CapWay, la fintech soutenue par Y Combinator, met la clé sous la porte

Il est toujours difficile de voir une startup prometteuse baisser le rideau, surtout lorsqu'elle s'attaquait à un enjeu social majeur comme l'inclusion financière. C'est malheureusement le sort qu'a connu CapWay, une fintech qui ambitionnait de rendre les services bancaires accessibles aux communautés vivant dans des "déserts bancaires". Malgré le soutien initial de l'accélérateur de renom Y Combinator, la jeune pousse a dû mettre la clé sous la porte, nous apprend sa fondatrice Sheena Allen.

La mission de CapWay : combler le fossé de l'exclusion bancaire

Lancée en 2016, CapWay avait identifié un problème criant : celui des déserts bancaires. Ce terme désigne les communautés, souvent rurales, qui n'ont pas accès à une agence bancaire physique à proximité pour ouvrir un compte courant. Il englobe aussi les personnes à faibles revenus, âgées ou en situation de handicap qui peinent à se rendre en agence.

Sans compte en banque, ces populations se retrouvent souvent contraintes de recourir à des solutions coûteuses et peu avantageuses comme les prêts sur salaire à taux d'intérêt élevé ou les services d'encaissement de chèques facturant des frais importants. C'est le cercle vicieux de l'exclusion financière que CapWay souhaitait briser.

La solution CapWay : éducation financière et banque en ligne

Pour répondre à cet enjeu, CapWay avait développé une approche double. D'une part, la startup proposait des programmes d'éducation financière pour aider ces publics à mieux comprendre et gérer leur argent. D'autre part, elle avait mis en place une solution de banque en ligne adaptée à leurs besoins.

L'ambition était grande et le projet avait séduit des investisseurs de renom comme Backstage Capital, Fearless Fund et Khosla Ventures. CapWay avait aussi été sélectionnée dans la cohorte été 2020 du célèbre accélérateur Y Combinator. Au total, près de 800 000 dollars avaient été levés pour développer la solution.

Les raisons de l'échec : un secteur ébranlé et des investisseurs frileux

Malheureusement, malgré ces débuts prometteurs, CapWay a dû mettre fin à son aventure. Sheena Allen pointe plusieurs facteurs pour expliquer cette issue. Le secteur des fintechs a subi de lourdes secousses avec le piratage d'Evolve Bank & Trust et la faillite de Synapse. Ces événements ont rendu les banques très frileuses à l'idée de s'associer à des fintechs, exigeant des garanties financières élevées que CapWay peinait à fournir.

En parallèle, la levée de fonds s'est avérée compliquée, en particulier pour les startups fondées par des entrepreneurs noirs. Malgré un marché en berne, celles-ci semblaient encore plus pénalisées. Comme le souligne Sheena Allen, certains investisseurs les mettaient toutes "dans le même panier" sans considérer les spécificités de chaque projet.

Il est malheureux que tous les projets de fintechs portées par des fondateurs noirs soient vus comme un ensemble homogène, même quand leurs cibles et leurs modèles diffèrent. C'est ce qui nous a valu plusieurs refus.

- Sheena Allen, fondatrice de CapWay

L'avenir : rebondir et poursuivre le combat de l'inclusion

Malgré cette déconvenue, Sheena Allen ne baisse pas les bras. Cette entrepreneure engagée reste convaincue de la nécessité de bâtir une finance plus inclusive. Son échec avec CapWay ne la détourne pas de cette mission qui lui tient à cœur.

Je suis fière du travail que nous avons accompli, même si je suis déçue de ne pas avoir pu mener notre mission à son terme. Je reste persuadée qu'il y a encore beaucoup à faire en matière d'inclusion financière. Ce n'est pas la dernière fois que vous entendrez parler de moi sur ce sujet !

- Sheena Allen, fondatrice de CapWay

La fondatrice envisage déjà de nouvelles pistes, comme intégrer des programmes d'entrepreneur en résidence au sein de sociétés de capital-risque. Une façon de partager son expérience et d'inspirer une nouvelle génération d'entrepreneurs à inventer la finance inclusive de demain.

L'histoire de CapWay, bien que se terminant sur un échec, n'en reste pas moins riche d'enseignements. Elle rappelle l'importance et l'urgence d'œuvrer pour une économie plus juste et accessible à tous. Et démontre que même si le chemin est parsemé d'embûches, la détermination et l'engagement des entrepreneurs comme Sheena Allen sont des moteurs puissants du changement. Souhaitons que son expérience inspire d'autres initiatives pour que l'inclusion financière devienne enfin une réalité.