
Diaspora Africaine : Investir dans l’Avenir
Chaque année, des milliards de dollars traversent les frontières, envoyés par la diaspora africaine vers le continent. Mais combien de ces fonds façonnent réellement l’avenir ? Trop souvent, l’argent s’évapore dans des projets informels ou des transactions risquées. Une startup britannique, fondée par un ancien cadre de Stripe, change la donne en offrant une plateforme sécurisée pour investir dans des startups et l’immobilier en Afrique. Cette initiative ne se contente pas de canaliser des capitaux : elle redéfinit la manière dont les Africains de l’étranger se reconnectent à leur continent.
Une Solution pour un Problème Persistant
Pour beaucoup, investir en Afrique depuis l’étranger ressemble à un parcours du combattant. Entre les barrières réglementaires, les risques de fraude et les complexités logistiques, l’envie de contribuer au développement du continent peut rapidement se transformer en frustration. C’est dans ce contexte que Borderless, une plateforme innovante, émerge comme une réponse concrète. En digitalisant et sécurisant les investissements collectifs, elle permet à la diaspora de placer son argent dans des actifs productifs, tout en minimisant les risques.
L’Origine d’une Idée : De l’Investissement Club à la Startup
L’histoire de Borderless commence avec Joe Kinvi, un entrepreneur dont le parcours illustre la puissance des opportunités bien saisies. En 2017, alors qu’il rejoint une startup irlandaise, il négocie une part d’actions pour compenser un salaire modeste. Lorsque Stripe rachète l’entreprise, ces actions lui permettent de lancer un projet personnel : un club d’investissement nommé Hoaq. Ce groupe, formé avec des amis, visait à financer des startups africaines en réunissant de petits montants provenant d’investisseurs locaux et de la diaspora.
Mais les obstacles ne tardent pas. Les institutions financières, méfiantes, bloquent leurs comptes. Les réglementations complexes et les différences de devises compliquent chaque transaction. Pour surmonter ces défis, le groupe engage un avocat et développe des outils d’automatisation légère. Ces efforts, bien que laborieux, portent leurs fruits : Hoaq investit dans des entreprises prometteuses comme LemFi ou Chowdeck. C’est cette expérience qui inspire la création de Borderless, une plateforme conçue pour simplifier et démocratiser l’investissement diasporique.
La diaspora envoie des milliards en remises, mais très peu vont dans des actifs productifs. Nous voulons changer cela en rendant l’investissement accessible et sécurisé.
– Joe Kinvi, fondateur de Borderless
Comment Fonctionne Borderless ?
Borderless agit comme une infrastructure numérique pour les collectifs d’investisseurs. La plateforme prend en charge l’ensemble du processus, de l’intégration des membres au déploiement des fonds. Les utilisateurs peuvent rejoindre des communautés d’investissement, verser des contributions transfrontalières et participer à des projets vérifiés, le tout sous une supervision réglementaire stricte. En quelques mois, Borderless a facilité le financement de plus de dix startups et deux projets immobiliers au Kenya, avec des tickets d’entrée à partir de 1 000 dollars pour les startups et 5 000 dollars pour l’immobilier.
Ce qui distingue Borderless, c’est son obsession pour la transparence et la sécurité. Les fonds ne passent jamais par des intermédiaires non vérifiés. Ils sont directement acheminés vers des comptes séquestres, des avocats ou des vendeurs approuvés. Chaque opportunité d’investissement est soumise à un contrôle rigoureux pour respecter les lois britanniques sur les valeurs mobilières, offrant ainsi une protection essentielle aux investisseurs.
- Intégration simplifiée des membres via une plateforme numérique.
- Paiements transfrontaliers sécurisés pour des contributions fluides.
- Opportunités d’investissement vérifiées dans des startups et l’immobilier.
Un Marché à 30 Milliards de Dollars
Le potentiel de Borderless repose sur une réalité économique frappante : chaque année, environ 30 milliards de dollars d’épargne migratoire restent inutilisés. Alors que des plateformes comme Zepz ou NALA dominent le marché des transferts d’argent, peu se concentrent sur l’investissement à long terme. Borderless comble ce vide en proposant une alternative aux remises traditionnelles, transformant les flux financiers en opportunités de croissance durable.
