De Polytechnique à la Transition Écologique : Un Parcours Inspirant

Et si un diplôme prestigieux ne suffisait pas à tracer une carrière toute faite ? Matthieu Oriot, sorti des bancs de l’École Polytechnique, a surpris en délaissant les salaires alléchants du privé pour embrasser une mission bien plus vaste : la transition écologique au sein du service public. À une époque où les jeunes talents sont souvent attirés par les sirènes des grandes entreprises, son parcours invite à réfléchir : et si donner du sens à son travail valait plus que tout ?

Un Itinéraire Forgé par la Passion de l’Environnement

Lorsqu’il franchit les portes de Polytechnique il y a six ans, Matthieu Oriot n’avait pas encore une vision claire de son avenir. Les années de classes préparatoires, rythmées par une cadence effrénée et une focalisation sur les concours, ne laissaient que peu de place à l’introspection. C’est au cœur de cette école d’élite, connue pour sa formation généraliste, qu’il commence à explorer les multiples chemins possibles.

Très vite, une direction se dessine : le **développement durable**. Fasciné par les enjeux environnementaux, il consacre sa première année à décrocher son téléphone pour interroger d’anciens élèves. « Comment intégrez-vous les défis écologiques dans votre métier ? » devient sa question fétiche. Ces échanges, riches en enseignements, plantent les graines d’une vocation naissante.

Les Premiers Pas dans le Service Public

La deuxième année marque un tournant inattendu. Alors qu’un stage soigneusement planifié tombe à l’eau à cause de la crise sanitaire, Matthieu se retrouve propulsé dans la cellule de crise de l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France. Plongé dans l’analyse de données sur l’épidémie, il découvre un monde où l’action publique prend vie. « J’étais au cœur de l’urgence, et ça m’a captivé », confie-t-il avec un enthousiasme palpable.

« Mon premier aperçu du service public, c’était comme être au cœur du réacteur. »

– Matthieu Oriot

Cette expérience agit comme un déclic. L’année suivante, un stage au sein de l’association *Pays de Savoie solidaires* renforce son attrait pour l’intérêt général. En travaillant sur des projets de coopération entre la Savoie et une région sénégalaise, il touche du doigt les réalités concrètes de la préservation des forêts. La graine semée à Polytechnique commence à germer.

Une Spécialisation Résolument Verte

Pour sa quatrième année, Matthieu choisit AgroParisTech, où il obtient un diplôme d’ingénieur axé sur les sciences politiques, l’écologie et les stratégies. Là, il croise des profils engagés, parfois radicaux, comme les célèbres « bifurqueurs » de 2022. Ces étudiants, lors de leur remise de diplôme, avaient dénoncé des enseignements déconnectés des urgences climatiques, prônant des carrières plus alignées sur les défis du siècle.

Si Matthieu ne partage pas leur approche extrême, il en retient une leçon : le besoin de cohérence entre ses valeurs et son métier. Son stage de fin d’études dans un cabinet de conseil spécialisé dans la transition écologique lui ouvre les portes des collectivités locales. Pendant six mois, il se familiarise avec les plans climat et la budgétisation verte, des outils qu’il mettra bientôt à profit.

Un Voyage pour Repenser le Monde

Avant de plonger dans la vie active, Matthieu s’accorde une parenthèse hors du commun : une année à pédaler à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique latine. À vélo, il part à la rencontre d’initiatives locales liées aux objectifs de développement durable. De la gestion communautaire des ressources au reboisement participatif, ces expériences nourrissent sa vision pragmatique de l’écologie.

Ce périple, loin d’être une simple pause, devient une source d’inspiration. « Voir de près ces projets m’a conforté dans l’idée que les solutions passent par des actions collectives et locales », explique-t-il. De retour en France, il est prêt à transformer cette conviction en engagement professionnel.

Toulouse Métropole : Le Choix de l’Action Locale

Pour son premier poste, Matthieu mise sur la fonction publique territoriale. Recruté comme chef de projets transition écologique à Toulouse Métropole, il rejoint une structure ambitieuse : 37 communes, 818 500 habitants, 13 000 agents. Son rôle ? Piloter des initiatives comme le **budget climat**, un outil pour aligner les finances publiques sur les impératifs environnementaux.

Ce choix implique un sacrifice financier. Avec un salaire moyen de 57 000 euros brut dans le privé pour un diplômé de Polytechnique, il opte pour une rémunération moindre, mais plus cohérente avec ses aspirations. « Le vrai changement, c’est d’avoir troqué les sciences dures pour la gestion de projets au service du bien commun », plaisante-t-il.

Vendre un Profil Atypique

Intégrer la territoriale avec un CV estampillé Polytechnique n’est pas si simple. « On ne nous apprend pas des compétences techniques précises, mais une méthode pour aborder des problèmes complexes », admet Matthieu. Lors des entretiens, il joue la carte de l’honnêteté : « Je ne sais pas tout faire, mais j’apprends vite ! » Une approche qui finit par convaincre.

Son profil, mêlant rigueur scientifique et curiosité pluridisciplinaire, devient un atout. À Toulouse Métropole, il jongle entre analyse de données, coordination d’équipes et élaboration de stratégies. Un défi à la hauteur de ses ambitions.

Un Regard Tournée vers l’Avenir

Aujourd’hui, Matthieu se projette dans la fonction publique territoriale. Il envisage de passer le concours d’ingénieur territorial, voire d’ingénieur en chef, pour gravir les échelons et amplifier son impact. Pour lui, l’avenir de l’écologie passe par des acteurs locaux capables de traduire les grandes ambitions en gestes concrets.

Son parcours illustre une tendance croissante : celle de jeunes talents qui, face à l’urgence climatique, réinventent leur trajectoire. Comme lui, ils sont nombreux à chercher un équilibre entre expertise technique et quête de sens.

Les Chiffres qui Parlent

Le secteur de la transition écologique ne cesse de gagner du terrain. Voici quelques données qui soulignent son potentiel :

• 85 % des emplois numériques de 2030 n’existent pas encore.
• 540 000 créations nettes d’emplois sont prévues d’ici 2030 dans l’écologie.
• 200 000 postes supplémentaires pourraient voir le jour dans la rénovation des logements.

Ces chiffres traduisent une mutation profonde, où des profils comme celui de Matthieu trouvent toute leur place. Le service public territorial, souvent perçu comme rigide, s’adapte à ces nouveaux enjeux avec agilité.

Une Leçon de Bifurcation

L’histoire de Matthieu Oriot n’est pas qu’un récit individuel ; elle incarne un mouvement plus large. À l’heure où les « bifurqueurs » appellent à repenser les carrières, lui propose une voie médiane : rester dans le système pour le transformer de l’intérieur. Une approche pragmatique, mais pas moins audacieuse.

Entre son vélo en Afrique et son bureau à Toulouse, Matthieu prouve qu’un ingénieur peut être bien plus qu’un technicien. Il devient un passeur, un lien entre les idéaux d’une génération et les réalités d’un monde en mutation.

Et vous, seriez-vous prêt à bifurquer pour donner du sens à votre quotidien ? L’exemple de Matthieu pourrait bien vous inspirer à franchir le pas.