David Sacks, le capitaine investisseur de Trump
Qui aurait cru qu'un investisseur de la Silicon Valley deviendrait l'un des plus ardents défenseurs de Donald Trump ? C'est pourtant le rôle qu'endosse désormais David Sacks, fondateur de Craft Ventures et ancien de PayPal. Lors de la première soirée de la Convention républicaine, Sacks a pris la parole pour livrer un discours apocalyptique, mettant en garde contre "un monde en feu" et blâmant les démocrates pour tous les maux du pays.
La croisade trumpiste de David Sacks
Depuis un an, David Sacks mène une véritable croisade pour rallier la Silicon Valley à la cause de Trump. En mars, il participait à une levée de fonds aux côtés de Donald Trump Jr et de plus de 100 membres du Congrès. En juin, il co-organisait son propre événement de financement avec son acolyte Chamath Palihapitiya, demandant jusqu'à 300 000$ le ticket d'entrée pour s'asseoir aux côtés de l'ancien président.
Sacks s'est ainsi positionné comme un rouage essentiel du réseau trumpiste qui s'est constitué ces dernières années au sein de l'élite tech. Aux côtés d'autres figures comme Peter Thiel ou Keith Rabois, il incarne cette frange de la Silicon Valley prête à tout pour faire revenir Trump au pouvoir en 2024.
Un discours apocalyptique à la Convention
Intervenant dès le premier soir de la grand-messe républicaine, David Sacks a livré un discours aux accents complotistes et apocalyptiques. Évoquant pêle-mêle l'Ukraine, le Yémen ou encore les rues de San Francisco "transformées en cloaques à ciel ouvert", il a dressé un tableau cataclysmique de l'état du monde et du pays, imputant l'entière responsabilité aux démocrates et à Joe Biden.
"Chaque jour apporte son lot de nouveaux appels à l'escalade, et le monde observe avec horreur la politique démente de Joe Biden nous mener au bord de la Troisième Guerre mondiale"
David Sacks
Un discours qui fait écho aux éléments de langage martelés par Sacks et ses comparses "All-In" dans leur podcast à succès, devenu une véritable tribune politique pro-Trump. Mais si le message est rodé, sa réception par le public de la convention était plus mitigée, avec des applaudissements polis mais sans enthousiasme débordant.
Le symbole d'une technosphère trumpiste montante
Au-delà de son impact immédiat, l'invitation de David Sacks comme orateur à la Convention républicaine est surtout le symbole de l'influence grandissante au sein du parti d'une technosphère acquise à Trump. Quelques heures plus tôt, un autre proche de Peter Thiel, le sénateur JD Vance, était désigné comme colistier de l'ancien président pour 2024.
Malgré les critiques de figures comme Reid Hoffman dénonçant une Silicon Valley tombant dans "la pensée de groupe pro-Trump", le mouvement initié par Sacks et ses alliés semble prendre de l'ampleur. Reste à voir s'il permettra in fine de reconquérir la Maison Blanche, ou s'il se heurtera au scepticisme de l'électorat républicain traditionnel, peu réceptif aux élans transhumanistes des techno-milliardaires californiens.
Les élites de la tech, faiseurs de rois du GOP ?
Quoi qu'il en soit, l'omniprésence des figures de la tech dans l'orbite trumpiste interpelle. PayPal, Palantir, Founders Fund... Les anciens de ces groupes emblématiques de la Silicon Valley tissent leur toile au cœur même du pouvoir républicain. Faut-il y voir le signe d'un basculement profond, les "tech bros" libertariens prenant peu à peu le pas sur le business et l'establishment traditionnels du parti ?
Si le pari de David Sacks et de ses acolytes venait à payer, nul doute que leur influence sur les orientations futures du GOP serait décisive. De quoi dessiner une droite américaine à la croisée entre nationalisme et techno-utopisme, aussi déroutante que potentiellement dangereuse pour ses adversaires. Le monde selon Peter Thiel ?
