Carebook rejoint la vague de sociétés technologiques revenant en privé
Seulement un peu plus de quatre ans après son entrée en bourse, la société montréalaise de technologies de santé Carebook, en difficulté, vient de conclure un accord avec son principal actionnaire pour redevenir une entreprise privée. Cette décision s'inscrit dans une tendance croissante parmi les entreprises technologiques canadiennes qui, face aux défis du marché public, choisissent de revenir dans le giron du privé.
Carebook cède ses actions à son actionnaire majoritaire
La semaine dernière, l'actionnaire majoritaire UIL Limited a accepté d'acquérir toutes les actions ordinaires de Carebook que UIL ou ses affiliés et associés ne détiennent pas encore, pour 0,10 $ CAD par action en espèces. Cela représente une prime de 122% par rapport au cours de clôture des actions de Carebook à la Bourse de croissance TSX (TSXV) le 2 janvier, la veille de l'annonce de l'accord.
Depuis ses débuts sur le TSXV, Carebook a fait croître son activité par le biais d'acquisitions, mais a continué à perdre de l'argent et a eu du mal à convaincre les investisseurs boursiers. Le cours de son action a chuté de plus de 95 %, passant d'un sommet de 2,04 $ en octobre 2020 à moins de 0,05 $ avant cette transaction. La capitalisation boursière actuelle de Carebook, environ 7 millions de dollars, ne représente qu'une fraction des 23 millions de dollars qu'elle a payés au total pour acquérir CoreHealth Technologies de Kelowna et InfoTech de Winnipeg en 2021.
Un allègement des contraintes du statut public
Selon Michael Peters, PDG de Carebook, la reprivatisation permettra à l'entreprise de s'affranchir du "fardeau financier et administratif lié au maintien du statut d'émetteur assujetti dans un environnement boursier difficile". L'équipe de direction, le conseil d'administration, le comité spécial et le deuxième actionnaire de Carebook, MedTech Investment LP, ont tous accepté de soutenir cette décision.
En tant qu'entreprise privée, Carebook aura la flexibilité et les ressources nécessaires pour continuer à mettre en œuvre sa vision stratégique sans les contraintes supplémentaires liées au statut d'émetteur public, dans un contexte de marché qui reste complexe.
Michael Peters, PDG de Carebook
Une vague de "dé-introductions" en bourse
Carebook n'est pas la seule dans ce cas. Elle rejoint une vague grandissante d'entreprises technologiques canadiennes introduites en bourse entre mi-2020 et fin 2021, pendant le boom des nouvelles cotations lié à la pandémie, qui ont depuis choisi de revenir sur les marchés privés. On peut citer notamment CloudMD, Copperleaf Technologies, MDF Commerce, Nuvei, Q4 Inc. et TrueContext. Récemment, Payfare et Softchoice ont également franchi le pas.
Cet exode boursier a marqué l'un des plus gros mouvements du secteur technologique canadien en 2024. Comme l'ont expliqué des experts à BetaKit, le retour au privé est moins coûteux et s'accompagne d'un niveau de contrôle moindre pour les entreprises lorsqu'elles ne parviennent pas à obtenir les résultats nécessaires pour satisfaire les investisseurs boursiers.
Une sortie de cote attendue au premier trimestre 2025
La transaction, qui reste soumise à l'approbation du tribunal et aux conditions de clôture habituelles, devrait être finalisée au premier trimestre 2025. Suite à cela, les actions ordinaires de Carebook seront retirées de la cote du TSXV.
Peters a qualifié cet accord de "résultat positif" pour l'entreprise, soulignant qu'il offre une prime en espèces significative et apporte une liquidité immédiate aux actionnaires de Carebook. Reste à voir si ce retour dans le giron du privé permettra à la healthtech montréalaise de renouer avec la croissance et la rentabilité, loin des projecteurs et des contraintes du marché public.