Féminisation des Écoles d’Ingénieurs : Les Efforts Portent Leurs Fruits
Alors que la réforme du baccalauréat de 2019 a entraîné une baisse significative du nombre de lycéennes choisissant les mathématiques et les sciences, les écoles d'ingénieurs françaises redoublent d'efforts pour maintenir leur attractivité auprès des jeunes femmes. Et leurs initiatives semblent porter leurs fruits, avec un taux de féminisation qui se maintient malgré tout.
Une Mobilisation Générale pour Attirer les Lycéennes
Face à l'inquiétude suscitée par la désaffection des lycéennes pour les filières scientifiques, les écoles d'ingénieurs n'ont pas attendu pour agir. Comme le souligne Amel Kefif, directrice générale de l'association Elles bougent, "nos partenaires de l'enseignement supérieur ont redoublé d'efforts pour attirer les jeunes femmes dans leurs établissements".
Hausse du nombre de portes ouvertes, interventions renforcées dans les lycées, participation à des salons, campagnes de publicité mettant en avant des ingénieures... Les initiatives se multiplient pour donner envie aux lycéennes de se projeter dans ces filières.
L'exemple de l'INSA Lyon
À l'INSA Lyon, les efforts semblent payer. Comme le précise Clémence Abry-Durand, chargée de mission Égalité de genre :
De 46% de femmes en première année avant la réforme, nous sommes tombés à 42% les deux années suivantes, puis remontés à 47% à la rentrée 2023.
Un rebond que l'école explique par une sélectivité accrue des candidates, qui "veulent vraiment devenir ingénieures".
Un Taux de Féminisation Stable à l'Échelle Nationale
Ce constat se vérifie à l'échelle nationale, avec 29,7% de femmes inscrites en cycle ingénieur à la rentrée 2023 selon le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, soit 0,2 point de plus que l'année précédente.
Si ce chiffre reste loin de la parité, il témoigne de la capacité des écoles à contenir l'impact de la réforme du bac. Un maintien rendu possible par une concentration des étudiantes dans certaines spécialités :
- 58,3% dans la filière agriculture et agroalimentaire
- 63,1% en chimie, génie des procédés et sciences de la vie
Des Inquiétudes Persistantes pour l'Avenir
Malgré ces résultats encourageants, les acteurs du secteur restent vigilants. Pour Mélanie Guenais, coordinatrice du Collectif maths & sciences :
La dynamique du tuyau percé que nous observons au lycée empêche toute marge de manœuvre pour augmenter le vivier de femmes pour les filières scientifiques de l'enseignement supérieur.
Un constat partagé par Emmanuel Duflos, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs, pour qui "même si les effets ne se ressentent pas encore en école d'ingénieurs, cette réforme a été un coup de grâce pour les jeunes femmes".
Face à ce risque, certains appellent à une nouvelle réforme pour revaloriser les mathématiques au lycée. D'autres, comme Amel Kefif, préconisent même un retour aux filières S, ES et L. Des pistes pour éviter un recul durable de la féminisation dans ces filières d'excellence, essentielles à l'égalité hommes-femmes dans le monde professionnel.
En attendant, les écoles d'ingénieurs poursuivent leurs efforts, conscientes que la bataille de l'attractivité auprès des jeunes femmes est loin d'être gagnée. Mais leur mobilisation prouve que même face à des vents contraires, la volonté d'avancer vers plus de mixité reste intacte.