
Commonwealth Fusion : Une Étape Clé pour la Fusion
Imaginez un monde où l’énergie serait propre, inépuisable et accessible à tous, puisée directement dans les entrailles des étoiles. Ce rêve, qui semble tout droit sorti d’un roman de science-fiction, prend peu à peu forme grâce à des pionniers comme Commonwealth Fusion Systems (CFS). Cette entreprise, soutenue par des figures emblématiques telles que Bill Gates, vient de franchir une étape décisive dans la construction de son réacteur expérimental Sparc, marquant un tournant dans la quête de la **fusion nucléaire**.
Une Révolution Énergétique en Marche
Le 25 mars 2025, CFS a célébré une avancée majeure avec l’installation d’une pièce essentielle de son réacteur : la base du cryostat. Cette structure en acier inoxydable, imposante avec ses 7 mètres de diamètre et ses 75 tonnes, constitue le socle du tokamak, le cœur de cette technologie futuriste. Mais pourquoi cet événement suscite-t-il autant d’enthousiasme ? Parce qu’il symbolise le passage d’un projet ambitieux à une réalité tangible.
Le Tokamak : Une Machine Hors Normes
Au centre de cette innovation se trouve le **tokamak**, une structure en forme de donut conçue pour confiner un plasma chauffé à des températures extrêmes, atteignant les 100 millions de degrés Celsius. Grâce à des aimants supraconducteurs, ce plasma est maintenu en place, permettant aux atomes d’hydrogène de fusionner et de libérer une énergie colossale. La base du cryostat, récemment installée, joue un rôle clé en isolant ces aimants, refroidis à -253 °C par de l’hélium liquide.
Fabriquée en Italie, cette pièce a traversé la moitié du globe avant d’arriver à Devens, dans le Massachusetts, où CFS bâtit son site. Après des jours d’inspection minutieuse pour s’assurer qu’aucun dommage n’avait eu lieu pendant le transport, elle a été soigneusement fixée sur une fondation en béton. Une opération qui, bien que technique, résonne comme une promesse d’avenir.
Un Soutien de Poids : Bill Gates et Breakthrough Energy
Derrière cette prouesse technologique, on retrouve le soutien de **Breakthrough Energy Ventures**, un fonds d’investissement lancé par Bill Gates pour accélérer les innovations dans le domaine de l’énergie propre. Ce partenariat n’est pas anodin : il reflète la confiance des investisseurs dans le potentiel de CFS à transformer notre manière de produire de l’électricité. Avec des besoins énergétiques mondiaux en hausse, dopés par les véhicules électriques et les data centers, la fusion pourrait répondre à ces défis sans émettre de CO2.
C’est la première pièce de la machine à fusion elle-même. Cela marque une nouvelle phase du projet.
– Alex Creely, directeur des opérations tokamak chez CFS
Pourquoi la Fusion Change Tout
Contrairement à la fission nucléaire, qui produit des déchets radioactifs, la fusion offre une énergie **propre** et quasi illimitée. Son carburant ? De l’hydrogène, extrait de l’eau de mer, une ressource abondante sur Terre. Si CFS parvient à ses fins avec Sparc, prévu pour être opérationnel en 2027, ce réacteur pourrait devenir le premier à produire plus d’énergie qu’il n’en consomme, un seuil jamais atteint par un tokamak à ce jour.
Pour y arriver, l’équipe combine des technologies de pointe : des aimants supraconducteurs, un cryostat ultra-performant et une ingénierie précise. Chaque étape, comme l’installation de cette base, rapproche le monde d’une énergie durable capable de remplacer les combustibles fossiles.
Un Projet en Plusieurs Actes
La construction de Sparc ne se limite pas à cette seule pièce. D’autres éléments majeurs du tokamak sont en cours d’assemblage, avec une intégration finale prévue pour fin 2025 ou début 2026. Une fois ces composants réunis, une phase de tests, appelée *commissioning*, s’étalera sur plusieurs mois pour s’assurer que tout fonctionne harmonieusement. Comme le souligne Alex Creely : « Il n’y a pas de bouton marche/arrêt. C’est une première mondiale. »
En parallèle, CFS voit plus loin. En décembre dernier, l’entreprise a annoncé que son premier réacteur à échelle commerciale sera implanté près de Richmond, en Virginie. Une ambition qui dépasse le cadre expérimental pour viser une application concrète.
Les Défis d’une Technologie Novatrice
Malgré ces avancées, le chemin reste semé d’embûches. La fusion nucléaire demande des conditions extrêmes, des investissements colossaux et une précision sans faille. Jusqu’à présent, seul le National Ignition Facility, aux États-Unis, a atteint le *breakeven scientifique*, mais avec une approche différente basée sur des lasers. Le tokamak de CFS, lui, mise sur des champs magnétiques, une méthode qui pourrait s’avérer plus viable à long terme.
Les sceptiques soulignent aussi les délais : même si Sparc réussit, sa commercialisation prendra des années. Pourtant, chaque pas compte, et l’installation de la base du cryostat prouve que CFS avance méthodiquement.
Un Impact Écologique et Économique
Si la fusion devient réalité, elle pourrait bouleverser le paysage énergétique. Voici quelques avantages clés :
- Une énergie sans émissions de gaz à effet de serre.
- Un carburant abondant et peu coûteux tiré de l’eau.
- Une alternative aux énergies renouvelables intermittentes comme le solaire ou l’éolien.
Sur le plan économique, elle créerait des emplois dans des secteurs technologiques avancés tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Un rêve qui, pour beaucoup, vaut l’investissement.
Et Après ? Une Vision à Long Terme
Le succès de Sparc ne sera qu’un début. CFS envisage une flotte de réacteurs commerciaux d’ici les années 2030, capables d’alimenter des villes entières. Cette vision s’aligne avec les objectifs climatiques mondiaux, où chaque gigawatt d’énergie propre compte pour limiter le réchauffement planétaire.
En attendant, l’installation de cette pièce monumentale rappelle que les grandes révolutions naissent d’efforts patients et concertés. Commonwealth Fusion Systems ne construit pas seulement un réacteur : elle façonne l’avenir de l’énergie.