Face aux cybermenaces, les JO de Paris 2024 renforcent leur sécurité informatique
À un an des Jeux olympiques de Paris 2024, la menace d'une vague de cyberattaques sans précédent plane sur l'événement sportif planétaire. Alors que la France sera sous les projecteurs du monde entier, les organisateurs et industriels impliqués anticipent jusqu'à quatre milliards de tentatives d'intrusion dans leurs systèmes informatiques, soit dix fois plus qu'aux JO de Tokyo en 2020.
Une organisation ultra-connectée, cible de choix pour les cybercriminels
Avec 15 000 athlètes, 20 000 journalistes accrédités et des dizaines de compétitions se déroulant simultanément, les Jeux olympiques représentent un défi organisationnel et technologique hors norme. Contrôle d'accès, gestion des transports, diffusion des résultats... Tout reposera sur des systèmes informatiques interconnectés, offrant autant de points d'entrée potentiels aux pirates.
Une multiplicité d'acteurs malveillants
Comme l'a souligné Vincent Strubel, directeur de l'Anssi, les attaques pourraient venir d'« acteurs étatiques cherchant à nuire à l'image de la France, du crime organisé voyant les JO comme une aubaine, ou encore de hacktivistes voulant profiter de la caisse de résonance médiatique ». Les cibles seront multiples, de la cérémonie d'ouverture aux partenaires industriels en passant par les services aux spectateurs et aux athlètes.
Parer à toutes les éventualités
Franz Regul, directeur cybersécurité des JO de Paris, travaille depuis quatre ans avec son équipe pour bâtir un dispositif de protection inédit. Outre le renforcement des systèmes de ses partenaires comme la RATP ou les grands équipementiers, des tests d'intrusion grandeur nature sont réalisés, comme ceux menés par des hackers éthiques chez le sponsor LVMH pour détecter toute faille exploitable.
Tout l'enjeu est d'être prêt à gérer une multitude de scénarios, du vandalisme numérique à l'attaque ciblée sophistiquée, pour garantir le bon déroulement des Jeux.
Franz Regul, directeur cybersécurité des JO de Paris 2024
L'ingénierie sociale, nouvelle arme des pirates
Parmi les menaces émergentes, Franz Regul pointe l'utilisation croissante de l'ingénierie sociale via les réseaux sociaux, où de fausses vidéos de personnalités créées par intelligence artificielle peuvent tromper la vigilance des internautes. Le risque de désinformation et de manipulation de l'opinion s'ajoute aux enjeux purement techniques.
Les industriels en première ligne
Au delà du comité d'organisation, ce sont les entreprises partenaires des JO qui constituent le maillon faible de la chaîne. Modifier l'affichage d'un panneau ou dérégler un système de climatisation pourrait suffire à perturber une épreuve. Les industriels, pas toujours au fait des risques cyber, ont dû mettre leurs infrastructures à niveau en un temps record.
Le pire scénario ? Être submergé d'attaques sans gravité mais très visibles médiatiquement, et passer à côté d'une intrusion plus sérieuse et discrète.
Vincent Strubel, directeur général de l'Anssi
Malgré l'ampleur de la menace, les experts se veulent rassurants sur la capacité de la France à relever le défi cyber des JO 2024. Et de rappeler que face à l'inévitable, la meilleure réponse reste souvent de garder son calme.
