Comment l’X augmente son budget malgré le contexte

Année après année, l'École Polytechnique continue d'augmenter son budget de fonctionnement malgré un contexte économique incertain. Un exploit rendu possible grâce à une diversification intelligente de ses sources de financement. Subventions publiques en hausse, développement des frais de scolarité, générosité des donateurs... Décryptage d'un modèle qui attire toutes les convoitises dans le monde des grandes écoles.

Un soutien public qui ne faiblit pas

Premier pilier du budget de l'X : les subventions du ministère des Armées, sa tutelle. Elles représentent 55% des recettes annuelles et sont en progression constante. Dans le cadre du contrat d'objectifs et de performance 2021-2026, l'État s'est engagé à augmenter sa contribution de 1,7% par an. Ainsi, l'enveloppe est passée de 92 millions d'euros en 2021 à 100 millions en 2026.

Notre tutelle tient les engagements qui ont été pris il y a presque trois ans. Le soutien est fort, malgré un contexte budgétaire incertain.

Laure Fau, secrétaire générale de l'École Polytechnique

La manne des frais de scolarité

Autre source de revenus en plein essor : les frais de scolarité des formations payantes comme le Bachelor of Science ou les Masters. Si le cycle ingénieur reste gratuit pour les élèves français et européens, ce n'est pas le cas pour les étudiants étrangers. Avec la croissance des effectifs, ces recettes devraient atteindre 15 millions d'euros en 2025. À titre d'exemple, une année de Bachelor coûte entre 15 750€ et 18 800€ selon l'origine géographique.

Des dons qui affluent à la Fondation

La Fondation Polytechnique joue également un rôle clé dans ce développement. Sa dernière campagne de levée de fonds, lancée fin 2024, vise à collecter 200 millions d'euros sur 5 ans. Plus de 40% de cet objectif ambitieux a déjà été atteint grâce à la générosité des alumni et des entreprises partenaires. Ces dons alimentent des chaires de recherche, des bourses, ou encore des projets comme le fonds Ifker pour le climat.

La recherche, autre moteur de croissance

Enfin, les financements dédiés à la recherche, décrochés par les enseignants-chercheurs auprès d'organismes comme l'Europe ou l'ANR, constituent une part non négligeable du budget. Un développement rendu possible par l'excellence scientifique des 23 laboratoires hébergés sur le campus de Palaiseau. Au total, 29% des dépenses sont consacrées à la recherche.

À l'heure où de nombreux établissements peinent à boucler leur budget, l'X semble donc avoir trouvé la formule magique pour continuer à se développer. Un modèle qui n'est pas sans susciter des interrogations sur le financement de l'enseignement supérieur en France. Mais pour l'heure, la plus prestigieuse des écoles d'ingénieurs peut voir l'avenir avec sérénité.