Cherry Rocher : 10M€ pour Moderniser Ruy-Montceau

Saviez-vous que l’une des plus anciennes distilleries de France, fondée en 1705, vient de faire un pari audacieux pour conquérir le marché international tout en restant fidèle à son héritage artisanal ? Cherry Rocher, emblème du savoir-faire isérois, a investi pas moins de 10 millions d’euros pour transformer son usine de Ruy-Montceau, près de Lyon. Cette démarche illustre une ambition rare : allier tradition séculaire et modernité industrielle pour répondre aux exigences d’un monde en mutation. Plongeons dans cette aventure où l’innovation rencontre l’histoire, et découvrons comment une PME de 96 salariés redéfinit l’avenir des spiritueux.

Une Transformation pour l’Avenir

L’usine de Ruy-Montceau, nichée au cœur de l’Isère, est le théâtre d’une métamorphose d’envergure. Avec un investissement de 10 millions d’euros, Cherry Rocher a agrandi son site de 4 500 m², réunissant sur 2,5 hectares toutes ses activités, de la macération à l’embouteillage. Ce projet, inauguré en mai 2025, marque un tournant stratégique pour cette filiale du groupe La Martiniquaise-Bardinet (LMB). Pourquoi un tel effort ? Pour moderniser, rationaliser et se projeter vers l’international, tout en préservant l’âme d’une entreprise tricentenaire.

Un Site Historique Laissé Derrière

Jusqu’à récemment, Cherry Rocher opérait sur deux sites principaux en Isère : Ruy-Montceau et La Côte-Saint-André, berceau historique de l’entreprise. L’atelier de macération de ce dernier, vieux de plus de 300 ans, était devenu obsolète face aux standards modernes. « Nous avions besoin de moderniser nos processus pour gagner en efficacité », explique Maria Demouron, directrice générale de Cherry Rocher. Le déménagement, achevé en juin 2025, a permis de centraliser toutes les étapes de production à Ruy-Montceau, tandis que le site de La Côte-Saint-André est désormais en vente.

L’atelier avait plus de 300 ans, nous avions besoin de moderniser et rationaliser notre production.

– Maria Demouron, Directrice Générale de Cherry Rocher

Cette centralisation n’est pas qu’une question logistique. Elle élimine les navettes entre sites, réduit les coûts et améliore la traçabilité des produits. En regroupant distillation, macération, assemblage et conditionnement sous un même toit, Cherry Rocher gagne en flexibilité et en réactivité, des atouts précieux dans un secteur concurrentiel.

Des Innovations au Service de l’Efficacité

Le nouvel aménagement de Ruy-Montceau est un concentré d’innovations. Parmi les nouveautés, une cuverie extérieure augmente la capacité de production, permettant à l’entreprise de répondre à une demande croissante, notamment à l’export. Un fondoir à sucre, remplaçant le sucre liquide livré par camion, optimise les coûts et réduit l’empreinte carbone. Le conditionnement, désormais automatisé, accélère les processus tout en garantissant une qualité constante.

La logistique n’est pas en reste. Un nouveau bâtiment de stockage en béton cellulaire, économe en énergie, a été construit pour abriter les bouteilles prêtes à l’expédition. Cette infrastructure, combinée à des systèmes de recyclage de l’eau et de récupération d’énergie, inscrit Cherry Rocher dans une démarche de développement durable. Ces choix reflètent une vision à long terme, où rentabilité rime avec responsabilité.

• Cuverie extérieure pour une capacité accrue.
• Fondoir à sucre pour une production plus autonome.
• Conditionnement automatisé pour plus de rapidité.
• Bâtiment de stockage économe en énergie.

Un Pari sur l’International

Avec un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2024, dont 40 % réalisé en BtoB, Cherry Rocher ne se contente pas de ses succès nationaux. L’entreprise fournit des préparations à des géants comme Givaudan, Firmenich ou Häagen-Dazs, et ambitionne de renforcer sa présence à l’international. « Cette nouvelle unité de production nous offre la flexibilité nécessaire pour développer nos activités à l’export », souligne Maria Demouron. Les liqueurs, sirops et fruits à l’alcool de Cherry Rocher, prisés pour leur qualité artisanale, ont déjà conquis des marchés exigeants.

