
Ch0C : La Chaudière Bas-Carbone Révolutionne l’Industrie
Et si une chaudière à gaz pouvait devenir l’alliée inattendue de la lutte contre le changement climatique ? Dans un monde où l’industrie est souvent pointée du doigt pour ses émissions de CO2, une innovation française, baptisée Ch0C, promet de bouleverser les codes. Ce démonstrateur, actuellement en phase de tests à Villers-Saint-Paul dans l’Oise, repose sur une technologie audacieuse : l’oxycombustion. Une solution qui pourrait non seulement réduire drastiquement les émissions polluantes, mais aussi ouvrir la voie à une économie circulaire inédite.
Une Révolution pour l’Industrie Verte
Le secteur industriel représente un défi majeur dans la course à la décarbonation. En France, les chaudières à gaz industrielles sont responsables d’environ 23 % des émissions de CO2 du secteur. Face à ce constat, un consortium de 16 acteurs français, incluant des poids lourds comme TotalEnergies et Bonduelle, s’est uni pour concevoir Ch0C, une chaudière à gaz pas comme les autres. Ce projet, soutenu par un budget de 4 millions d’euros, dont 1,1 million provenant de l’Ademe via le programme France 2030, ambitionne de transformer la production de vapeur industrielle.
L’Oxycombustion : La Clé de la Décarbonation
Le secret de Ch0C réside dans un procédé innovant : l’oxycombustion. Contrairement aux chaudières classiques qui brûlent du gaz avec de l’air, Ch0C utilise de l’oxygène pur. Cette approche réduit la présence d’azote dans les fumées, ce qui concentre le CO2 émis, le rendant plus facile à capter. Résultat ? Une réduction impressionnante de 90 % des émissions de CO2 par rapport à une chaudière à gaz traditionnelle, tout en limitant la production d’oxydes d’azote (NOx), des polluants toxiques.
« L’oxycombustion permet de produire des fumées riches en CO2, prêtes à être captées et valorisées, tout en réduisant les coûts environnementaux. »
– Pauline Plisson, directrice innovation chez Naldeo
Ce CO2 capté, d’une pureté proche de celle requise pour un usage alimentaire, peut être stocké ou réutilisé dans des applications industrielles, comme la conservation des aliments ou la culture sous serre. Cette perspective d’économie circulaire séduit déjà des industriels comme Coca-Cola ou Agrial, qui envisagent d’intégrer Ch0C dans leurs processus pour limiter leur dépendance aux transports de CO2.
Un Consortium d’Acteurs Engagés
La genèse de Ch0C repose sur une collaboration exemplaire. Piloté par Naldeo, le projet réunit des expertises variées : Babcock Wanson pour l’assemblage de la chaudière, Pilliard pour le brûleur, et Verdemobil Biogaz pour le système de captage et de liquéfaction du CO2. TotalEnergies, qui avait expérimenté l’oxycombustion à Lacq il y a une décennie, apporte également son savoir-faire. Cette synergie a permis de passer d’un concept à un démonstrateur opérationnel en seulement trois ans.
Le projet a bénéficié d’un coup de pouce significatif grâce à l’appel à projets DEMIBaC de France 2030, qui soutient les innovations bas-carbone. Avec un budget total de 4 millions d’euros, Ch0C illustre l’ambition française de conjuguer innovation technologique et transition écologique.
Des Tests Cruciaux Avant Commercialisation
Depuis juin 2025, le démonstrateur Ch0C, d’une puissance de 3 MW, est en phase de tests à Villers-Saint-Paul, aux côtés de deux chaudières classiques de 18 MW gérées par Engie. Pendant six mois, ce pilote sera soumis à une batterie d’essais pour valider ses performances. Les objectifs sont clairs : confirmer la réduction des émissions, optimiser le captage du CO2, et tester des configurations alternatives, comme l’utilisation de biogaz ou de biométhane.
Si les résultats sont concluants, la commercialisation est prévue pour début 2026. Avec une puissance adaptable entre 1 et 20 MW, Ch0C pourrait remplacer environ 2000 chaudières à gaz en France, dont la moitié sont déjà obsolètes. Une opportunité majeure pour les industriels cherchant des solutions durables sans sacrifier la performance.
