DeepSeek et les enjeux de la course à l’IA entre USA et Chine
Alors que la Chine et les États-Unis se livrent une bataille sans merci pour la suprématie dans le domaine de l'intelligence artificielle, un nouveau protagoniste vient bousculer les lignes de front. DeepSeek, une start-up chinoise spécialisée dans l'IA, fait parler d'elle ces derniers mois grâce à des avancées technologiques impressionnantes. Ses succès posent question : les règles américaines sur l'exportation des puces d'IA sont-elles vraiment efficaces pour contenir l'essor de la Chine ?
DeepSeek, le poids lourd chinois qui déstabilise l'échiquier
Fondée il y a à peine quelques années, DeepSeek s'est imposée comme un acteur majeur de l'IA en Chine, parvenant à développer des modèles d'une puissance élevée à des coûts réduits. Son modèle phare, DeepSeek V3, aurait ainsi des performances comparables à celles des IA américaines d'il y a 7 à 10 mois, pour un coût de développement bien moindre.
Pour Dario Amodei, PDG d'Anthropic, entreprise américaine concurrente, les récents exploits de DeepSeek démontrent l'efficacité toute relative des restrictions américaines sur les exportations de puces :
DeepSeek a produit un modèle proche des performances des modèles américains d'il y a 7 à 10 mois, pour un coût nettement inférieur. C'est un point attendu sur une courbe de réduction des coûts en cours. La différence cette fois, c'est que l'entreprise qui a été la première à démontrer cette baisse des coûts est chinoise.
– Dario Amodei, PDG d'Anthropic
Guerre des puces et bataille des talents
Au cœur de cette compétition acharnée, l'accès aux puces électroniques permettant d'entraîner les IA est devenu un enjeu stratégique majeur. Les États-Unis tentent de contrôler les exportations de ces composants cruciaux vers la Chine, pour freiner le développement des laboratoires et entreprises du pays. Mais les progrès de DeepSeek montrent les limites de cette approche.
En parallèle, la guerre des talents fait rage. Les meilleurs cerveaux de l'IA sont courtisés à prix d'or par les géants de la tech des deux pays. DeepSeek a su attirer dans ses rangs des ingénieurs brillants, comme le souligne Dario Amodei, les qualifiant de "concurrents sérieux pour les États-Unis".
Le futur de l'IA, entre progrès et risques
Pour Amodei, les choix politiques qui seront faits dans les mois à venir par l'administration Trump seront déterminants. Un renforcement des contrôles à l'export pourrait permettre aux USA et leurs alliés de garder une avance confortable. À l'inverse, si la Chine parvient à importer massivement des puces, elle pourrait prendre un ascendant stratégique en dirigeant ses ressources vers des applications militaires de l'IA.
L'objectif n'est pas de refuser à la Chine ou à tout autre pays autoritaire les immenses bénéfices que les systèmes d'IA très puissants apportent dans les domaines de la science, de la médecine, de la qualité de vie, etc. Le but est de les empêcher d'acquérir une domination militaire.
– Dario Amodei, PDG d'Anthropic
Les signaux envoyés par la nouvelle administration semblent aller dans le sens d'un durcissement des règles. Lors d'une audition au Sénat, le futur secrétaire au Commerce Howard Lutnick a accusé DeepSeek de voler la propriété intellectuelle américaine et plaidé pour des droits de douane plus élevés envers la Chine.
Alors que DeepSeek bouscule le statu quo, la compétition sino-américaine dans l'IA s'annonce plus féroce que jamais. L'issue de cette course et les choix réglementaires des États-Unis façonneront le paysage technologique des années à venir, entre coopération et rivalité, progrès et risques.