Emballages écoresponsables : le casse-tête des fibres végétales
Face à l'urgence environnementale, les industriels rivalisent d'ingéniosité pour proposer des alternatives durables aux emballages plastiques à usage unique. Les matériaux biosourcés, issus de fibres végétales comme la bagasse de canne à sucre, le carton ondulé ou le papier kraft, s'imposent comme la nouvelle tendance. Mais sont-ils vraiment à la hauteur des attentes en termes de sécurité et d'impact écologique ? Une récente étude de l'association de consommateurs CLCV vient jeter un pavé dans la mare et appelle à la vigilance.
Des emballages pas si verts ?
Dans son rapport publié le 7 janvier, la CLCV a passé au crible la composition de plusieurs emballages alimentaires à base de fibres végétales destinés à la restauration à emporter. Barquettes en bagasse, boîtes à pizzas en carton, pots à soupes en kraft... Si ces alternatives se veulent plus écologiques que le plastique honni, les tests révèlent quelques zones d'ombres :
- Présence de substances potentiellement nocives comme le bisphénol A, les composés fluorés (PFAS) ou une couche de polyéthylène.
- Allégations trompeuses sur le caractère "vert" ou biodégradable des emballages.
- Matériaux compromettant le recyclage en bout de chaîne.
Si aucune infraction à la réglementation n'est constatée, ces résultats montrent que le remplacement du plastique par des fibres végétales n'est pas une panacée. Le problème viendrait notamment d'une mauvaise articulation entre le règlement européen REACH sur les substances chimiques et celui sur les matériaux au contact des aliments, conduisant à la présence de composés indésirables.
Le réemploi, seule alternative durable ?
Pour la CLCV, la solution n'est pas dans la course aux nouveaux matériaux mais dans un changement de modèle :
Face aux limites des emballages à usage unique, qu'ils soient en plastique ou en fibres végétales, la seule alternative réellement durable est le réemploi et le zéro déchet.
CLCV
L'association appelle les pouvoirs publics à améliorer la réglementation sur les emballages pour mieux encadrer les alternatives, et les industriels à privilégier les systèmes de consigne et réemploi. Une prise de position alors que le nouveau règlement européen sur les Emballages et Déchets d'Emballages (PPWR) vient d'être adopté, avec des objectifs ambitieux de réduction des déchets.
Les startups en première ligne sur le zéro déchet
Dans ce contexte, les startups sont nombreuses à se positionner sur le créneau porteur du zéro déchet et du réemploi. On peut citer par exemple :
- Uzaje et ses contenants consignés pour la vente à emporter
- Pyxo qui propose une solution clé en main de vaisselle réutilisable pour les restaurateurs
- Ou encore La Consigne qui déploie un réseau de Points consignes en magasins pour le réemploi des contenants.
Des initiatives innovantes qui prouvent que le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas. Face aux désillusions des biomatériaux, les jeunes pousses misent sur la création de nouvelles habitudes de consommation plus durables. Un virage qui semble incontournable pour sortir enfin du tout jetable et entrer dans l'économie circulaire.
Repenser l'emballage de demain
L'étude de la CLCV a le mérite de pointer les limites des solutions miracles et la nécessité d'aborder le sujet de l'emballage dans sa globalité. Plus qu'une question de matériau, c'est tout le modèle qu'il faut repenser en commençant par le réemploi et la réduction des déchets à la source.
Cela passe par une éco-conception repensée, des systèmes logistiques adaptés et surtout un changement de mentalités. Les industriels comme les consommateurs ont un rôle à jouer pour sortir de la spirale du jetable. Les alternatives biosourcées ne sont qu'une partie de la solution, qui ne doit pas occulter l'objectif prioritaire : produire moins de déchets.
Un défi majeur qui nécessite l'implication de tous les acteurs, des pouvoirs publics aux startups en passant par les géants de l'agroalimentaire et de la distribution. Le chemin est encore long mais les lignes commencent à bouger, preuve que l'ère du "tout plastique" touche à sa fin. Place maintenant à l'innovation et à la créativité pour réinventer durablement nos modes de consommation !