Éric Trappier : L’Homme Derrière le Succès du Rafale
Saviez-vous que derrière chaque décollage d’un Rafale à l’étranger se cache une histoire de ténacité et de vision ? Au cœur de cette épopée, un homme discret mais déterminé : Éric Trappier. À 65 ans, ce patron d’exception vient de prendre les rênes du Groupe industriel Marcel Dassault, après avoir transformé Dassault Aviation en un champion de l’exportation militaire. Mais comment un ingénieur entré dans l’entreprise à 24 ans a-t-il réussi à faire voler le drapeau tricolore aussi loin ?
Un Parcours Hors Norme au Service de l’Innovation
L’histoire d’Éric Trappier, c’est d’abord celle d’une fidélité rare. Diplômé de Télécom SudParis, il rejoint Dassault Aviation en 1984, à une époque où l’entreprise familiale cherchait à consolider sa place dans un secteur ultra-concurrentiel. Pendant près de quatre décennies, il gravit les échelons, apprenant les rouages de l’aéronautique sous toutes ses facettes. En 2013, il devient directeur général, un poste qu’il conserve aujourd’hui tout en endossant la présidence du groupe depuis janvier 2025.
Ce qui frappe chez lui, c’est sa capacité à conjuguer rigueur technique et ambition stratégique. Sous son impulsion, Dassault n’a pas seulement survécu aux bouleversements de l’industrie : l’entreprise s’est imposée comme un acteur incontournable sur la scène mondiale. Mais son plus grand coup d’éclat reste incontestablement le Rafale, cet avion de combat qui a redéfini les standards de la défense moderne.
Le Rafale : Une Victoire à l’Export
Avant 2015, le Rafale était souvent moqué comme un bijou technologique invendable à l’étranger. Éric Trappier a renversé ce cliché. Cette année-là, il orchestre la première vente majeure à l’export : **24 appareils commandés par l’Égypte**. Un succès qui ouvre la voie à une série de contrats prestigieux avec des pays comme le Qatar, l’Inde ou encore les Émirats arabes unis. Aujourd’hui, avec un carnet de commandes de **220 Rafale**, dont 164 destinés à l’export, Dassault assure une décennie de production.
« Le Rafale, c’est une vitrine de l’excellence française, mais aussi une arme diplomatique. »
– Éric Trappier, lors d’une interview en 2024
Cette réussite ne doit rien au hasard. Trappier a su saisir les opportunités géopolitiques, négocier avec finesse et adapter la production aux exigences internationales. Résultat : la France se hisse régulièrement parmi les leaders mondiaux des exportations d’armement, un exploit qui repose en grande partie sur ses épaules.
Les Défis d’une Production en Accélération
Avec une telle demande, Dassault doit désormais relever un défi colossal : accélérer ses cadences. En 2023, l’entreprise livrait 13 Rafale. En 2024, ce chiffre est passé à 21. Pour 2025, l’objectif oscille entre **25 et 30 appareils**, avec une ambition affichée de grimper à quatre, voire cinq par mois si nécessaire. Une montée en puissance qui exige des ajustements logistiques et industriels majeurs.
Entre les besoins de l’armée française et ceux des clients étrangers, Éric Trappier doit jongler avec des priorités parfois contradictoires. Chaque avion livré est un puzzle complexe, impliquant des milliers de pièces et une coordination sans faille. Pourtant, il reste confiant, porté par une vision claire : faire du Rafale un symbole durable de l’industrie française.
Un Leader aux Multiples Casquettes
Éric Trappier ne se contente pas de diriger Dassault. Il préside également l’Union des industries et métiers de la métallurgie (**UIMM**), une fédération regroupant plus de 40 000 entreprises. À ce titre, il défend une industrie forte et compétitive, plaidant pour une plus grande autonomie des partenaires sociaux face à l’État. Une position qui reflète sa philosophie : pragmatisme et indépendance.
