Chips Act : L’Europe Manque-t-elle Son Objectif ?

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juin 5, 2025

Chips Act : L’Europe Manque-t-elle Son Objectif ?

Imaginez un instant que l’Europe, berceau de l’innovation, se retrouve à la traîne dans une course technologique mondiale. En 2023, l’Union européenne lançait le Chips Act, un plan ambitieux visant à doubler sa part de la production mondiale de semi-conducteurs pour atteindre 20% d’ici 2030. Pourtant, un récent rapport de la Cour des comptes européenne jette un froid : cet objectif serait « hors de portée ». Pourquoi un projet aussi crucial semble-t-il déjà vaciller ? Plongeons dans les rouages de cette initiative pour comprendre ses forces, ses faiblesses et ce qu’elle révèle de l’avenir industriel européen.

Le Chips Act : Une Ambition Stratégique

Lancé en 2023, le Chips Act représente une réponse audacieuse de l’Europe face à sa dépendance aux géants asiatiques et américains des semi-conducteurs. Ces puces, essentielles aux smartphones, voitures électriques ou encore aux systèmes de défense, sont au cœur de la transformation numérique. Avec un budget prévu de 86 milliards d’euros, ce plan vise à renforcer l’autonomie technologique de l’Union européenne, un enjeu crucial dans un monde où la souveraineté technologique devient synonyme de puissance.

Le contexte est clair : en 2022, l’Europe ne représentait que 9% de la production mondiale de puces, loin derrière Taïwan (TSMC) ou la Corée du Sud (Samsung). Le Chips Act ambitionne de changer la donne en attirant des investissements massifs, en soutenant des projets industriels d’envergure et en favorisant l’innovation. Mais un rapport cinglant de la Cour des comptes européenne, publié en avril 2025, met en lumière des obstacles majeurs.

Un Objectif Trop Ambitieux ?

La Cour des comptes européenne ne mâche pas ses mots : atteindre 20% de la production mondiale de semi-conducteurs d’ici 2030 est jugé « irréaliste ». Selon les projections, l’Europe pourrait au mieux atteindre 11,7%, bien loin de l’objectif initial. Pourquoi un tel pessimisme ?

Ces promesses sont déconnectées de la réalité et l’Europe est à la traîne dans la compétition mondiale pour la production de microprocesseurs.

– Annemie Turtelboom, responsable de l’audit, Cour des comptes européenne

Ce constat repose sur plusieurs failles structurelles. D’abord, le secteur des semi-conducteurs est extrêmement capitalistique. Entre 2020 et 2023, 405 milliards d’euros ont été investis mondialement dans cette industrie. Les 86 milliards du Chips Act, bien que conséquents, semblent insuffisants pour rivaliser avec des géants comme les États-Unis ou la Chine, qui injectent des sommes colossales via des plans comme le CHIPS and Science Act américain.

Ensuite, la répartition des fonds pose problème. Bruxelles ne contrôle directement que 5% de ces 86 milliards, le reste étant géré par les États membres et des entreprises privées. Cette décentralisation entraîne un manque de transparence : les bénéficiaires des subventions ne sont pas tenus de rendre des comptes détaillés à la Commission européenne, rendant difficile l’évaluation des progrès.

Une Concentration Risquée des Investissements

Un autre point critique soulevé par le rapport est la concentration des investissements sur un petit nombre d’acteurs et de projets. Des entreprises comme Intel, TSMC ou STMicroelectronics captent une part importante des fonds, ce qui rend le Chips Act vulnérable à l’échec de ces projets phares.

Quelques exemples illustrent ce risque :

  • Intel a gelé en septembre 2024 la construction de deux usines en Allemagne et en Pologne, citant des contraintes économiques.
  • En France, le projet de mégafab entre GlobalFoundries et STMicroelectronics semble au point mort, sans communication claire.
  • Seule l’usine de TSMC à Dresde, en Allemagne, progresse, mais elle ne suffira pas à combler les ambitions européennes.

Cette dépendance envers quelques grands acteurs fragilise l’ensemble du plan. Comme le souligne Annemie Turtelboom, « l’échec d’un seul de ces projets pourrait compromettre l’objectif global ».

