Déficit budgétaire américain : inquiétudes des investisseurs
Alors que l'élection présidentielle américaine se profile à l'horizon, une inquiétude grandissante agite les investisseurs obligataires. En cause : le déficit budgétaire record des États-Unis qui ne cesse de s'aggraver, sans que Démocrates ou Républicains ne semblent en faire une priorité pour le moment.
Jusqu'ici, les fluctuations sur le marché des taux étaient principalement liées aux attentes concernant la politique monétaire de la Fed. Mais à mesure que le scrutin du 5 novembre approche, la soutenabilité des finances publiques devient un sujet de préoccupation majeur.
Une dette qui inquiète
Le volume de dette souveraine américaine mis sur le marché ne cesse de croître pour financer le déficit abyssal, avec peu d'efforts de la part de l'administration actuelle ou des candidats pour inverser la tendance :
Si l'on fait abstraction de la Fed et des six prochains mois, durant lesquels des baisses de taux encourageantes pourraient avoir lieu, le volume d'émission n'est pas sain.
– Ella Hoxha, Newton Investment Management
Certains analystes prédisent même que les rendements du 10 ans pourraient grimper jusqu'à 8 à 10% dans les années à venir, un niveau difficilement soutenable. Face à ce risque, des investisseurs commencent à se couvrir en privilégiant des maturités plus courtes.
Des sources de demande qui se tarissent
Alors que l'offre de dette explose, la demande elle se contracte. La Fed réduit son bilan tandis que la part des investisseurs étrangers dans la détention de Treasuries diminue. Seuls les investisseurs domestiques pourraient prendre le relais, mais dans quelle mesure ?
Un environnement dans lequel la demande se réduit et l'offre augmente me fait clairement penser que la prime de terme augmentera.
– David Rogal, BlackRock
Aucun camp ne semble vouloir réduire le déficit
Si Démocrates comme Républicains affirment vouloir assainir les finances publiques, peu d'actions concrètes sont mises en avant. Au contraire, les programmes portés par les deux camps laissent présager une poursuite de la dérive budgétaire.
- L'administration Biden met en avant un plan de réduction du déficit jugé insuffisant par beaucoup
- Donald Trump compte sur une croissance stimulée par des baisses d'impôts pour résorber le déficit
Une approche qui ne convainc pas les investisseurs, inquiets des volumes massifs de dette qu'il faudra émettre pour financer ces promesses électorales, quel que soit le vainqueur en novembre prochain.
Un statut d'actif refuge qui protège les Treasuries, pour l'instant
Malgré ces inquiétudes, un effondrement brutal de la demande pour la dette américaine paraît peu probable à court terme. Le dollar reste la devise de réserve mondiale et le marché des Treasuries, avec ses 27.000 milliards de dollars d'encours, n'a pas d'équivalent en termes de profondeur et liquidité.
La crise la plus prévisible de l'histoire (...) est pour le moment une crise silencieuse. C'est un problème pour une autre fois, mais pas aujourd'hui.
– Analystes de JPMorgan
Néanmoins, de plus en plus d'investisseurs obligataires prennent leurs précautions en ajustant leur exposition, privilégiant les échéances courtes et intermédiaires. Car si le pire est évité pour le moment, l'insoutenabilité à long terme des finances publiques US fait de moins en moins de doute.