Outre son site principal, Cherry Rocher s’appuie sur trois ateliers complémentaires : à Barcelonnette pour le pastis Janot, à Riom-es-Montagne pour la gentiane Avèze, et à Sarlat pour la Distillerie du Périgord. Cette diversification géographique, alliée à la modernisation de Ruy-Montceau, positionne l’entreprise comme un acteur clé du secteur des spiritueux, capable de répondre aux attentes des industriels comme des consommateurs.

Préserver l’Héritage Artisanal

Si l’innovation est au cœur de ce projet, Cherry Rocher n’oublie pas ses racines. Fondée en 1705, l’entreprise perpétue un savoir-faire unique, mêlant macération de fruits, distillation de plantes et assemblage méticuleux. Des produits comme le Guignolet Kirsch ou l’absinthe Cherry Rocher, médaillée d’or à Pontarlier, incarnent cet héritage. Même modernisée, l’usine de Ruy-Montceau conserve des gestes traditionnels, comme l’apposition manuelle de cachets de cire sur certaines bouteilles.

Sur des produits comme La Grande Dauphine, le cachet de cire chaude est apposé comme il y a 100 ans.

– Éric Pinoncely, ancien président de Cherry Rocher

Ce mariage entre tradition et modernité est l’une des forces de Cherry Rocher. L’entreprise innove sans renier son histoire, un équilibre rare dans un secteur souvent tiraillé entre standardisation et authenticité. En investissant dans des technologies de pointe tout en valorisant son patrimoine, elle prouve qu’une PME peut rivaliser avec les grands groupes tout en restant fidèle à ses valeurs.

Les Défis d’une Modernisation

Transformer une usine n’est pas sans défis. Le chantier, lancé en 2021, a nécessité une coordination complexe pour maintenir la production tout en intégrant de nouvelles infrastructures. Le financement, en partie assuré par La Martiniquaise, a également requis une vision stratégique. « Investir 10 millions d’euros dans une PME, c’est un pari audacieux », note un observateur du secteur. Mais ce pari semble payant : avec une capacité accrue et des processus optimisés, Cherry Rocher est mieux armé pour affronter la concurrence mondiale.

Un autre défi réside dans la gestion du changement pour les 96 salariés. La centralisation à Ruy-Montceau a impliqué des ajustements, notamment pour les équipes habituées au site de La Côte-Saint-André. Cependant, l’entreprise a su accompagner cette transition, en misant sur la formation et la valorisation des compétences internes. Cette approche humaine renforce la cohésion et l’engagement des équipes, un atout pour la réussite du projet.

Un Modèle pour les PME Françaises

L’exemple de Cherry Rocher inspire au-delà de l’Isère. Dans un contexte où les PME françaises doivent se réinventer face à la mondialisation, cette transformation montre qu’il est possible de conjuguer innovation industrielle, développement durable et préservation de l’héritage. En rationalisant sa production, en investissant dans des technologies vertes et en visant l’international, Cherry Rocher trace une voie que d’autres pourraient suivre.

Le secteur agroalimentaire, en particulier, peut tirer des leçons de cette démarche. Avec des consommateurs de plus en plus attentifs à la qualité et à la durabilité, les entreprises qui savent allier tradition et modernité ont une carte à jouer. Cherry Rocher, avec ses liqueurs primées et son engagement environnemental, incarne ce modèle d’avenir.

• Innovation technologique pour une production optimisée.
• Engagement durable avec recyclage et récupération d’énergie.
• Valorisation du savoir-faire artisanal français.

Vers un Avenir Prometteur

En juin 2025, Cherry Rocher achève une étape décisive de son histoire. Mais ce n’est qu’un début. L’entreprise envisage déjà de nouveaux projets, comme la création d’un musée du « spiritourisme » à Ruy-Montceau, pour partager son histoire avec le public. Avec une base solide et une vision claire, Cherry Rocher est prêt à écrire un nouveau chapitre, où l’innovation et la tradition continueront de s’entrelacer.

Ce projet d’expansion n’est pas seulement une réussite industrielle ; c’est une ode à l’audace et à la résilience. Dans un monde en perpétuelle évolution, Cherry Rocher nous rappelle que le futur se construit en respectant le passé tout en osant se réinventer. Une leçon dont beaucoup pourraient s’inspirer.