Des bactéries sous-marines résistantes aux antibiotiques

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septembre 4, 2024

Des bactéries sous-marines résistantes aux antibiotiques

Dans les profondeurs glacées de l'océan Arctique, des chercheurs finlandais et norvégiens ont peut-être trouvé un nouvel allié inattendu dans la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotiques : les créatures invertébrées qui peuplent ces abysses hostiles. Cette découverte pourrait bien révolutionner notre arsenal thérapeutique face à la menace grandissante de l'antibiorésistance.

L'antibiorésistance, un défi sanitaire majeur

Depuis la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928, les antibiotiques ont été nos meilleurs remparts contre les infections bactériennes. Mais au fil des années, l'utilisation massive et parfois inappropriée de ces médicaments a favorisé l'émergence de bactéries résistantes, capables de contourner l'action des antibiotiques. Aujourd'hui, les médecins sont de plus en plus souvent confrontés à des infections difficiles à traiter, nécessitant d'essayer plusieurs antibiotiques avant de trouver le bon.

Face à cette menace, les scientifiques explorent de nouvelles pistes pour contrer les mécanismes de défense de ces superbactéries. Certains cherchent à identifier rapidement les germes résistants en analysant leur mobilité, d'autres tentent de bloquer les pompes qu'utilisent les bactéries pour expulser les antibiotiques. Et maintenant, des créatures sous-marines pourraient bien apporter une solution inédite à ce problème de santé publique.

Des éponges et des coquilles Saint-Jacques contre l'antibiorésistance

L'équipe de chercheurs finno-norvégienne a utilisé une nouvelle méthode de criblage pour analyser des centaines de composés encore inconnus, à la recherche d'une activité antivirale ou antibactérienne. Mais plutôt que de viser à tuer les bactéries ou à empêcher leur croissance, leur but était de trouver des molécules capables de réduire la virulence des germes, c'est-à-dire leur capacité à provoquer une maladie.

Cette approche novatrice vise à contourner le problème de l'antibiorésistance à la source. En effet, si on attaque frontalement les bactéries pour les tuer ou les empêcher de se reproduire, on risque de favoriser l'émergence de souches résistantes par pression de sélection. En revanche, en interférant avec les facteurs de virulence bactériens sans affecter la survie ou la croissance des germes, on réduit le risque d'apparition de résistances.

Parmi les centaines de composés analysés, deux substances particulièrement prometteuses ont été isolées à partir d'invertébrés vivant dans les abysses arctiques :

  • Le composé T091-5, extrait de la coquille Saint-Jacques d'Islande (Chlamys islandica)
  • Le composé T160-2, isolé d'une éponge de mer profonde appelée éponge de verre (Caulophacus arcticus)

Ces deux composés appartiennent à la famille des actinobactéries, qui sont à l'origine de 70% des antibiotiques actuellement sur le marché. Mais c'est la première fois que des actinobactéries issues d'animaux marins des abysses sont étudiées pour leurs propriétés antibactériennes.

Perturber les bactéries sans déclencher de résistance

Les chercheurs ont testé l'effet de ces composés sur Escherichia coli, une bactérie pouvant provoquer des diarrhées sévères voire mortelles chez les jeunes enfants. Les deux molécules se sont avérées capables de perturber la façon dont la bactérie s'attache à la paroi intestinale et reprogramme son métabolisme pour provoquer la maladie, la rendant ainsi moins virulente.

Mais la substance issue de la coquille Saint-Jacques présente un avantage supplémentaire : elle n'affecte pas la croissance d'E. coli, réduisant ainsi le risque d'émergence d'une résistance. Elle apparaît donc comme la plus prometteuse des deux composés.

Les prochaines étapes consistent à optimiser les conditions de culture pour la production du composé et à isoler des quantités suffisantes pour élucider sa structure et étudier plus en détail son activité biologique.

Päivi Tammela, professeure à l'Université d'Helsinki et auteure principale de l'étude

Cette découverte ouvre la voie au développement d'une toute nouvelle classe de composés antibactériens, inspirés des actinobactéries des grands fonds marins. À l'heure où l'antibiorésistance menace de nous faire revenir à l'ère pré-antibiotique, toute nouvelle arme dans notre arsenal thérapeutique est la bienvenue. Les créatures sous-marines de l'Arctique pourraient bien détenir la clé pour combattre les infections bactériennes du futur.

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