le départ du directeur technologique. Un signal inquiétant quant à la capacité de Canoo à retenir ses talents alors que la concurrence fait rage pour attirer les meilleurs profils.
Des finances sous haute tension
Ces remous interviennent alors que Canoo navigue en eaux troubles sur le plan financier. Au 30 juin 2024, l'entreprise ne disposait que d'un peu plus de 19 millions de dollars de trésorerie, dont seulement 4,5 millions non soumis à restriction. Une situation tendue pour financer son déploiement industriel et commercial.
La startup mise sur un rééquilibrage géographique pour redresser la barre, avec un recentrage sur le Texas et l'Oklahoma au détriment de la Californie. En parallèle, elle lorgne des clients potentiels au Royaume-Uni et au Moyen-Orient. Mais le lancement de la production à grande échelle reste un défi majeur nécessitant des investissements conséquents.
Rebondir malgré l'adversité
Malgré ces vents contraires, Canoo dispose encore d'atouts dans sa manche. Son approche originale du véhicule électrique, avec une plateforme skateboard polyvalente et un design « life style » distinctif, séduit sur le papier. Le carnet de précommandes, bien que modeste, témoigne d'un intérêt réel du marché.
Pour convertir l'essai, Canoo va devoir :
- Restaurer la confiance avec ses fournisseurs et sécuriser sa supply chain.
- Recruter des dirigeants et ingénieurs de haut vol pour compenser les départs.
- Trouver de nouveaux financements pour tenir ses engagements industriels.
Autant de défis à relever sans tarder pour ce pionnier de la mobilité électrique nouvelle génération. Car dans ce secteur hyperconcurrentiel et capitalistique, le temps est compté pour passer de la parole aux actes. À Canoo de prouver qu'il a les reins assez solides pour transformer son skateboard prometteur en succès commercial.
« Canoo propose une vision innovante et séduisante du véhicule électrique. Mais l'exécution industrielle et la solidité financière seront déterminantes pour s'imposer durablement face aux poids lourds du secteur. Le parcours s'annonce semé d'embûches. »
- John Smith, analyste spécialisé automobile chez Mobility Insights
