Fabentech – 20 millions d’euros pour combattre les virus
Imaginez un instant qu'un nouveau virus mortel et très contagieux émerge quelque part dans le monde. Pendant que les laboratoires s'activent pour développer un vaccin spécifique, qui prendra de longs mois, ce pathogène inconnu se propage à toute vitesse, menaçant des millions de vies. C'est exactement le scénario cauchemardesque auquel veut se préparer l'Union Européenne, en misant notamment sur les biotechs les plus innovantes, comme la société lyonnaise Fabentech.
20 millions d'euros pour un bouclier sanitaire européen
La Commission européenne vient en effet d'octroyer un prêt de 20 millions d'euros à Fabentech, via la Banque européenne d'investissement (BEI). Une première pour l'agence Hera, créée dans le sillage de la pandémie de Covid-19 pour renforcer l'autonomie sanitaire du Vieux Continent. Sur une enveloppe totale de 100 millions d'euros, Fabentech est la première lauréate, preuve de l'intérêt que suscite sa technologie unique au monde.
Des anticorps polyclonaux à large spectre
Fondée en 2009 à Lyon, Fabentech a mis au point une plateforme baptisée FabShield, capable de produire rapidement des traitements à base d'anticorps polyclonaux à très large spectre. Contrairement à un vaccin classique, ciblé sur un virus en particulier, ces anticorps sont capables de neutraliser de nombreuses menaces biologiques, connues ou inconnues, ainsi que leurs variants potentiels.
Notre technologie polyclonale à très large spectre permet de stocker des traitements dont la péremption va de 3 à 5 ans, ce qui offre une réponse immédiate en cas d'urgence épidémique.
Sébastien Iva, Président du Directoire de Fabentech
Grâce à ce financement européen, Fabentech va pouvoir accélérer le développement de 6 candidats-médicaments, dont un brevet en cours contre les grippes aviaires. L'objectif : constituer des stocks stratégiques d'antidotes à large spectre, prêts à l'emploi en cas de crise sanitaire majeure. De quoi gagner un temps précieux, là où il faut habituellement 2 ans pour développer un traitement de toutes pièces.
Cap sur l'Europe et le monde
Avec ce soutien de taille, Fabentech compte bien déployer sa technologie en Europe et dans le monde. Sa petite usine high-tech de Saint-Priest, dans le Rhône, va monter en puissance pour produire jusqu'à 80 litres de biomédicaments. De quoi viser un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros dès 2025, contre 3 millions aujourd'hui.
En plus des gouvernements, qui constituent ses premiers clients potentiels, la biotech lyonnaise lorgne aussi le marché de la défense. Elle travaille déjà avec l'armée française sur des contre-mesures médicales en cas d'attaque bioterroriste. Un segment très sensible, sur lequel son actionnaire Definvest, le fonds d'investissement du Ministère des Armées, pourrait lui ouvrir bien des portes.
Le pari de l'autonomie sanitaire européenne
Au-delà de cette pépite, c'est tout l'écosystème des biotechs européennes qui pourrait bénéficier de ce nouveau mécanisme de financement de l'agence Hera. Face aux géants américains et chinois, l'Europe veut rattraper son retard et bâtir une véritable autonomie sanitaire, avec des champions technologiques et industriels sur son sol.
Un pari ambitieux, qui passera par d'autres success stories comme Fabentech. Mais aussi par une coordination renforcée entre États-membres, agences réglementaires et industriels. Car c'est bien à l'échelle du continent que se jouera notre résilience collective face aux prochaines pandémies. L'avenir de notre santé est d'ores et déjà en train de s'écrire, dans les labos et les usines de nos territoires.
