Comment Trump Impacte la Recherche Française et l’Innovation

Imaginez un monde où les données cruciales sur le climat, les océans et la santé, partagées depuis des décennies, s’évanouissent du jour au lendemain. Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier 2025, cette vision dystopique devient une réalité alarmante. Les coupes budgétaires massives dans la recherche scientifique publique aux États-Unis secouent non seulement les institutions américaines, mais aussi leurs partenaires internationaux, y compris la France. Comment ces décisions affectent-elles les projets de recherche tricolores, des observations océaniques aux missions spatiales, en passant par la lutte contre le cancer ? Cet article explore les répercussions profondes et les pistes d’adaptation pour préserver l’innovation scientifique face à cette tempête.

Une Offensive Inédite Contre la Science

Depuis son investiture, la politique de Donald Trump marque un tournant brutal pour la recherche scientifique. Les budgets de grandes agences comme la NASA ou la NOAA subissent des réductions drastiques, menaçant des programmes essentiels. En France, où la coopération avec les États-Unis est un pilier, les chercheurs s’inquiètent. Les coupes, si elles sont validées par le Congrès mi-2025, pourraient redessiner le paysage mondial du savoir.

Climat et Océans : Un Programme Argo en Péril

Le programme international Argo, qui monitore la salinité et la température des océans, illustre parfaitement cette dépendance. Financé à plus de 50 % par les États-Unis, il repose sur des flotteurs déployés dans le monde entier. La France, troisième contributeur, gère près de 7 % de ces dispositifs. Mais les licenciements massifs à la NOAA, avec déjà 800 postes supprimés, fragilisent la qualité des données.

Si les États-Unis réduisent encore leur engagement, la fiabilité de nos observations océaniques sera compromise, avec des conséquences directes sur nos modèles climatiques.

– Jean-Marc Daniel, Directeur Général Délégué, Ifremer

Les données des ballons météorologiques, déjà en baisse de 10 %, affectent aussi les prévisions. Pour l’Ifremer, la perte de collaboration avec les équipes américaines, limitées dans leurs déplacements, complique les réunions stratégiques, comme celle prévue à Brest en avril 2025 sous l’égide de l’ONU.

Espace : Des Missions Spatiales en Suspens

Dans le domaine spatial, la mission SWOT, codirigée par la NASA et le CNES, est menacée. Ce projet, lancé en 2022, fournit des données vitales sur les ressources en eau douce, essentielles pour anticiper sécheresses et inondations. Une coupe budgétaire américaine pourrait interrompre cette collaboration, laissant la France démunie face à la dépendance aux lanceurs et à l’expertise de la NASA.

En astrophysique, les projets liés au télescope James Webb subissent aussi des pressions. Les appels à projets, souvent financés par les États-Unis, risquent de se raréfier, limitant l’accès des chercheurs français à ces instruments de pointe.

Nos collègues américains vivent dans la peur. Une réduction des budgets pourrait couper les ailes à des programmes d’observation uniques.

– Olivier Berné, Astrophysicien, CNRS

Santé et Données : Une Menace Inattendue

Si les attaques contre la recherche climatique étaient prévisibles, celles visant la santé surprennent par leur ampleur. Le budget de l’Institut National de la Santé (NIH) pourrait perdre 4 milliards de dollars en 2026. En France, l’Institut Curie redoute des restrictions sur les bases de données épidémiologiques et oncologiques, cruciales pour la recherche sur le cancer.

Depuis mars 2025, les accès à ces bases sont « en cours d’examen », un signal inquiétant. Par ailleurs, le département américain de l’agriculture (USDA), partenaire clé de l’INRAE, subit des coupes, rendant incertaines les collaborations sur la grippe aviaire, qui touche bétail et humains.

Les Répercussions en Chiffres

Pour mieux saisir l’ampleur de la crise, voici un aperçu des impacts budgétaires envisagés pour 2026 :

• NASA : Budget de recherche réduit de 7,3 à 3,9 milliards de dollars (-46,6 %).
• NOAA : Fermeture de centres régionaux, 1 000 licenciements déjà effectifs.
• NIH : Coupe prévue de 4 milliards de dollars sur le budget 2026.
• Programme Argo : 56 % du financement dépend des États-Unis.

Ces chiffres traduisent une menace concrète pour la coopération scientifique mondiale, avec la France en première ligne.

Une Réponse Européenne en Germe

Face à cette « guerre contre la science », l’Europe tente de réagir. Emmanuel Macron a lancé, le 5 mai 2025, un dispositif d’accueil pour les chercheurs américains affectés. Mais cette initiative ne compense pas la dépendance aux financements, instruments et données américaines.

Une base de données climatique en Allemagne pourrait servir de solution de secours, mais cela exige des moyens colossaux.

– Valérie Masson-Delmotte, Climatologue

Pour l’INRAE, l’enjeu est de diversifier les partenariats, tandis que l’Ifremer explore des financements alternatifs. Cependant, la mise en place de bases de données miroirs ou de nouveaux programmes demande du temps, de l’argent et des ressources humaines.

Les Start-ups Françaises Face au Défi

Les start-ups françaises, souvent en pointe dans l’écologie et l’innovation, ressentent aussi le choc. Celles spécialisées dans les technologies climatiques, comme les capteurs océaniques ou les solutions d’adaptation au changement climatique, dépendent des données de la NOAA ou de la NASA. Une jeune pousse comme EcoWave, qui développe des outils de suivi des océans, risque de voir ses projets freinés par le manque de données fiables.

Pourtant, certaines entreprises saisissent cette crise comme une opportunité. Elles investissent dans des solutions locales, collaborent avec des institutions européennes et explorent des financements privés pour pallier les manques.

Vers un Nouvel Élan pour l’Innovation ?

Si les coupes américaines fragilisent la recherche, elles pourraient aussi stimuler l’autonomie européenne. Voici quelques pistes envisagées :

• Renforcer les bases de données européennes pour le climat et la santé.
• Développer des partenariats avec des pays comme le Canada ou l’Australie.
• Investir dans des start-ups locales pour des solutions innovantes.
• Mobiliser des fonds privés et publics pour des projets stratégiques.

La Chine, en embuscade, renforce déjà ses propres programmes, un signal d’alarme pour l’Europe. La France, avec ses atouts en recherche et en innovation, pourrait jouer un rôle clé.

Un Avenir Incertain mais Plein de Potentiel

Les décisions de Donald Trump bouleversent la recherche française, des océans aux étoiles, en passant par la santé. La dépendance aux données, financements et instruments américains expose les failles d’un système mondialisé. Mais cette crise est aussi une chance : celle de repenser la coopération, d’investir dans l’écologie et l’innovation, et de soutenir les start-ups pour bâtir un avenir résilient.

Face à ces secousses, la réponse européenne reste timide, mais les initiatives se multiplient. La France, avec ses institutions comme l’Ifremer, l’INRAE et le CNES, peut-elle transformer ce défi en opportunité ? L’innovation, portée par des start-ups audacieuses et des chercheurs déterminés, pourrait bien être la clé pour façonner un demain durable.