Le modèle économique de la startup est tout aussi ingénieux. Borderless génère des revenus via des frais de transaction, une part des cotisations des membres et des marges sur les conversions de devises. À l’avenir, la plateforme pourrait intégrer des services de gestion d’actifs ou des produits de transfert d’argent, élargissant ainsi son impact. Mais pour l’instant, son objectif reste clair : débloquer le potentiel économique de la diaspora.
Les Défis de la Confiance
Investir à distance n’est pas seulement une question de logistique ; c’est aussi une question de confiance. Trop d’Africains de la diaspora ont été échaudés par des expériences douloureuses : argent envoyé pour un projet immobilier jamais construit, promesses non tenues par des proches. Borderless s’attaque à ce problème en éliminant les intermédiaires non fiables et en imposant des processus juridiques stricts.
Un exemple illustre ce défi. Un investisseur a envoyé 200 000 euros pour construire une maison en Afrique, mais le projet n’a jamais vu le jour. Avec Borderless, ce type de mésaventure devient évitable grâce à des mécanismes comme les comptes séquestres et les vérifications d’identité. Ces mesures, bien que coûteuses à mettre en place, sont essentielles pour instaurer une confiance durable.
La confiance est au cœur de notre modèle. Sans elle, aucun investisseur ne prendra le risque d’envoyer son argent.
– Joe Kinvi, fondateur de Borderless
Un Écosystème en Pleine Croissance
Borderless ne se contente pas de faciliter les transactions ; elle construit un écosystème. Avec plus de 100 communautés sur sa liste d’attente, la plateforme attire des collectifs variés, des groupes d’amis aux associations professionnelles. Ses investisseurs, parmi lesquels figurent des cadres de Stripe, Google et Paystack, ne sont pas seulement des bailleurs de fonds : beaucoup utilisent eux-mêmes la plateforme, renforçant sa crédibilité.
Le succès initial de Borderless a également attiré l’attention d’acteurs locaux. Des startups comme LemFi ou Bamboo, déjà financées par le club Hoaq, témoignent de la qualité des opportunités proposées. En parallèle, les projets immobiliers au Kenya montrent que la plateforme peut s’adapter à différents types d’actifs, ouvrant la voie à une diversification future vers des secteurs comme le cinéma ou les obligations diasporiques.
Les Obstacles à Surmonter
Malgré ses avancées, Borderless fait face à des défis de taille. La vérification des opportunités repose encore sur des relations préexistantes, un modèle difficile à maintenir à grande échelle. À mesure que la plateforme grandit, elle devra investir dans des outils avancés de vérification d’identité et de détection de fraude. Les risques juridiques, liés aux réglementations transfrontalières, exigent également une vigilance constante.
Pourtant, ces obstacles ne freinent pas l’ambition de Joe Kinvi. En levant 500 000 dollars auprès d’investisseurs stratégiques, Borderless dispose des ressources nécessaires pour affiner son modèle et élargir son impact. L’objectif à long terme ? Permettre à chaque membre de la diaspora de contribuer au développement économique de l’Afrique, tout en construisant un patrimoine durable.
Une Vision pour l’Avenir
Borderless incarne une idée puissante : l’argent de la diaspora peut devenir un levier de transformation pour l’Afrique. En connectant des investisseurs à des opportunités vérifiées, la plateforme ne se contente pas de générer des rendements financiers ; elle renforce les liens culturels et économiques entre le continent et ses communautés à l’étranger. Pour beaucoup, investir via Borderless, c’est aussi préparer un retour au pays, un jour.
En résumé, Borderless offre une solution inédite à un problème ancien. Voici ses atouts majeurs :
- Une plateforme sécurisée pour des investissements collectifs.
- Une approche transparente qui élimine les intermédiaires risqués.
- Un potentiel pour diversifier les actifs, des startups aux obligations.
À l’heure où l’Afrique attire de plus en plus d’investisseurs internationaux, Borderless donne à la diaspora une place de choix dans cette dynamique. En transformant des milliards d’épargne inutilisée en moteur de croissance, la startup ne fait pas que financer des projets : elle bâtit un avenir où chaque Africain, où qu’il soit, peut participer à la renaissance économique du continent. Et si c’était là le véritable pouvoir de la diaspora ?