Faire ses courses Instacart dans ChatGPT : la révolution
Vous êtes affalés dans votre canapé, il est 19 h 30, le frigo sonne creux et vous n’avez aucune envie de sortir. Vous ouvrez ChatGPT, tapez : « J’ai envie d’un poke bowl mais je n’ai plus de saumon ni d’avocat. L’IA vous répond en quelques secondes avec une recette, adapte les quantités pour deux personnes, vérifie les promotions du moment et… vous propose de commander tout ce qu’il manque via Instacart. Vous validez, et c’est livré dans l’heure. Science-fiction ? Non, réalité depuis le 8 décembre 2025.
ChatGPT devient votre assistant courses personnel (et payant)
OpenAI et Instacart viennent de franchir un cap décisif : transformer le chatbot le plus utilisé au monde en véritable concierge de courses alimentaires. Plus besoin de jongler entre dix applications. L’expérience est fluide, conversationnelle et, surtout, complète.
Le fonctionnement est d’une simplicité déconcertante. Vous discutez normalement avec ChatGPT. L’IA détecte une intention d’achat alimentaire, propose des idées de repas selon vos goûts, vos restrictions alimentaires ou ce que vous avez déjà chez vous, génère la liste précise, affiche les prix en temps réel d’Instacart et vous laisse valider le panier sans jamais quitter l’interface. Le paiement ? Directement intégré.
« Nous voulons que les gens fassent leurs courses comme ils parlent à un ami très organisé. »
– Fidji Simo, CEO Applications chez OpenAI et ancienne CEO d’Instacart
Un partenariat qui n’est pas né d’hier
L’histoire entre les deux entreprises dure depuis plus de deux ans. Dès 2023, Instacart avait intégré ChatGPT dans son application pour permettre de poser des questions en langage naturel (« Que puis-je faire avec des tomates et du poulet ? »). Mais cette fois, c’est l’inverse : c’est Instacart qui entre dans ChatGPT, et de plain-pied.
Le lien s’est encore resserré quand Fidji Simo, ancienne patronne d’Instacart et déjà membre du conseil d’administration d’OpenAI, a pris en mai 2025 la tête de la nouvelle division « Applications » chez OpenAI. Objectif affiché : transformer ChatGPT en super-app capable de réserver un hôtel, éditer une image ou… faire vos courses.
Le commerce « agentique », nouvelle frontière du shopping
Le terme barbare agentic commerce désigne simplement le fait de déléguer à une IA la recherche, la comparaison et même l’achat. OpenAI y voit l’un des piliers de sa rentabilité future. Car oui, malgré 10 millions d’abonnés payants, l’entreprise perd encore des milliards chaque année à cause du coût astronomique de l’inférence.
La recette ? Prendre une petite commission sur chaque transaction réalisée via ChatGPT. Le montant reste secret, mais il est qualifié de « modeste ». Reste à savoir si des millions de paniers Instacart, Target ou Uber Eats suffiront à combler le gouffre financier.
En attendant, les concurrents s’agitent. Perplexity a lancé ses propres recommandations produits juste avant les fêtes, Google prépare Gemini Shopping, et Amazon peaufine Rufus. La bataille du portefeuille conversationnel est lancée.
Ce que ça change concrètement pour vous
Voici, en vrac, ce que l’intégration permet dès aujourd’hui :
- Proposer des recettes en fonction du contenu réel de votre frigo (il suffit de le dire ou de prendre une photo)
- Adapter automatiquement aux allergies, régimes (keto, végan, sans gluten…)
- Comparer les prix entre plusieurs magasins Instacart de votre zone
- Ajouter les promotions et coupons en cours sans que vous ayez à les chercher
- Planifier les courses récurrentes (« tous les lundis du lait d’avoine et des bananes »)
- Payer avec Apple Pay, Google Pay ou carte enregistrée en un clic
Et tout ça en français, bien sûr, avec une compréhension quasi-parfaite des expressions familières (« j’ai la flemme de cuisiner compliqué »).
Et la protection des données dans tout ça ?
La question brûlante. OpenAI assure que les données de paiement restent chez Instacart et ne transitent jamais par ses serveurs. Les historiques de courses ne sont pas utilisés pour entraîner les modèles (sauf si vous cochez l’option, comme d’habitude). Reste que confier son alimentation quotidienne à une IA pose des questions éthiques nouvelles : profiling alimentaire, tentation d’achat impulsif, etc.
Certaines associations de consommateurs appellent déjà à la vigilance, mais pour l’instant le confort semble l’emporter.
Vers la fin des applications dédiées ?
Si l’expérience Instacart cartonne, on peut imaginer que d’autres catégories suivront rapidement : pharmacie (Walgreens ?), animalerie (Chewy), bricolage (Home Depot). À terme, pourquoi télécharger 50 applications quand un seul chatbot peut tout faire ?
Les experts prédisent qu’en 2027, plus de 30 % des achats en ligne pourraient passer par assistants vocaux ou conversationnels. Adobe table même sur +520 % de achats assistés par IA pour ces seules fêtes 2025.
Une chose est sûre : le soir où j’ai testé pour la première fois, j’ai commandé des sushis en discutant avec ChatGPT tout en regardant une série. Je n’ai même pas eu à sortir mon téléphone du mode Ne pas déranger. C’est à la fois génial… et un peu flippant.
Et vous, prêt(e) à laisser une IA faire vos courses ?