EnergyX lève 75M$ auprès de petits investisseurs après un tour auprès de GM
Trouver suffisamment de fonds pour concrétiser la vision d'une startup est le défi numéro un de presque tous les entrepreneurs. Si pour la plupart, cela implique de courtiser sans relâche les grands noms du capital-risque, Teague Egan, le fondateur d'EnergyX, a choisi une approche complémentaire en se tournant aussi vers les petits porteurs.
75 millions de dollars levés auprès du grand public
EnergyX, qui développe un procédé innovant d'extraction du lithium contenu dans les eaux souterraines, cumule déjà plus de 90 millions de dollars levés auprès d'investisseurs traditionnels comme GM Ventures, Posco ou Eni Next. Mais la société vient aussi de boucler une levée de 75 millions de dollars réalisée auprès d'investisseurs particuliers, portant le total obtenu du grand public à plus de 80 millions.
Cette opération "démocratise l'investissement" selon Egan, et "retire un peu de pouvoir aux capital-risqueurs qui cherchent toujours à vous imposer leurs conditions". Elle a été rendue possible par le Regulation A de la SEC, qui permet aux entreprises de lever jusqu'à 75 millions de dollars tous les 12 mois auprès d'investisseurs non-accrédités.
Un accès à l'investissement démocratisé, mais pas sans risques
Si le Regulation A est salué pour ouvrir l'investissement dans les startups prometteuses aux particuliers, il est aussi critiqué pour les exposer à des paris risqués. La startup de véhicules électriques solaires Aptera a ainsi levé plus de 120 millions de dollars ces dernières années via le crowdfunding, mais peine toujours à livrer ses premières voitures, pourtant promises depuis près de 15 ans.
Diversifier les sources de financement
Contrairement à Aptera pour qui le crowdfunding est vital faute d'attirer des VC, EnergyX a réussi à combiner investissements traditionnels et participatifs. Une stratégie payante pour Egan, qui a aussi envisagé une introduction en bourse via une SPAC avant d'y renoncer:
On doit générer des profits substantiels avant d'aller sur les marchés publics. Notre prochain objectif est un tour de Series C, puis on verra avec le board si une IPO a du sens pour lever plus de fonds et apporter de la liquidité aux premiers investisseurs.
– Teague Egan, PDG et Fondateur d'EnergyX
Vendre sa technologie et produire son lithium
Pour sécuriser son modèle, EnergyX mise sur une double approche. D'un côté, elle prévoit de vendre ses équipements d'extraction directe du lithium (DLE) à des géants comme Posco ou ExxonMobil. Mais consciente des longs cycles de vente d'outils industriels coûtant des centaines de millions, voire des milliards, elle compte aussi extraire et vendre elle-même le lithium.
L'entreprise a déjà sécurisé un bail pour explorer 90 000 acres au Chili et 15 000 acres supplémentaires au Texas. Des usines pilotes capables de produire 50 tonnes de lithium par an devraient être mises en service sur chaque site au premier semestre 2024, avant un passage à l'échelle industrielle espéré pour 2027.
Préserver son indépendance le plus longtemps possible
En attendant, les 75 millions levés auprès du public permettront à EnergyX de tenir au moins deux ans de plus. Et comme l'opération en Regulation A retire un peu de pression pour lever rapidement auprès de VC gourmands en actions de préférence et sièges au board, Egan espère garder les rênes plus longtemps :
Un très fort pourcentage de fondateurs se font virer par leurs investisseurs. Ce n'est pas ce que je veux.
– Teague Egan, PDG et Fondateur d'EnergyX
Avec encore 47% des parts d'EnergyX, Teague Egan a effectivement de la marge. Mais dans une industrie aussi capitalistique que l'extraction minière, même avec le soutien des petits porteurs, difficile d'imaginer qu'il puisse éviter à terme de nouvelles levées de fonds massives. Le succès d'EnergyX dépendra de sa capacité à industrialiser son procédé à temps pour répondre à l'explosion de la demande en lithium des véhicules électriques.