Comment la santé intestinale améliore la récupération après un AVC
Et si la clé d'une meilleure récupération après un accident vasculaire cérébral (AVC) se trouvait... dans nos intestins ? C'est ce que suggère une étude novatrice publiée récemment, qui montre qu'en agissant directement sur la santé intestinale, il est possible d'améliorer significativement les fonctions cognitives altérées suite à un AVC, et ce sur le long terme.
L'injection d'une hormone intestinale réduit durablement les troubles cognitifs post-AVC
Les chercheurs ont eu l'idée d'injecter une hormone naturellement produite par l'intestin, appelée peptide intestinal vasoactif (VIP), directement dans le système digestif de souris ayant subi un AVC. Les résultats sont éloquents : comparé à un groupe contrôle, les souris traitées avec le VIP ont vu leurs troubles cognitifs réduits de façon durable, y compris à long terme après l'AVC.
Cela suggère qu'en modulant l'activité du système nerveux entérique, ce "deuxième cerveau" logé dans nos intestins, il est possible d'influencer positivement le fonctionnement cérébral, même lésé. Le VIP agirait notamment en préservant l'intégrité de la barrière intestinale, souvent altérée après un AVC, et en régulant l'inflammation locale et systémique.
Un lien bidirectionnel entre intestin et cerveau
Ces travaux viennent renforcer le concept d'axe intestin-cerveau, selon lequel ces deux organes communiquent en permanence et s'influencent mutuellement, dans la santé comme dans la maladie. On savait déjà qu'un AVC pouvait perturber le microbiote intestinal et augmenter la perméabilité de la barrière intestinale. Cette étude montre qu'à l'inverse, agir sur l'intestin permet d'améliorer le fonctionnement cérébral post-AVC.
Les interventions axées sur l'intestin offrent une nouvelle stratégie thérapeutique prometteuse pour le traitement des dysfonctionnements neurologiques induits par un AVC.
- Pr Connie Wong, auteure principale de l'étude
Si ces résultats restent à confirmer chez l'humain, ils ouvrent des perspectives enthousiasmantes. Plutôt que d'agir uniquement sur le cerveau, une prise en charge de l'intestin, par exemple via des probiotiques ou des prébiotiques, pourrait favoriser une meilleure récupération après un AVC.
Une nouvelle cible thérapeutique dans la récupération post-AVC
D'une manière générale, cette étude souligne l'importance de considérer l'intestin comme une cible thérapeutique à part entière dans la prise en charge des maladies neurologiques et neurodégénératives. Restaurer un microbiote équilibré et une barrière intestinale intègre pourrait aider à :
- Réduire l'inflammation cérébrale
- Favoriser la plasticité neuronale
- Stimuler la neurogénèse
- Améliorer les fonctions cognitives
Autant de mécanismes clés pour optimiser la récupération cérébrale, que ce soit suite à un AVC, un traumatisme crânien ou dans des pathologies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson.
Un changement de paradigme dans l'approche thérapeutique
À l'avenir, il est probable que la modulation du microbiote intestinal fasse partie intégrante de l'arsenal thérapeutique dans la prise en charge des maladies neurologiques. Cela pourra passer par des approches nutritionnelles (régime riche en fibres et en probiotiques), des compléments (prébiotiques, postbiotiques) voire de véritables « médicaments du microbiote ».
Bien sûr, de nombreuses recherches sont encore nécessaires pour transpose ces résultats chez l'humain et développer des protocoles efficaces et sûrs. Mais cette étude ouvre sans conteste un nouveau chapitre passionnant dans notre compréhension des liens entre intestin et cerveau. Et donne de l'espoir pour améliorer la récupération et la qualité de vie des millions de personnes victimes d'un AVC chaque année dans le monde.
Prendre soin de notre ventre, c'est aussi prendre soin de notre tête ! Une fois de plus, la recherche nous montre à quel point notre corps et notre esprit sont intimement connectés.