Un Modèle Économique Attractif
Outre ses atouts environnementaux, Ch0C se distingue par son coût compétitif. Selon le consortium, son fonctionnement serait 40 % moins cher qu’une chaudière électrique et comparable à une chaudière biomasse. Cette équation économique est cruciale pour convaincre les industriels, dont beaucoup hésitent à abandonner le gaz en raison des coûts ou des contraintes techniques de l’électrification.
« Tous les industriels ne peuvent pas passer à l’électrique. Ch0C prouve qu’on peut décarboner tout en restant sur le gaz. »
– Jérôme Chambin, directeur du développement chez GRDF
Pour des entreprises comme Bonduelle ou Agro Mousquetaires, l’intégration de Ch0C pourrait également réduire les coûts logistiques en produisant du CO2 directement sur site. Ce modèle circulaire limite les transports et renforce l’autonomie des industriels, tout en réduisant leur empreinte carbone.
Les Perspectives d’Avenir
Le potentiel de Ch0C ne se limite pas à la France. Avec un marché mondial des chaudières industrielles en constante évolution, cette technologie pourrait séduire des pays cherchant à concilier production industrielle et objectifs climatiques. En remplaçant 1000 chaudières, le consortium estime pouvoir éviter l’émission de 4 millions de tonnes de CO2 par an, un impact non négligeable à l’échelle globale.
Les tests en cours explorent également l’utilisation de combustibles alternatifs, comme le biogaz, qui pourrait rendre Ch0C encore plus vert. Cette flexibilité est un atout majeur, surtout dans un contexte où les ressources énergétiques évoluent rapidement.
Les Défis à Relever
Si Ch0C suscite l’enthousiasme, des défis restent à surmonter. La phase de tests devra confirmer la fiabilité du système à grande échelle et dans des conditions variées. De plus, le coût initial d’installation, bien que compétitif, pourrait freiner certains industriels, surtout les PME. Enfin, le développement d’infrastructures pour le stockage ou la valorisation du CO2 capté sera crucial pour maximiser l’impact de cette technologie.
Pour répondre à ces enjeux, le consortium mise sur un accompagnement des industriels et sur des financements publics, comme ceux de France 2030. L’objectif est clair : faire de Ch0C un standard de l’industrie verte d’ici la fin de la décennie.
Pourquoi Ch0C Change la Donne
Ch0C n’est pas seulement une innovation technologique, c’est une vision de l’industrie de demain. En combinant performance, durabilité et rentabilité, cette chaudière incarne une transition énergétique pragmatique. Voici ses principaux atouts :
- Réduction de 90 % des émissions de CO2 par rapport aux chaudières classiques.
- Production de CO2 pur, valorisable dans l’industrie alimentaire ou agricole.
- Coût d’exploitation compétitif, équivalent à celui des chaudières biomasse.
- Flexibilité avec l’utilisation possible de biogaz ou biométhane.
En attendant les résultats des tests, Ch0C suscite déjà l’intérêt des industriels et des décideurs. Cette chaudière pourrait non seulement redéfinir la production de vapeur, mais aussi inspirer d’autres secteurs à repenser leurs processus pour un avenir plus durable.
Un Pas Vers l’Industrie du Futur
L’aventure de Ch0C illustre le potentiel des collaborations entre acteurs publics et privés pour relever les défis climatiques. En s’appuyant sur l’innovation et l’expertise française, ce projet montre que la décarbonation de l’industrie est à portée de main. Alors que les tests se poursuivent, une question demeure : Ch0C deviendra-t-elle la nouvelle référence pour une industrie plus verte ? Les six prochains mois seront décisifs.
En attendant, une chose est sûre : l’industrie française ne manque pas d’idées pour façonner un avenir durable. Ch0C n’est que le début d’une vague d’innovations qui pourraient transformer notre rapport à l’énergie et à l’environnement. Restez à l’affût, car demain se fabrique aujourd’hui.