EDF Mise sur des Technologies Éprouvées pour son SMR Nuward
Qui aurait pu prédire qu'en 2024, l'avenir du nucléaire français se jouerait sur un pivot stratégique ? C'est pourtant bien le virage qu'a choisi d'emprunter EDF pour son ambitieux projet de petit réacteur modulaire (SMR) baptisé Nuward. Fini les innovations technologiques audacieuses, place désormais aux solutions éprouvées pour donner vie à cette nouvelle génération de réacteurs compacts.
Un changement de braquet pour Nuward
Lancé en 2017, Nuward devait initialement s'appuyer sur des choix technologiques innovants et propres à EDF, comme des générateurs de vapeur intégrés dans la cuve. Mais ce 1er juillet, l'énergéticien a confirmé un changement de cap majeur, annonçant vouloir désormais construire Nuward exclusivement à partir de briques technologiques éprouvées. Un virage à 180 degrés qui, selon EDF, "offrira de meilleures conditions de réussite en facilitant la faisabilité technique".
Concrètement, cela signifie que Nuward ne cherchera plus à révolutionner le design des SMR, mais misera plutôt sur des solutions ayant déjà fait leurs preuves, notamment la technologie de réacteur à eau pressurisée (REP) utilisée dans le parc nucléaire français actuel. Un choix pragmatique pour simplifier le développement et accélérer la mise sur le marché de ce réacteur compact de 340 MWe.
Les SMR, un enjeu stratégique pour la France
Ce repositionnement intervient alors que la France mise gros sur les petits réacteurs modulaires pour relancer sa filière nucléaire. Nuward bénéficie ainsi de plusieurs aides d'État, comme les 50 millions d'euros octroyés en 2020 dans le cadre du plan France Relance ou les 500 millions prévus via France 2030. L'objectif : poser le premier béton d'un SMR sur le sol français d'ici 2030.
"Nous voulons être leader du nucléaire de demain, et cela passe par le développement des petits réacteurs modulaires", affirmait en 2021 le président Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron
Un leadership que se disputent plusieurs projets hexagonaux, Nuward en tête. Mais aussi celui de la startup Jimmy, qui veut produire en série des micro-réacteurs pour remplacer les chaudières à gaz industrielles. Ou encore les réacteurs à sels fondus de Thorizon, qui lorgne un site près de Lyon.
Le CEA muscle ses moyens d'essai pour les SMR
Signe de cet engouement, le CEA a récemment inauguré sur son site de Cadarache un nouveau banc d'essai baptisé Everest, dédié à la sûreté passive des SMR. De quoi épauler les concepteurs comme Nuward dans la validation de leurs choix techniques.
Avec sa nouvelle feuille de route "low tech", EDF espère ainsi limiter les risques et accélérer le développement de son petit réacteur Nuward. Un pari industriel audacieux, qui pourrait bien façonner le visage du nucléaire français des prochaines décennies. Les cartes sont rebattues, mais une chose est sûre : la course aux SMR ne fait que commencer !