Christel Bories Quitte la Direction Générale d’Eramet
C'est une page qui se tourne pour le géant minier français Eramet. Après 8 ans à la tête du groupe, Christel Bories a annoncé son intention de quitter son poste de directrice générale en mai 2025, à l'issue de son second mandat. Une décision mûrement réfléchie et motivée par des raisons personnelles, selon l'intéressée. « Eramet va bien, personne ne m'a obligée à prendre cette décision, je ne suis pas malade non plus », a-t-elle tenu à préciser.
Une gouvernance repensée
Si Christel Bories aspire à passer la main sur le plan opérationnel, elle n'entend pas pour autant quitter le navire Eramet. La dirigeante a en effet exprimé son souhait de conserver la présidence du conseil d'administration. Une dissociation des fonctions de président et directeur général qui avait déjà été actée lors de son précédent renouvellement en 2021, sur fond de tensions avec la famille Duval, premier actionnaire du groupe.
Le nom du futur directeur général n'a pas encore été dévoilé, mais devrait être connu d'ici fin mars selon Eramet. La passation de pouvoir est prévue le 27 mai prochain, au lendemain de l'assemblée générale des actionnaires.
Un bilan en demi-teinte
Le mandat de Christel Bories aura été marqué par un recentrage stratégique sur les activités minières du groupe. Sous son impulsion, Eramet s'est séparé de ses branches métallurgiques (cessions d'Aubert & Duval et Erasteel) pour se focaliser sur l'exploitation de matières premières critiques comme le nickel, le manganèse ou le lithium.
Un virage qui n'a pas été sans heurts, avec notamment un fort endettement du groupe et des tensions avec les actionnaires en 2020-2021. Mais Christel Bories a tenu bon, obtenant in fine le soutien de l'État français (actionnaire à 25%) pour poursuivre sa feuille de route.
Cap sur les métaux de la transition énergétique
Sous le leadership de Christel Bories, Eramet a misé sur les métaux nécessaires à la transition bas-carbone, en pariant notamment sur le lithium. Le groupe a ouvert en 2019 la mine géante de Weda Bay en Indonésie, premier gisement de nickel au monde. Et a inauguré fin 2024 sa mine de lithium en Argentine, un métal clé pour les batteries.
Une stratégie audacieuse, qui place aujourd'hui Eramet en position de force sur des marchés porteurs. Mais qui expose aussi le groupe aux soubresauts géopolitiques et à la volatilité des cours des matières premières. Un défi de taille pour le ou la futur(e) directeur(trice) général(e).
Eramet est clairement positionné sur les métaux de la transition énergétique et des mobilités électriques. C'est une stratégie dans laquelle nous allons continuer à nous inscrire.
Christel Bories, PDG d'Eramet
Quel avenir pour Eramet ?
La succession de Christel Bories s'annonce comme un moment charnière pour Eramet. Le groupe est aujourd'hui bien positionné sur des marchés d'avenir, mais doit encore consolider ses positions tout en faisant face à une concurrence accrue.
Le maintien de Christel Bories à la présidence devrait assurer une certaine continuité stratégique. Mais c'est bien au futur directeur général qu'il reviendra de tracer les perspectives de développement du groupe pour la décennie à venir. Avec en toile de fond les enjeux majeurs de souveraineté sur les métaux critiques et de décarbonation de l'industrie minière.
Une chose est sûre : le prochain patron opérationnel d'Eramet aura fort à faire pour écrire une nouvelle page de l'histoire du géant tricolore et l'aider à réussir sa mue dans un environnement de plus en plus complexe et concurrentiel. Le compte à rebours est lancé.