Son influence dépasse ainsi les murs de Dassault. En pleine transition écologique et numérique, il incarne une figure de stabilité dans un secteur en mutation. Mais comment concilie-t-il ces rôles multiples sans perdre de vue ses objectifs ?
Une Transition en Douceur avec Charles Edelstenne
La nomination de Trappier à la tête du groupe marque aussi la fin d’une ère. Charles Edelstenne, qui avait succédé à Serge Dassault en 2018, cède sa place à 87 ans pour devenir président d’honneur. Une passation symbolique, saluée par la famille Dassault comme un hommage à sa carrière exceptionnelle. Edelstenne laisse derrière lui un héritage solide, que Trappier s’engage à perpétuer tout en le modernisant.
Ce passage de relais, annoncé dès février 2024, illustre une continuité dans la gouvernance. Mais il met aussi en lumière la confiance placée en Trappier pour porter l’entreprise vers de nouveaux horizons. Une mission qu’il aborde avec sérénité, fort de son expérience.
L’Innovation au Cœur de la Stratégie
Si le Rafale domine aujourd’hui, c’est grâce à une obsession : l’innovation. Sous la direction de Trappier, Dassault investit massivement dans la recherche et le développement. Chaque appareil intègre des technologies de pointe, du radar à la furtivité, qui le rendent unique. Cette avance technologique est un argument clé pour séduire les marchés étrangers.
Mais l’innovation ne s’arrête pas là. Trappier pousse aussi pour une industrie plus durable, intégrant des procédés éco-responsables dans la production. Un pari audacieux dans un secteur souvent critiqué pour son empreinte carbone, mais qui pourrait redéfinir l’avenir de l’aéronautique militaire.
Un Équilibre entre Défense Nationale et Marchés Mondiaux
Diriger Dassault, c’est aussi naviguer entre deux mondes. D’un côté, les commandes de l’armée française, pilier historique de l’entreprise. De l’autre, une clientèle internationale toujours plus exigeante. Trappier excelle dans cet exercice, trouvant des synergies pour satisfaire les deux sans compromettre la souveraineté nationale.
Les succès à l’export ont un effet domino : ils renforcent la crédibilité de la France sur la scène diplomatique. Chaque contrat signé est une victoire pour l’industrie, mais aussi pour la politique étrangère. Un double jeu que Trappier maîtrise avec brio.
Les Prochains Défis à Relever
Pourtant, tout n’est pas gagné. La concurrence s’intensifie, avec des acteurs comme Lockheed Martin ou Boeing qui dominent le marché mondial. Dassault doit aussi composer avec des tensions géopolitiques imprévisibles, qui pourraient freiner certains contrats. Enfin, la transition écologique impose de repenser les modèles de production à long terme.
Face à ces enjeux, Trappier mise sur une stratégie claire :
- Accélérer les cadences tout en maintenant la qualité.
- Investir dans des technologies disruptives.
- Renforcer les partenariats internationaux.
Ces axes dessinent l’avenir de Dassault sous son règne. Mais jusqu’où pourra-t-il emmener le Rafale et le groupe ?
Un Héritage en Construction
À 65 ans, Éric Trappier n’est pas prêt de raccrocher. Son parcours, jalonné de succès, témoigne d’une détermination sans faille. En faisant du Rafale une icône mondiale, il a redonné ses lettres de noblesse à l’industrie française. Mais son ambition va plus loin : il veut bâtir un groupe résilient, capable de relever les défis du XXIe siècle.
Son histoire rappelle que derrière chaque innovation, il y a des hommes et des femmes qui osent voir grand. Trappier est de ceux-là. Et si son nom reste encore discret pour le grand public, dans les cercles de l’aéronautique, il résonne déjà comme une légende en devenir.
Alors, quel sera le prochain chapitre de cette saga industrielle ? Une chose est sûre : avec Éric Trappier aux commandes, Dassault n’a pas fini de nous surprendre.