Dans les coulisses de la préparation du pastis Ricard
Le 23 juin 1932, Paul Ricard créait son fameux pastis à Marseille, sans se douter qu'il allait devenir un véritable emblème de la ville et une star des rayons liquides. Près d'un siècle plus tard, le Ricard reste indétrônable en grande distribution. Mais connaissez-vous les secrets de fabrication de cet incontournable apéritif à l'anis ? Direction l'usine historique d'Arnavaux à Marseille pour une visite dans les coulisses.
L'art de la distillation à la marseillaise
Chaque jour, une à trois citernes d'alcool pur débarquent sur le site d'Arnavaux, selon la saison. L'alcool neutre est alors ramené à 45°, un choix décisif de Paul Ricard pour une dissolution parfaite avec l'anéthol, l'huile essentielle issue d'un savant mélange d'anis vert (fenouil) français et d'anis étoilé (badiane) chinois.
Cette essence anisée est extraite à Thuir, dans les Pyrénées-Orientales. Chauffée à 38°C, elle vient s'incorporer à l'alcool. « Le Ricard en contient très précisément deux grammes, la borne haute pour les anisés », précise Christophe Barat, directeur de l'usine.
Les secrets des plantes aromatiques
Vient ensuite l'ajout de réglisse, en quantité tenue secrète, ainsi que l'ingrédient mystère : un cocktail d'herbes de Provence comme le thym, le romarin ou la sauge. Une fois le mélange prêt, place à la filtration.
À ce sujet, Pernod Ricard a récemment investi dans un nouvel équipement avec des filtres à cellulose, en remplacement des anciens filtres à terre classés CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique). Les cuves en inox ont aussi été renouvelées.
Une logistique au service des clients
L'usine d'Arnavaux excelle également dans la logistique et le service client. Un véritable atelier de préparation de commandes sur-mesure permet de livrer les grandes surfaces et restaurants du Sud-Est en 24h à 48h. La clé d'une relation de confiance durable avec les distributeurs.
Cap sur l'innovation pour séduire les jeunes
Si le Ricard domine toujours sa catégorie avec plus de 50% des ventes de spiritueux anisés, il doit faire face à l'évolution des modes de consommation. Pour rajeunir son image auprès d'un public dont la moyenne d'âge dépasse 45 ans, la marque planche sur de nouvelles recettes.
Versions aux plantes fraîches et anisés fruités ont déjà vu le jour. Et l'idée d'un Ricard sans alcool fait son chemin, pour surfer sur cette tendance forte du marché des boissons. De quoi donner un nouvel élan au plus marseillais des pastis !
La culture de service et la capacité à innover restent les meilleurs atouts du Ricard pour continuer à briller sur le marché très concurrentiel des apéritifs.
- Guillaume Perrin, consultant en stratégie
L'usine au défi du verdissement
Comme tout site industriel, l'usine Ricard doit aussi relever le défi écologique. Si la fabrication du pastis fonctionne à l'électricité, l'entrepôt est encore chauffé au gaz. Des investissements dans une pompe à chaleur et des panneaux solaires sont prévus pour 2025.
Côté eau, des discussions sont en cours avec les pouvoirs publics pour réduire la consommation (10 000 à 12 000 m3/an) via une station d'épuration dédiée et de la réutilisation des eaux usées traitées.
- Un savoir-faire artisanal allié à des process industriels modernes
- La qualité des ingrédients, gage d'un goût unique
- Une logistique efficace au service des clients
- L'innovation produit pour renouveler l'image de la marque
- Un défi environnemental à relever
En poussant les portes de l'usine Ricard, on découvre que la success-story de la marque repose sur un subtil équilibre entre tradition et modernité. Un savoir-faire d'excellence qui n'a pas peur d'innover pour s'adapter aux nouveaux modes de consommation. Tout en gardant précieusement sa recette secrète, bien sûr !
