Différences hommes-femmes dans les crises cardiaques
Saviez-vous que les crises cardiaques ont tendance à causer des dommages plus importants au muscle cardiaque chez les hommes que chez les femmes ? Une différence troublante qui intrigue les chercheurs depuis des années. Mais aujourd'hui, une équipe scandinave vient de faire une découverte majeure qui pourrait bien changer la donne dans la prise en charge des infarctus.
La testostérone, coupable désignée des dommages accrus
Menée par l'Université de Gothenburg en Suède, cette nouvelle étude pointe du doigt l'hormone sexuelle masculine, la fameuse testostérone, comme principal responsable de cette différence entre les sexes. Les chercheurs ont en effet constaté que la testostérone renforce la réponse inflammatoire déclenchée par le cœur après un infarctus, ce qui aggrave les lésions cardiaques.
Pour arriver à cette conclusion, l'équipe a provoqué des crises cardiaques chez des souris mâles et femelles en bloquant temporairement une artère coronaire. Résultat : 24h après, les mâles présentaient un taux de globules blancs "neutrophiles" plus élevé dans le sang, signe d'une inflammation plus marquée, ainsi que des zones d'infarctus plus étendues que les femelles.
Un taux de testostérone 15 fois plus élevé chez les mâles
Autre constat frappant : à 24h, le taux de testostérone des souris mâles était 15 fois supérieur à celui des femelles. Un écart comparable à celui observé chez l'humain, où les hommes ont en moyenne des taux 10 fois plus hauts que les femmes. Pour confirmer le lien avec l'inflammation post-infarctus, les chercheurs ont comparé des souris mâles castrées, donc avec peu de testostérone, à des non-castrées. Bingo : les castrées avaient moins de neutrophiles et des lésions réduites. Et l'injection de testostérone inversait cet effet protecteur.
Le tocilizumab, un traitement prometteur
Mais l'étude ne s'arrête pas là. Elle ouvre aussi une piste thérapeutique innovante avec le tocilizumab, un médicament utilisé contre la polyarthrite rhumatoïde. Ce dernier bloque les récepteurs de l'interleukine-6, une molécule signal qui active la réponse immunitaire et donc l'inflammation. Testé chez des patients subissant un premier infarctus, le tocilizumab a réduit le taux de neutrophiles et la taille des lésions, et ce de façon plus marquée chez les hommes que les femmes !
Notre étude montre comment la testostérone affecte les neutrophiles via un mécanisme jusqu'ici inconnu. Ces résultats illustrent l'importance de considérer les différences entre les sexes, à la fois dans la recherche et les soins. Si on les néglige, les traitements risquent d'être moins efficaces, surtout pour les femmes, souvent sous-représentées dans les études.
– Åsa Tivesten, professeure de médecine à l'Université de Gothenburg et auteure principale de l'étude
Une différence hommes-femmes qui s'explique donc par l'action de la testostérone sur l'inflammation, un mécanisme complexe et fascinant que cette étude suédoise contribue à décrypter. Avec à la clé, l'espoir d'une prise en charge plus personnalisée des infarctus grâce à des traitements anti-inflammatoires comme le tocilizumab. De quoi réduire les séquelles cardiaques et améliorer le pronostic, notamment chez les hommes, premières victimes des attaques sévères.
En bref : les points clés à retenir
- Les crises cardiaques provoquent plus de dégâts chez les hommes que les femmes
- La testostérone, hormone masculine, est impliquée dans ces différences
- Elle aggrave la réponse inflammatoire et les lésions cardiaques post-infarctus
- Un anti-inflammatoire, le tocilizumab, réduit ces dommages surtout chez les hommes
- L'étude souligne l'importance de prendre en compte le sexe dans la recherche et les soins
Des travaux prometteurs qui ouvrent la voie à une meilleure compréhension des disparités hommes-femmes face aux maladies cardiovasculaires, et à des traitements plus ciblés pour en limiter les conséquences. Un bel exemple de recherche translationnelle, du laboratoire au chevet des patients, pour un bénéfice concret en termes de santé publique.