Des capteurs révolutionnaires pour détecter les PFAS dans l’eau
Imaginez pouvoir détecter en quelques secondes la présence de polluants "éternels" dans l'eau, directement sur le terrain, avec un simple capteur de la taille d'une carte de crédit. C'est la prouesse technologique réalisée par la start-up grenobloise Grapheal, en collaboration avec le laboratoire académique Edytem. Leur innovation pourrait bien révolutionner la surveillance de la qualité de l'eau et la lutte contre la pollution.
La traque des PFAS, ces polluants persistants
Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, représentent une famille d'environ 12 000 composés chimiques aux propriétés uniques, massivement utilisés depuis les années 1940. Surnommés « polluants éternels » en raison de leur extrême persistance dans l'environnement, les PFAS s'accumulent dans les organismes vivants et sont suspectés de nombreux effets néfastes sur la santé :
- Certains types de cancers
- Troubles de la fertilité et du développement
- Maladies du foie et du système immunitaire
Face à cette menace, la détection des PFAS est devenue un enjeu crucial. Problème : les méthodes actuelles nécessitent des analyses complexes en laboratoire, avec des équipements coûteux. C'est là qu'intervient l'innovation de Grapheal.
Un capteur portable et ultra-sensible
Les ingénieurs de Grapheal, en partenariat avec les chercheurs d'Edytem au sein du labcom Fluorograph, ont mis au point un capteur électronique miniature capable de détecter les PFAS dans l'eau à l'état de traces, avec une sensibilité remarquable :
La sensibilité élevée et la simplicité d'usage du capteur Fluorograph vont permettre de détecter de manière quantitative les PFAS, directement sur site, et de satisfaire la forte demande de cartographier les zones polluées.
– Guy Royal, chercheur à Edytem
Testé sur l'un des PFAS les plus répandus, le PFOA, le dispositif a montré des seuils de détection de l'ordre de 300 ng/L, soit en-dessous de la limite réglementaire européenne de 500 ng/L dans l'eau potable. De quoi permettre un dépistage fiable et rapide à grande échelle.
Un atout pour l'environnement et la santé publique
Outre ses performances, le capteur conçu par Grapheal se distingue par son faible impact environnemental. Fabriqué par électronique imprimée avec des matériaux à base de carbone, il s'inscrit dans une démarche durable, comme l'explique Vincent Bouchiat, président de la start-up :
L'analyse sur le point de prélèvement va créer une réelle simplification logistique, elle va permettre d'augmenter la densité des tests, tout en réduisant significativement la charge financière liée aux analyses fréquentes de l'eau.
– Vincent Bouchiat, président de Grapheal
Une technologie prometteuse, donc, à la fois pour les scientifiques, les professionnels de l'eau et les pouvoirs publics chargés de veiller à la qualité de notre environnement et à notre santé. Des capteurs PFAS connectés pourraient même être déployés à l'avenir pour une surveillance en continu des sites à risque.
Vers une production industrielle des capteurs
Forts de ces premiers résultats, Grapheal et ses partenaires d'Edytem ambitionnent désormais de passer à l'échelle supérieure. La start-up est en quête d'industriels pour l'accompagner dans la production en série de ses capteurs nouvelle génération.
Un défi autant technique qu'économique, puisqu'il s'agit de préserver les performances du dispositif tout en maîtrisant les coûts de fabrication. Mais les porteurs du projet sont confiants. Avec un marché mondial estimé à plusieurs milliards d'euros, la détection des PFAS a de beaux jours devant elle.
La pollution éternelle des PFAS n'a qu'à bien se tenir. Grâce aux innovations comme celles de Grapheal, la science environnementale dispose de nouveaux outils de choix pour relever le défi d'une eau potable plus saine et mieux surveillée. Un pas de plus vers un monde débarrassé de ses poisons persistants.