Les Défis de la Souveraineté Technologique

Le Chips Act ne se contente pas de viser une augmentation de la production. Il s’inscrit dans une volonté plus large de relocalisation et de réduction de la dépendance européenne envers des fournisseurs étrangers. Mais les obstacles ne sont pas uniquement financiers. La pénurie mondiale de talents spécialisés dans les semi-conducteurs, la complexité des chaînes d’approvisionnement et les tensions géopolitiques compliquent la tâche.

Par exemple, la production de puces dépend de matériaux rares et d’équipements de pointe, souvent contrôlés par des acteurs non européens. De plus, la compétition mondiale s’intensifie : les États-Unis et la Chine investissent massivement pour sécuriser leurs propres chaînes d’approvisionnement. L’Europe, bien que déterminée, risque de se retrouver coincée entre ces deux mastodontes.

Confronter d’urgence le Chips Act à la réalité du terrain et actualiser la feuille de route.

– Annemie Turtelboom, Cour des comptes européenne

Des Solutions pour Redresser la Barre

Face à ces critiques, la Cour des comptes propose plusieurs pistes pour optimiser le Chips Act :

  • Renforcer la transparence : Imposer aux États membres et aux entreprises de rendre compte de l’avancement des projets financés.
  • Diversifier les investissements : Soutenir des projets plus variés, incluant des PME et des start-ups innovantes, pour réduire les risques.
  • Attirer les talents : Investir dans la formation pour combler le déficit de compétences dans le secteur.
  • Actualiser la stratégie : Réévaluer les objectifs en fonction des réalités économiques et technologiques.

Ces recommandations, si elles sont suivies, pourraient permettre à l’Europe de maximiser l’impact de ses investissements. Mais le temps presse : chaque année perdue creuse l’écart avec les leaders mondiaux.

Les Acteurs Clés : Qui Tire les Ficelles ?

Le succès du Chips Act repose en grande partie sur les géants de l’industrie. TSMC, leader mondial, progresse avec son usine allemande, mais sa présence en Europe reste limitée. Intel, malgré ses déboires récents, reste un acteur incontournable, tout comme STMicroelectronics, qui porte les espoirs français. Mais d’autres acteurs, plus petits, pourraient jouer un rôle clé.

Des start-ups comme Aledia, spécialisée dans les microLED, ou des projets collaboratifs impliquant des entreprises comme Thales et Radiall, montrent que l’innovation peut aussi venir de structures agiles. Ces initiatives, bien que moins médiatisées, pourraient diversifier le paysage européen des semi-conducteurs.

L’Europe face à la Concurrence Mondiale

La course aux semi-conducteurs est un marathon géopolitique. Les États-Unis, avec leur CHIPS and Science Act, ont investi 52 milliards de dollars pour relocaliser leur production. La Chine, malgré les sanctions internationales, accélère ses efforts pour atteindre l’autosuffisance. Dans ce contexte, l’Europe doit non seulement investir, mais aussi innover pour se démarquer.

Un exemple inspirant ? La start-up française Aledia, qui se prépare à lancer une production pilote de microLED en Isère. Ce type de projet, bien que modeste par rapport aux mégafabs de TSMC, illustre le potentiel des innovations locales pour renforcer la position européenne.

Vers un Avenir Plus Résilient ?

Le Chips Act, malgré ses failles, reste une opportunité unique pour l’Europe. Il ne s’agit pas seulement de produire plus de puces, mais de bâtir un écosystème technologique robuste, capable de rivaliser avec les leaders mondiaux. Pour y parvenir, l’Union européenne devra surmonter ses défis structurels, investir dans l’innovation et mobiliser ses talents.

En conclusion, le rapport de la Cour des comptes européenne est un signal d’alarme, mais aussi un appel à l’action. L’Europe a les cartes en main pour devenir un acteur majeur des semi-conducteurs, à condition d’ajuster sa stratégie et de s’adapter aux réalités du terrain. L’enjeu est de taille : dans un monde où la technologie dicte les rapports de force, l’autonomie européenne est non négociable.

Et si l’Europe, loin de se contenter de suivre, devenait un leader dans cette révolution technologique ? La réponse dépendra des choix faits aujourd’hui.

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