Databricks : Pourquoi l’introduction en bourse est repoussée ?
C'est un tour de table qui fera date. La startup Databricks, spécialiste de l'analyse de données et de l'intelligence artificielle, vient de boucler un financement record de 10 milliards de dollars. Une levée monumentale qui propulse sa valorisation à des sommets. Pourtant, en dépit des attentes du marché, l'entreprise a décidé de repousser son introduction en bourse. Une décision surprenante qu'Ali Ghodsi, CEO et co-fondateur de Databricks, a tenu à expliquer lors d'une récente conférence.
2024, une année trop incertaine pour une IPO
La raison principale avancée par Ali Ghodsi est le contexte économique et géopolitique instable de 2024. Entre élections américaines, craintes inflationnistes et taux d'intérêt en hausse, le dirigeant estime qu'il serait "idiot" de se lancer dans un processus d'IPO cette année.
On voulait attendre que les choses se stabilisent un peu. Les gens s'inquiètent de l'inflation, des taux d'intérêt... Donc on s'est dit, c'est stupide de faire une IPO cette année, on va définitivement attendre.
– Ali Ghodsi, CEO de Databricks
Selon lui, le premier créneau envisageable serait 2025, en tenant compte des périodes de lock-up post-IPO. Un délai jugé trop long pour offrir des liquidités aux employés de la première heure. D'où ce nouveau tour de financement massif, qui va permettre à Databricks de poursuivre sa croissance tout en récompensant ses talents.
Une levée qui aurait pu atteindre 19 milliards $
Initialement, Databricks visait entre 3 et 4 milliards de dollars. Mais la médiatisation de l'opération a généré un véritable raz-de-marée chez les investisseurs. Ali Ghodsi raconte avoir failli tomber de sa chaise en découvrant le montant total des intentions : 19 milliards !
J'ai vu ce tableur Excel où ils gardaient une trace de tous ceux qui voulaient investir. Il y avait 19 milliards d'intérêt, et on n'avait même pas encore parlé à tout le monde. Je me suis dit 'oh mon dieu, c'est énorme'. Du coup, on a relevé le prix.
– Ali Ghodsi
Une aubaine pour la startup, qui engrange des fonds records tout en faisant monter sa valorisation. De quoi voir venir sereinement en attendant des conditions de marché plus propices à une cotation.
Le risque d'une bulle IA
Si le patron de Databricks reste confiant dans les perspectives à long terme de sa société, il met toutefois en garde contre le risque de "bulle IA" actuel :
On est clairement au pic de la bulle IA. Il ne faut pas être un génie pour voir que des startups de 5 personnes, sans produit, sans innovation, juste des jeunes diplômés, ne valent pas des centaines de millions voire des milliards. C'est une bulle.
– Ali Ghodsi
Une situation dont il estime que Databricks sortira gagnante sur le long terme, fort de ses fondamentaux solides et de sa position dominante face à des concurrents comme Snowflake.
La bataille Databricks vs Snowflake
Ali Ghodsi a en effet confirmé l'existence d'un programme interne baptisé "SnowMelt", visant à "démolir" son rival Snowflake. Un affrontement qui s'est notamment matérialisé via l'acquisition de la startup Tabular, pour laquelle Databricks aurait déboursé 2 milliards de dollars alors que la jeune pousse ne réalisait que 1 million de chiffre d'affaires annuel.
Mais pour le dirigeant, cette rivalité appartient au passé. Databricks a désormais dans le viseur des concurrents bien plus imposants comme Salesforce ou Microsoft, avec des produits IA et data rivalisant avec les ténors du secteur.
En route vers l'IPO, sans se presser
Malgré ce nouveau financement massif, Ali Ghodsi l'assure : l'introduction en bourse reste l'objectif ultime pour Databricks. Mais sans céder à la précipitation, et en choisissant le meilleur timing.
- 2025 semble l'échéance la plus probable pour une IPO de Databricks
- Mais 2026 reste une possibilité si les conditions de marché l'exigent
- Une approche patiente qui tranche avec la course aux IPO des années passées
En attendant, la startup peut voir venir sereinement et poursuivre son hyper-croissance dans l'univers de la data et de l'IA, portée par des fondamentaux solides et une valorisation stratosphérique. Reste à transformer l'essai en success story boursière le moment venu, sans se laisser distraire par l'agitation ambiante. Un défi qu'Ali Ghodsi semble prêt à relever avec la disruption et le sang-froid qui ont fait le succès de Databricks.