
Daphni Lève 215M$ pour Réinventer l’Innovation en Europe
Et si l’avenir de l’innovation ne se jouait plus seulement dans les algorithmes, mais dans les laboratoires de physique, de biologie ou de chimie ? En mars 2025, une nouvelle résonne dans l’écosystème européen des startups : Daphni, un fonds d’investissement français, vient de boucler une levée de 215 millions de dollars pour son troisième fonds, baptisé Daphni Blue. Avec une ambition claire – financer 40 jeunes pousses prometteuses – cette annonce dépasse le simple cadre financier : elle dessine une vision audacieuse pour repenser l’innovation technologique à partir des sciences fondamentales.
Daphni Blue : Une Nouvelle Ère pour le Venture Capital
Lancée il y a une décennie, Daphni s’est déjà imposée comme un acteur clé du capital-risque en Europe. Avec des succès comme Back Market ou Pasqal dans son portefeuille, la firme parisienne ne se contente pas de suivre les tendances : elle les anticipe. Cette fois, avec Daphni Blue, elle mise sur un premier closing à 200 millions d’euros (environ 215 millions de dollars), avec l’objectif d’atteindre 250 millions d’ici fin 2025. Une somme qui reflète la confiance de ses partenaires, parmi lesquels figurent Crédit Mutuel Arkéa, Bpifrance ou encore le Fonds Européen d’Investissement.
Un pari sur les sciences fondamentales
À l’heure où l’intelligence artificielle domine les discours, Daphni choisit une voie différente. “Nous voulons investir dans des technologies et des services durables, ancrés dans la science”, explique Pierre-Eric Leibovici, l’un des fondateurs. Loin de se limiter aux buzzwords, le fonds cible des domaines comme la physique, la biologie ou les mathématiques. Pourquoi ce choix ? Parce que les révolutions technologiques de demain – du *quantum computing* aux avancées en biologie synthétique – naîtront de ces disciplines souvent sous-estimées dans le venture capital.
“Le *quantum computing*, c’est de la physique fondamentale combinée à du hardware et du software.”
– Pierre-Eric Leibovici, cofondateur de Daphni
Ce positionnement n’est pas un hasard. Les grandes avancées, comme les modèles de langage qui révolutionnent l’IA, reposent avant tout sur des percées mathématiques. En élargissant son spectre, Daphni entend capter ces vagues d’innovation avant qu’elles n’atteignent leur pic.
Une équipe repensée pour un nouveau défi
Pour relever ce pari, Daphni ne se contente pas de recruter des financiers classiques. Dans ses rangs, on trouve désormais des profils atypiques : un docteur en sciences, un étudiant en thèse. Cette diversité vise à mieux comprendre les projets à fort contenu scientifique. “Les chercheurs d’aujourd’hui sont plus ouverts à transformer leurs découvertes en entreprises”, note Leibovici. Une tendance qu’il observe chez la nouvelle génération, inspirée par l’entrepreneuriat de ses pairs.
Cette approche marque un tournant. Historiquement, les fonds privilégiaient des profils business ou tech pure. En intégrant des experts scientifiques, Daphni se dote d’un avantage compétitif pour évaluer des projets complexes, comme une startup développant des capteurs quantiques ou une biotech optimisant des enzymes.
40 startups dans le viseur : quels profils ?
Avec ce nouveau fonds, Daphni prévoit d’investir dans **40 entreprises européennes**. Mais pas n’importe lesquelles. L’accent est mis sur des projets alliant innovation scientifique et potentiel commercial. Parmi les secteurs visés : la santé (biologie), l’énergie (physique appliquée) ou encore l’informatique avancée (mathématiques). Des exemples ? Une startup qui combine IA et chimie pour des matériaux durables, ou une autre qui exploite la physique quantique pour sécuriser les données.
Le fonds ne se ferme pas aux opportunités internationales. Si des chercheurs américains choisissent l’Europe pour lancer leur projet, Daphni se dit prêt à les accompagner. Une stratégie opportuniste, mais cohérente avec l’objectif de capter les talents là où ils émergent.
Un écosystème européen en pleine mutation
Ce virage stratégique intervient dans un contexte favorable. En France, les universités allouent des budgets pour attirer des chercheurs étrangers, notamment américains. Pourtant, Leibovici insiste : “Notre focus sur la science précède cette tendance.” Une coïncidence heureuse, qui renforce la pertinence de Daphni Blue dans un paysage européen en quête de différenciation face aux géants américains.
Car la concurrence est rude. Les cycles du marché peuvent favoriser une consolidation ou une domination par des acteurs outre-Atlantique. Daphni veut donc miser sur des ruptures technologiques suffisamment puissantes pour s’imposer durablement.
Les clés du succès : au-delà de la levée de fonds
“Lever des fonds, ce n’est pas une fin en soi”, rappelle Leibovici. Le vrai défi ? Déployer ce capital efficacement et générer des **retours sur investissement** via des sorties réussies (cessions, IPO). Pour y parvenir, Daphni devra prouver que son approche scientifique est non seulement visionnaire, mais aussi rentable.
Les investisseurs, ou *limited partners*, semblent confiants. Outre les noms déjà cités, PRO BTP et Swen Capital Partners ont rejoint l’aventure. Une assise solide pour un fonds qui ne manque pas d’ambition.
Pourquoi ça nous concerne tous
Si Daphni réussit, les retombées dépasseront le cercle des startupers et des investisseurs. Les innovations financées pourraient transformer des secteurs clés : santé, énergie, numérique. Imaginez des traitements médicaux issus de la biologie synthétique ou des réseaux sécurisés par des technologies quantiques. Ces avancées façonneront notre quotidien d’ici une décennie.
En somme, Daphni Blue n’est pas qu’une histoire de chiffres. C’est une invitation à repenser l’innovation, à revenir aux racines de la science pour bâtir un futur durable et compétitif. Reste à voir si ce pari audacieux portera ses fruits.
Les défis à venir
Le chemin ne sera pas sans embûches. Identifier des projets viables, accompagner des fondateurs souvent novices en business, et naviguer dans un marché volatile sont autant de défis. Mais pour l’instant, Daphni semble avoir les cartes en main : une vision claire, une équipe diversifiée et un écosystème prêt à accueillir cette nouvelle vague d’innovation.
Alors, la science fondamentale sera-t-elle le prochain eldorado des startups ? Réponse dans les années à venir, avec les premiers résultats de Daphni Blue.