Epic poursuit Google et Samsung en justice aux États-Unis
La guerre fait rage dans l'univers mobile entre les géants de la tech et les éditeurs d'applications tierces. Dernier épisode en date : Epic Games, créateur du célèbre jeu Fortnite, vient de saisir la justice américaine contre Google et Samsung. Le studio les accuse de s'être ligués pour entraver le développement de son propre magasin d'apps, l'Epic Games Store, lancé en grande pompe en août dernier.
Google et Samsung, une entente préjudiciable ?
Selon la plainte déposée par Epic, Google et Samsung auraient noué des accords commerciaux visant à verrouiller la concurrence sur le marché de la distribution d'applications Android. Des pratiques qui dureraient depuis plusieurs années et qui auraient connu un récent durcissement, étrangement synchronisé avec l'arrivée de l'Epic Games Store sur Android.
Principale pierre d'achoppement : l'Auto Blocker, une fonctionnalité introduite l'an dernier par Samsung sur ses smartphones Galaxy et activée par défaut depuis juillet. Celle-ci bloque purement et simplement l'installation d'apps provenant de sources non autorisées... en l'occurrence, toute boutique autre que le Google Play Store et le Galaxy Store !
Une manœuvre pour semer la peur ?
Certes, il reste possible de contourner ce blocage en modifiant manuellement les paramètres. Mais l'utilisateur se voit alors assommer d'un message alarmiste sur les risques de sécurité encourus. Pour Epic, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une manœuvre concertée pour instiller la peur et décourager le téléchargement sur sa boutique alternative.
Google et Samsung ont une longue histoire d'accords commerciaux visant à restreindre la concurrence dans la distribution des applications Android.
– Extrait de la plainte d'Epic Games
En toile de fond, la crainte de voir des développeurs choisir de distribuer leurs créations via l'Epic Games Store plutôt que par les canaux officiels de Google et Samsung, afin d'échapper aux commissions jugées exorbitantes prélevées par ces derniers.
Samsung invoque la sécurité, Epic n'y croit pas
De son côté, Samsung se défend en présentant son Auto Blocker comme un dispositif de protection des consommateurs contre les logiciels malveillants. Un argument auquel Epic ne croit pas une seconde. D'après le studio, les deux groupes disposaient déjà d'outils de scan préalable des applications. En outre, Samsung n'offrirait aucun moyen de devenir une "source autorisée", quel que soit le sérieux de l'opérateur tiers.
Google déjà condamné pour abus de position dominante
Ce n'est pas la première fois qu'Epic s'attaque aux géants de la tech mobile. L'an passé, le développeur de Fortnite avait déjà obtenu gain de cause face à Google, reconnu coupable par un tribunal californien d'abus de position dominante dans la distribution d'apps Android. La justice doit encore statuer sur les remèdes à imposer.
Mais cette fois, Epic compte aller plus loin en démontrant une véritable collusion entre Google et Samsung. S'il n'a pas encore de preuves tangibles, le studio espère en obtenir au cours de la procédure, notamment en accédant aux échanges entre dirigeants des deux groupes. Affaire à suivre, donc.
L'enjeu crucial des boutiques d'applications
Au delà du face-à-face judiciaire, ce dossier illustre l'importance stratégique des magasins d'applications mobiles. Véritables portes d'entrée du monde applicatif, ils représentent un enjeu économique et technologique majeur. Avec des milliards de smartphones en circulation, le contrôle de l'accès aux apps est synonyme de substantiels revenus.
Mais la situation de quasi-monopole de Google et Apple, qui règnent sans partage sur leurs écosystèmes respectifs, suscite une grogne croissante. Éditeurs et autorités y voient un frein à la concurrence et à l'innovation. Dans ce contexte, l'offensive d'Epic prend une dimension qui dépasse largement le seul cas Fortnite. C'est tout le modèle des boutiques d'apps mobiles qui est remis en question.
