
Crise Industrielle : L’Avenir Après Gerstube
Quand une usine ferme ses portes, c’est bien plus qu’un bâtiment qui se vide : c’est une communauté entière qui retient son souffle. À Vic-Fezensac, petite commune du Gers, la fermeture de l’usine Gerstube, spécialisée dans la production de tubes plastiques, a secoué les habitants. Depuis 1947, cette entreprise faisait partie intégrante de l’identité locale. Mais un incendie dévastateur en avril 2025, suivi de l’annonce de la cessation d’activité, a brisé cet équilibre. Comment une telle décision impacte-t-elle les 58 salariés concernés, la région et l’industrie plastique dans son ensemble ? Cet article explore les causes, les conséquences et les opportunités qui pourraient émerger de cette crise.
Une Page Se Tourne à Vic-Fezensac
Gerstube, filiale du groupe Alfiplast, n’était pas qu’une usine parmi d’autres. Depuis des décennies, elle produisait des tubes plastiques pour des secteurs aussi variés que la cosmétique, la pharmacie et l’industrie. Mais un incendie survenu en avril 2025 a ravagé ses 4000 m² d’installations, mettant un coup d’arrêt brutal à son activité. Malgré les efforts pour maintenir la production, l’annonce de la fermeture, début septembre, a marqué la fin d’une époque.
Le PDG d’Alfiplast, Baptiste Allaine, a informé les salariés lors d’une réunion du comité social et économique (CSE). Cette décision, bien que prévisible pour certains, a suscité une onde de choc. « On ne sait pas ce qui nous attend », confie Christophe Boronad, délégué CGT et salarié de longue date, reflétant l’incertitude qui plane sur les employés.
« Le contexte économique, la frilosité des banques et la rigidité des assurances ont eu raison de nos efforts. »
– Barbara Neto, maire de Vic-Fezensac
Les Causes d’une Fermeture Inéluctable
Plusieurs facteurs ont précipité la fin de Gerstube. L’incendie, d’abord, a causé des dégâts matériels considérables, rendant la reprise de la production complexe et coûteuse. Mais ce n’est pas tout. Le secteur des tubes plastiques traverse une crise structurelle en Europe, marquée par une concurrence accrue et des marges réduites. Les entreprises doivent jongler avec des coûts croissants et des réglementations environnementales strictes, notamment celles liées à la réduction des plastiques à usage unique.
À cela s’ajoute la frilosité des banques et des assurances, comme l’a souligné la maire de Vic-Fezensac, Barbara Neto. Les investissements nécessaires pour reconstruire ou moderniser l’usine n’ont pas trouvé de financement. Ce manque de soutien financier illustre un problème plus large : les difficultés des PME industrielles à accéder à des fonds dans un contexte économique incertain.
Enfin, la rigidité des assurances a compliqué la situation. Les indemnisations, souvent lentes et insuffisantes, n’ont pas permis de relancer l’activité rapidement. Face à ces obstacles, Alfiplast a préféré cesser ses opérations à Vic-Fezensac, laissant 58 salariés face à un avenir incertain.
Un Impact Humain et Local Profond
Pour les 58 employés de Gerstube, la fermeture est un coup dur. Beaucoup d’entre eux travaillent dans l’usine depuis des années, voire des décennies. Le plan social (PSE) en cours de préparation suscite des inquiétudes. « Officieusement, le PSE est bien avancé », indique Christophe Boronad, mais les détails restent flous, alimentant l’anxiété des salariés.
La commune de Vic-Fezensac, elle aussi, est profondément touchée. Gerstube était un employeur clé dans cette zone rurale où les opportunités d’emploi sont rares. La perte de ces postes risque d’accélérer l’exode des jeunes et de fragiliser l’économie locale. Barbara Neto, dans un communiqué poignant, a résumé ce sentiment : « La page Gerstube se tourne, mais elle restera une part de notre histoire. »
« Nous voulons des réponses et avancer dans ce futur incertain. »
– Christophe Boronad, délégué CGT
Les Défis de l’Industrie Plastique en France
La fermeture de Gerstube n’est pas un cas isolé. L’industrie plastique française fait face à des défis majeurs. Voici les principaux obstacles rencontrés par le secteur :
- Concurrence internationale : Les producteurs asiatiques et est-européens proposent des prix plus bas, mettant sous pression les entreprises françaises.
