Energy Observer : Cap sur les Carburants de Synthèse
Imaginez un navire qui ne rejette aucune émission, capable de produire lui-même son hydrogène à partir d'eau de mer et d'énergie solaire. C'est le pari fou que s'est lancé Energy Observer il y a 7 ans. Après un tour du monde riche en enseignements, l'équipage mené par Victorien Erussard est de retour à Saint-Malo, le port d'attache de ce catamaran hors normes. Mais hors de question de jeter l'ancre : de nouveaux projets ambitieux sont déjà à l'horizon pour démontrer le potentiel des énergies propres dans le secteur maritime.
D'un Navire-Labo à un Observatoire de l'Énergie
Construit sur la base d'un catamaran de course, Energy Observer est devenu au fil des ans un véritable laboratoire flottant des technologies zéro émission. Hydrogène, panneaux solaires, batteries, piles à combustible, ailes de traction : toutes les innovations les plus prometteuses y ont été testées en conditions réelles, des alizés tropicaux aux 40es rugissants. Fort de ces apprentissages, Victorien Erussard souhaite partager cette expérience avec le grand public. Le catamaran sera donc exposé à Saint-Malo dans un Observatoire de l'Énergie, un lieu d'échanges et de sensibilisation sur les solutions énergétiques d'avenir.
EO2 : le Pari de l'Hydrogène Liquide
Mais Energy Observer ne compte pas se transformer en musée pour autant. En 2022 a été lancé le projet EO2, un cargo propulsé par un moteur de 4,8 MW alimenté à l'hydrogène liquide. Un défi colossal qui nécessitera des investissements de 100 millions d'euros. Stocker ce carburant à -253°C pour assurer une autonomie de 2 semaines en mer est une première mondiale. Sans oublier la création des infrastructures d'avitaillement dans les ports. EOConcept, bureau d'études dédié, planche sur ce navire du futur qui pourrait être mis à l'eau en 2026.
Des Carburants de Synthèse avec EO3
Convaincu que l'hydrogène seul ne suffira pas à décarboner le transport maritime, l'équipage d'Energy Observer envisage déjà l'après EO2. Un troisième navire, EO3, servira ainsi de démonstrateur pour les carburants de synthèse comme l'e-méthanol ou l'ammoniac vert. Dix briques technologiques y seront intégrées avec l'objectif d'une mise à l'eau en 2026 également.
Nous voulons tester d'autres alternatives aux carburants fossiles en conditions réelles avec Energy Observer 3.
– Victorien Erussard, Capitaine d'Energy Observer.
Les Leçons de l'Odyssée Energy Observer
Au-delà de ces nouveaux projets, Energy Observer 1 a déjà permis des avancées majeures, fruit de l'expérience accumulée en navigation :
- Validation des panneaux solaires marins nouvelle génération.
- Marinisation d'un système hydrogène complet (production, stockage, utilisation).
- Optimisation des ailes de propulsion Oceanwings.
- Insuffisance des éoliennes et de la production d'hydrogène à bord.
Derrière la prouesse technologique, c'est bien un message d'espoir qu'a porté Energy Observer lors de ses 101 escales autour du globe. Celui d'une transition énergétique à notre portée, y compris dans un secteur aussi dépendant des énergies fossiles que le transport maritime. Un nouveau chapitre s'ouvre désormais, avec Saint-Malo comme port d'attache d'innovations toujours plus audacieuses. Prochaine étape : les carburants verts du futur !