
Crise et Espoirs du Capital-Risque Canadien
Pourquoi les investisseurs canadiens retiennent-ils leur souffle ? Lors de l’édition 2025 de Startupfest à Montréal, un constat s’impose : le marché du capital-risque (VC) au Canada traverse une période de turbulences. Les experts, réunis dans la métropole québécoise, ont partagé leurs analyses sur une situation où la liquidité reste rare et les exits technologiques se font attendre. Pourtant, au milieu des défis, une lueur d’optimisme éclaire l’horizon, portée par des gestionnaires de fonds émergents et des stratégies innovantes.
Un Marché en Attente de Reprise
Le capital-risque canadien fait face à des vents contraires. Après une année 2024 marquée par une chute drastique des levées de fonds, 2025 n’a pas encore tenu ses promesses de reprise. Les données récentes montrent une baisse continue des investissements dans les startups, avec seulement 17 fonds ayant levé 2 milliards de dollars l’an dernier, selon la Banque de Développement du Canada (BDC). Cette contraction s’explique par un marché des sorties en berne, limitant les liquidités disponibles pour les investisseurs.
Les sorties, ou exits, qu’il s’agisse d’introductions en bourse (IPO) ou de fusions-acquisitions (M&A), sont au point mort. En 2024, la valeur médiane des sorties technologiques canadiennes a atteint son plus bas niveau depuis 2020, à 30 millions de dollars. Seuls 7 % des unicorns canadiens ont trouvé une sortie, un chiffre qui illustre l’ampleur du défi.
« Cette sortie se démarque comme un cas isolé. »
– John Rikhtegar, directeur des investissements en capital chez RBCx, à propos de l’acquisition de CentML par Nvidia
Un exemple notable, cependant, a marqué les esprits : l’acquisition de la startup torontoise CentML par Nvidia pour plus de 547 millions de dollars canadiens. Cet événement, bien que rare, montre que des opportunités subsistent, même dans un marché difficile.
Les Défis des Investisseurs
Les limited partners (LPs), ces investisseurs qui financent les fonds de capital-risque, sont confrontés à une crise de liquidité. Sans sorties significatives, les liquidités ne reviennent pas dans leurs portefeuilles, freinant leur capacité à réinvestir. Cette situation crée un effet domino : les general partners (GPs) peinent à lever de nouveaux fonds, et les startups, en particulier celles en phase précoce, voient leurs opportunités de financement se réduire.
Les données confirment cette tendance. Selon un rapport de RBCx, 50 % de la valeur des sorties des entreprises technologiques canadiennes au cours de la dernière décennie provient de la période faste de 2020-2021, marquée par des taux d’intérêt bas. Depuis, le marché s’est contracté, et les appels de capitaux (capital calls) se multiplient, mettant les LPs sous pression.
Pour illustrer l’ampleinverseur du problème, voici quelques chiffres clés :
- 17 fonds ont levé 2 milliards de dollars en 2024, une baisse par rapport à 2023.
- Valeur médiane des sorties : 30 millions de dollars en 2024. <ល0
- Rendements internes (IRR) négatifs sur un et trois ans pour les fonds VC canadiens.
L’Optimisme des Gestionnaires Émergents
Malgré ces défis, une lueur d’espoir émerge pour les gestionnaires de fonds émergents. Après une période difficile, certains observent un regain d’intérêt de la part des investisseurs institutionnels. Nectarios Economakis, partenaire chez Amiral Ventures, note une amélioration par rapport à l’année précédente, bien que les délais de levée de fonds restent longs.
« On sent un changement positif部分0
« Nous sommes de retour sur la bonne voie. »
– Nectarios Economakis, partenaire chez Amiral Ventures
Cette reprise, bien que timide, contraste avec la situation des gestionnaires établis, qui représentent désormais 20 % des GPs actifs, selon la BDC. Les fonds émergents ont vu leurs levées de fonds chuter de 1,2 milliard de dollars en 2022 à seulement 172 millions en 2024, selon le rapport d’Inovia Capital.
Étienne Mérineau, de Telegraph Ventures, souligne l’importance d’une stratégie d’exits plus proactive pour relancer l’écosystème :
« Les startups et les investisseurs doivent mieux fabriquer des sorties. »
– Étienne Mérineau, GP chez Telegraph Ventures
Stratégies pour Relancer l’Écosystème
Pour surmonter ces obstacles, les experts proposent plusieurs pistes. Tout d’abord, une meilleure planification des sorties stratégiques dès la création des startups pourrait accélérer le retour des liquidités. Les offres secondaires, permettant aux investisseurs de revendre leurs parts, gagnent en popularité. Enfin, les fusions-acquisitions pourraient compenser l’absence d’IPO.
Voici quelques stratégies clés pour dynamiser le marché :
- Planification précoce des exits pour maximiser les retours.
- Exploration des offres secondaires pour libérer des liquidités.
- Collaboration avec des fonds établis pour renforcer la crédibilité.
Ces approches, bien que complexes, pourraient permettre de débloquer des capitaux et de stimuler l’investissement dans les startups en phase de croissance.
Perspectives d’Avenir
Malgré les défis actuels, les experts à Startupfest restent optimistes. La reprise graduelle du marché est attendue, portée par des gestionnaires émergents et des stratégies d’exits plus dynamiques. Le succès de CentML, bien qu’exceptionnel, prouve que des opportunités existent encore.
Le Canada possède un écosystème technologique riche, mais il doit surmonter cette période de transition pour renouer avec la croissance. Les discussions à Startupfest 2025 ont mis en lumière des solutions concrètes pour y parvenir.