- Réglementations environnementales : La loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) impose des contraintes strictes sur les plastiques à usage unique.
- Transition écologique : Les entreprises doivent investir dans des matériaux biosourcés ou recyclés, ce qui demande des fonds importants.
Ces défis exigent une réinvention du modèle économique des entreprises comme Gerstube. Certaines, comme Soyez Frères, ont réussi à diversifier leurs activités pour survivre à des réglementations similaires. Mais pour Gerstube, le manque de ressources a scellé son destin.
Vers une Transition Économique Locale
Malgré la fermeture, des lueurs d’espoir émergent. Les acteurs locaux, soutenus par la mairie, explorent des solutions pour revitaliser l’économie de Vic-Fezensac. Parmi les pistes envisagées :
- Reconversion des salariés : Des programmes de formation pourraient permettre aux employés de Gerstube de se tourner vers d’autres secteurs, comme l’agroalimentaire ou les énergies renouvelables, en plein essor dans la région.
- Relocalisation industrielle : La région Occitanie mise sur des projets de réindustrialisation, notamment dans les secteurs de la santé et de la transition énergétique.
- Économie circulaire : La production de matériaux recyclés ou biosourcés pourrait attirer de nouvelles entreprises dans le Gers.
La région Occitanie, déjà dynamique dans des secteurs comme l’aéronautique ou l’agroalimentaire, pourrait servir de modèle. Des initiatives comme l’ouverture d’une nouvelle usine par ARaymondLife en Isère montrent que des investissements dans des secteurs porteurs sont possibles.
Le Rôle des Start-ups dans la Réinvention Industrielle
La fermeture de Gerstube ouvre la voie à une réflexion sur le rôle des start-ups dans la revitalisation industrielle. Contrairement aux grandes entreprises, les start-ups ont l’agilité nécessaire pour innover rapidement. Elles pourraient jouer un rôle clé dans le développement de solutions pour l’industrie plastique, comme :
- La création de plastiques biosourcés, issus de matières végétales.
- Le développement de procédés de recyclage avancé pour réduire les déchets plastiques.
- La mise en place de modèles économiques circulaires, où les produits sont conçus pour être réutilisés ou recyclés.
Des start-ups comme Lactips, qui produit des plastiques biodégradables à base de protéines de lait, montrent la voie. Ces jeunes entreprises pourraient non seulement créer des emplois, mais aussi repositionner le Gers comme un acteur de l’économie circulaire.
Un Avenir à Construire Ensemble
La fermeture de Gerstube est un symbole des défis auxquels font face les petites communes industrielles. Mais elle est aussi une opportunité de repenser l’avenir. En mobilisant les acteurs locaux, les salariés et les institutions, Vic-Fezensac peut transformer cette crise en une chance de renouveau. Les efforts pour reconvertir les salariés, attirer de nouvelles entreprises et investir dans des secteurs d’avenir seront déterminants.
Le chemin sera long, mais l’histoire de Gerstube ne s’arrête pas là. Comme l’a dit Barbara Neto, cette usine restera une part de l’histoire de la commune. À charge maintenant aux habitants et aux décideurs de bâtir la prochaine page.
« La page Gerstube se tourne, mais elle restera à jamais une part de l’histoire de la commune. »
– Barbara Neto, maire de Vic-Fezensac
En conclusion, la fermeture de Gerstube est un rappel brutal des défis de l’industrie traditionnelle, mais aussi une invitation à innover. En misant sur la reconversion, la relocalisation et les start-ups, Vic-Fezensac peut écrire un nouveau chapitre, tourné vers un avenir plus durable et résilient.