CSRD : Les entreprises se préparent aux nouvelles règles
En 2025, le paysage du reporting RSE pour les grandes entreprises va fortement évoluer avec l'entrée en vigueur de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Ce texte, adopté fin 2022 et qui sera transposé en droit français d'ici la fin de l'année, vise à harmoniser et renforcer les exigences en matière de publication d'informations sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Un chantier d'ampleur qui mobilise d'ores et déjà les entreprises concernées.
Un impact humain et financier significatif
Selon une étude menée par l'association professionnelle C3D auprès de 85 dirigeants, la mise en conformité avec la CSRD représente une charge de travail conséquente. Pour 40% des répondants, cela équivaut au travail d'un salarié à temps plein supplémentaire. 26% estiment même que l'impact correspond à deux équivalents temps plein. Face à ce surcroît d'activité :
- 63% des entreprises envisagent de recruter au moins un salarié dédié dans leur département RSE
- 24% comptent embaucher deux personnes ou plus
Le recours à des prestataires externes (cabinets de conseil, éditeurs de logiciels) sera aussi nécessaire pour la plupart des entreprises, avec des budgets pouvant aller jusqu'à 600 000 euros pour 11% d'entre elles.
Une hausse du nombre d'indicateurs à remonter
Avec la CSRD, c'est aussi le nombre d'indicateurs de reporting qui va fortement augmenter. Près de 70% des entreprises interrogées par le C3D anticipent une hausse d'au moins 20%. Un doublement est même prévu pour 16% des répondants.
Ce n'est pas la révolution totale, la CSRD est quand même bien alignée avec ce qu'on faisait avant. Mais, oui, il y a forcément des extensions.
Sébastien Mandron, directeur RSE de Worldline et administrateur du C3D
L'analyse de double matérialité, un exercice inédit
Autre nouveauté majeure : la réalisation d'une analyse de double matérialité. Cet exercice consiste à identifier les enjeux RSE à la fois importants pour l'entreprise, et sur lesquels celle-ci a un impact significatif. Environ 60% des entreprises ont déjà déterminé moins de 20 sujets matériels, et un quart plus de 20. Une tâche complexe sur laquelle 20% des répondants avouent prendre du retard.
Un levier de transformation des entreprises
Malgré les défis qu'elle soulève en termes de ressources et d'organisation, l'ambition portée par la CSRD est jugée positivement par les entreprises. Plus de 70% des dirigeants interrogés estiment qu'elle va faire évoluer les choses dans le bon sens.
La CSRD demande une mobilisation massive, mais va être une transformation majeure.
Sébastien Mandron, directeur RSE de Worldline et administrateur du C3D
Alors que la transition écologique s'impose comme un enjeu business stratégique, ce nouveau cadre réglementaire apparaît en effet comme un puissant levier pour accélérer la mutation des entreprises. En structurant et en harmonisant le reporting extra-financier, la CSRD va permettre aux investisseurs de mieux comparer les performances RSE. De quoi créer une émulation vertueuse entre les acteurs.
Le compte à rebours est lancé jusqu'à 2025 pour les entreprises concernées par la première phase d'application de la CSRD. Un chantier titanesque les attend pour faire évoluer leurs processus et leurs outils de reporting, mais aussi plus largement leur gouvernance RSE. Les recrutements de profils experts et la montée en compétence des équipes seront des facteurs clés de succès dans les mois à venir.
