EDF relève le défi de la production des turbines Arabelle pour les EPR2
Le 31 mai dernier, EDF a franchi une étape décisive dans sa stratégie de maîtrise de la chaîne de valeur du nucléaire. L'électricien français a en effet pris le contrôle des activités nucléaires de General Electric, héritées d'Alstom. Parmi ces activités figure un joyau : la production des turbines Arabelle dans l'usine de Belfort, en Bourgogne-Franche-Comté.
Ces turbines, les plus puissantes au monde, équipent les dernières générations de réacteurs nucléaires français de type EPR mais aussi les VVER russes de Rosatom. En reprenant leur fabrication, EDF s'assure un contrôle stratégique sur un composant clé de la filière.
Un enjeu de souveraineté énergétique
Cette opération s'inscrit dans la lignée de la prise de contrôle par EDF de Framatome en 2015, le concepteur de réacteurs et fabricant de composants nucléaires comme les cuves ou les générateurs de vapeur. Une demande expresse du gouvernement français, soucieux de renforcer la souveraineté énergétique du pays.
Avec ces acquisitions, EDF se retrouve aux commandes de la production de l'ensemble des éléments critiques des futurs EPR2 qui seront construits en France, mais aussi de ceux destinés à l'export, notamment au Royaume-Uni. Un positionnement stratégique mais aussi un défi industriel de taille.
Relancer une filière en perte de vitesse
Car la filière nucléaire française n'est plus organisée pour produire des réacteurs en série comme dans les années 1980. Pour tenir la cadence annoncée de deux EPR par an, des investissements massifs seront nécessaires pour moderniser et renforcer les capacités de production.
EDF va devoir relever ce challenge pour ses nouveaux actifs, à commencer par l'usine Arabelle de Belfort qui emploie 3300 personnes dont 2500 en France. La nouvelle filiale créée pour l'occasion, Arabelle Solutions, aura pour président Bernard Fontana, également à la tête de Framatome.
Investir pour l'avenir du nucléaire français
Si la tâche s'annonce ardue, elle est indispensable pour permettre le renouveau du nucléaire français, une filière d'excellence reconnue mondialement. En prenant le contrôle direct de la production des composants les plus critiques, EDF se donne les moyens de ses ambitions.
Les investissements consentis bénéficieront à l'ensemble de la filière et participeront à la réindustrialisation des territoires. Ils permettront aussi d'exporter le savoir-faire tricolore à l'international, à l'heure où de nombreux pays misent sur l'atome pour décarboner leur mix énergétique.
Avec cette acquisition stratégique, EDF franchit une nouvelle étape dans la consolidation d'une filière nucléaire française intégrée et tournée vers l'avenir.
Luc Rémont, PDG d'EDF
Un avenir qui passera par la construction des six EPR2 annoncés par le président Emmanuel Macron, mais aussi potentiellement par le développement de petits réacteurs modulaires (SMR). Des technologies d'avenir pour lesquelles la maîtrise de la production des composants les plus stratégiques sera un atout indéniable.
Les turbines Arabelle, fleurons de la technologie française
Conçues initialement par Alstom, les turbines Arabelle sont de véritables prouesses technologiques. Avec une puissance de 1650 MW, elles comptent parmi les plus puissantes au monde pour la production d'électricité.
Leur rendement exceptionnel permet d'optimiser la production d'électricité tout en réduisant la consommation de combustible et les rejets. Des atouts qui en font un élément incontournable des réacteurs nucléaires de troisième génération comme l'EPR.
- Puissance de 1650 MW
- Rendement optimisé
- Réduction de la consommation de combustible
- Diminution des rejets
En maîtrisant la production de ce composant critique au sein d'Arabelle Solutions, EDF s'assure un approvisionnement fiable et sécurisé pour les futurs chantiers nucléaires français et à l'export. Un élément stratégique pour tenir les délais et les coûts des projets.
Un nouveau chapitre pour la filière nucléaire française
Avec la prise de contrôle de la production des turbines Arabelle, c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre pour EDF et la filière nucléaire française. Un chapitre placé sous le signe de la souveraineté industrielle et technologique, pour répondre aux défis énergétiques et climatiques du 21e siècle.
L'électricien se donne ainsi les moyens de ses ambitions, en consolidant une filière d'excellence tournée vers l'avenir. Avec en ligne de mire, la construction des six nouveaux EPR2 promis par le gouvernement mais aussi le développement de nouvelles technologies comme les SMR.
En reprenant la main sur un maillon essentiel de la chaîne de valeur du nucléaire, EDF renforce son positionnement sur un marché mondial en pleine expansion. Et contribue à faire rayonner le savoir-faire français dans un secteur hautement stratégique.