Elon Musk Opte pour l’IA Grok : Confidentialité en Péril ?
Une nouvelle inquiétante vient secouer le monde numérique : X, anciennement Twitter, aurait discrètement modifié ses paramètres par défaut pour inclure les données utilisateurs dans l'entraînement de son IA conversationnelle Grok. Un changement repéré par des internautes vigilants ce vendredi, qui soulève des questions cruciales sur le respect de la confidentialité et de la réglementation en vigueur. Le régulateur irlandais, en charge de la supervision de X au regard du RGPD européen, s'est dit "surpris" par cette initiative et a demandé des comptes à l'entreprise d'Elon Musk.
Grok, l'IA conversationnelle nourrie aux données utilisateurs
Grok, c'est le nom de l'intelligence artificielle développée par X pour concurrencer ChatGPT d'OpenAI. Mais avec une différence de taille : moins de rectitude politique et plus d'humour revendiqués. Pour muscler son modèle, Elon Musk semble avoir choisi une méthode expéditive : se servir allègrement dans les données générées par les utilisateurs de sa plateforme. Des posts aux interactions en passant par les résultats de recherche, tout est bon pour entraîner Grok, sans qu'un consentement explicite n'ait été recueilli au préalable.
Les plus avisés peuvent désactiver ce partage de données intrusif via les paramètres de leur compte. Mais le mal est fait : combien ont vu passer cette case pré-cochée autorisant X à exploiter leurs contenus et comportements ? Une opacité qui passe mal à l'heure où les géants de la tech sont sommés de jouer la transparence sur leurs pratiques en matière de collecte et d'usage des données personnelles.
Quid du respect du RGPD européen ?
C'est justement sur ce terrain réglementaire que X pourrait se retrouver en difficulté. Car si l'entreprise est soumise aux lois californiennes sur son sol, elle doit aussi rendre des comptes aux autorités européennes dès lors que des citoyens de l'UE sont concernés. La Commission irlandaise de protection des données (DPC), qui supervise X au titre du RGPD, a fait part de sa "surprise" et a demandé des explications.
La DPC a échangé avec X sur ce sujet pendant plusieurs mois, notre dernière interaction remontant à hier. Nous sommes donc surpris par les développements d'aujourd'hui. Nous avons relancé X et attendons une réponse.
Graham Doyle, Commissaire adjoint de la DPC
Le RGPD exige en effet un consentement libre et éclairé pour tout traitement de données personnelles. Un opt-out noyé dans les méandres des CGU ne saurait constituer une base légale suffisante. X va devoir démontrer sa conformité au risque de s'exposer à des sanctions pouvant atteindre 4% de son chiffre d'affaires mondial. Un casse-tête de plus pour Elon Musk, déjà empêtré dans les polémiques.
Entre course à l'IA et respect de la vie privée, l'équation impossible ?
Car au-delà du cas X/Grok, c'est toute l'industrie de l'IA qui se retrouve face à un dilemme cornélien. D'un côté, la nécessité de nourrir des modèles toujours plus vastes et performants pour rester dans la course effrénée à l'innovation. De l'autre, l'impératif éthique et légal de préserver la confidentialité et l'autodétermination des individus sur leurs données.
Meta a déjà dû mettre en pause ses velléités d'exploiter les contenus d'Instagram et Facebook pour entraîner son IA face au tollé suscité. Google assure de son côté avoir renoncé à utiliser les données de ses utilisateurs pour muscler ses modèles de langage. Mais tous les acteurs ne font pas preuve de la même retenue, loin de là.
À l'heure où l'Europe planche sur un futur règlement sur l'intelligence artificielle pour tenter d'endiguer les dérives, l'affaire X/Grok rappelle l'urgence de tracer des lignes rouges. Pour que la révolution de l'IA ne se fasse pas au détriment de nos libertés fondamentales. Un défi aussi crucial que complexe, qui nous concerne tous.
