Fermeture de TI Automotive : Quel Avenir pour l’Industrie ?
Imaginez une petite ville française, Nazelles-Négron, où le ronronnement des machines d’une usine rythmait la vie depuis plus de 50 ans. Soudain, le silence s’installe. Le 14 mars 2025, TI Automotive, un géant de l’équipement automobile, a annoncé la fermeture de son site en Indre-et-Loire d’ici l’été prochain. Pour les 156 salariés, c’est un coup dur, mais aussi une question brûlante : que faire face à cette vague de désindustrialisation qui touche la France ? Cet événement ne concerne pas seulement une usine ; il reflète un défi plus large pour l’industrie et ouvre la porte à des solutions portées par les start-ups et l’innovation.
Une Usine Historique Face à un Tournant
Depuis son ouverture en 1969, l’usine de Nazelles-Négron était un pilier pour la région Centre-Val de Loire. Spécialisée dans les tubes de freinage pour des constructeurs comme Renault et Stellantis, elle incarnait le savoir-faire industriel français. Mais aujourd’hui, elle est victime d’une réalité implacable : la production automobile en Europe chute, avec près de 500 000 véhicules en moins depuis 2020. Cette baisse structurelle a poussé TI Fluid Systems, la maison-mère, à revoir sa stratégie pour rester compétitive.
La direction évoque une usine sous-exploitée, fonctionnant à seulement deux tiers de sa capacité. Les espoirs placés dans les véhicules électriques, censés relancer l’activité, tardent à se concrétiser. Résultat : un site historique s’éteint, et avec lui, des emplois qui semblaient pourtant solides.
Les Salariés au Cœur de la Tempête
Pour les 156 employés, l’annonce a été un choc. Parmi eux, beaucoup ont plus de 55 ans, avec des décennies d’expérience dans leurs postes. Comme le confie Grégoire Hamelin, secrétaire départemental FO, « ces salariés maîtrisent leur métier, mais à cet âge, retrouver un emploi est une mission presque impossible ». La direction propose des reclassements pour 26 personnes dans d’autres sites du groupe, comme aux Mureaux ou à Brognard, mais pour les 130 autres, l’avenir reste flou.
L’annonce a été brutale. On parlait de réduire les effectifs, pas de tout fermer d’un coup.
– Grégoire Hamelin, secrétaire départemental FO
Des mesures comme le chômage partiel ou les départs volontaires avaient déjà réduit l’effectif de 600 à 156 au fil des ans. Mais cette fois, c’est la fin. Les lignes de production seront démantelées et transférées ailleurs d’ici décembre 2025. Pourtant, certains y voient une opportunité : et si ce site pouvait être repris par une entreprise innovante ?
L’Industrie Automobile en Crise : un Constat Alarmant
La fermeture de TI Automotive n’est pas un cas isolé. L’industrie automobile traverse une mutation profonde. Entre la baisse des ventes de véhicules thermiques et la transition encore balbutiante vers l’électrique, les équipementiers peinent à s’adapter. En France, cette tendance menace des milliers d’emplois industriels, particulièrement dans des régions comme l’Indre-et-Loire, où le tissu économique repose sur ces usines.
Pour TI Fluid Systems, la compétitivité est en jeu. Avec trois usines en Europe (Allemagne, Italie, France), le groupe doit rationaliser ses coûts. Mais cette logique économique laisse sur le carreau des communautés entières, révélant un paradoxe : l’industrie, pilier de l’économie, devient aussi son talon d’Achille.
Les Start-ups : un Souffle Nouveau pour l’Industrie ?
Face à ce tableau sombre, une lueur d’espoir émerge : les start-ups. Ces jeunes entreprises, souvent agiles et tournées vers l’innovation, pourraient transformer cette crise en opportunité. Imaginez une start-up spécialisée dans la mobilité verte reprenant le site de Nazelles-Négron pour produire des composants pour véhicules électriques ou hydrogène. Ou encore une entreprise de l’économie circulaire, valorisant les machines existantes pour un projet durable.
Ce n’est pas une utopie. En France, des initiatives similaires ont vu le jour. Par exemple, à Sélestat, Superbranche prépare une usine-pilote de nanomatériaux pour la santé, prouvant que l’innovation peut revitaliser des territoires industriels. Pourquoi pas à Nazelles-Négron ? Les salariés, avec leur expertise, pourraient devenir un atout précieux pour ces nouveaux acteurs.
Reprendre ou Démanteler : le Dilemme
Pour l’instant, le sort du site reste en suspens. Une procédure de consultation du CSE, lancée pour trois mois, doit trancher. La prochaine réunion, prévue le 20 mars, sera décisive. Les syndicats, eux, ne baissent pas les bras. Grégoire Hamelin insiste : « Avec les machines et le savoir-faire des équipes, ce site a du potentiel. Il faut trouver un repreneur. »
Plusieurs scénarios se dessinent :
- Fermeture définitive et transfert des équipements ailleurs.
- Reprise par une start-up ou une PME innovante.
- Transformation en hub industriel pour la transition écologique.
Chaque option a ses défenseurs. Mais une chose est sûre : laisser mourir ce site serait une perte immense, tant pour l’emploi que pour le dynamisme régional.
L’Innovation au Secours de l’Emploi Industriel
Et si les start-ups étaient la clé pour réinventer l’industrie française ? Ces entreprises, souvent plus flexibles que les grands groupes, excellent dans des niches comme la **transition écologique** ou la **mobilité durable**. À Nazelles-Négron, une start-up pourrait non seulement préserver des emplois, mais aussi en créer de nouveaux, en s’appuyant sur le savoir-faire local.
Quelques exemples concrets montrent la voie :
- Atraltech, en Isère, a inauguré une usine de télésurveillance, créant des emplois modernes.
- Eviden, à Angers, produit des pièces pour supercalculateurs, mêlant innovation et industrie.
Pour TI Automotive, une telle reconversion demanderait un soutien public et privé. Mais le jeu en vaut la chandelle : préserver un site, c’est aussi préserver une identité.
Un Appel à l’Action Collective
La fermeture de l’usine soulève une question essentielle : comment éviter que d’autres sites ne subissent le même sort ? Les start-ups seules ne suffiront pas. Il faut une mobilisation collective : pouvoirs publics, industriels, et citoyens. Des aides à la relocalisation, des incitations fiscales pour les projets innovants, ou encore des formations pour adapter les compétences des salariés aux besoins de demain.
Nous soutiendrons les salariés s’ils veulent se battre pour une reprise.
– Grégoire Hamelin, secrétaire départemental FO
Le compte à rebours est lancé. D’ici juillet 2025, une solution doit émerger. Sinon, Nazelles-Négron risque de devenir un symbole de plus de la désindustrialisation française.
Vers un Futur Durable et Innovant
Et si cette fermeture était une chance déguisée ? Les start-ups, avec leur capacité à innover rapidement, pourraient transformer ce drame en succès. Imaginez un site reconverti en centre de production pour des technologies vertes, ou un incubateur pour jeunes entreprises locales. L’Indre-et-Loire, loin de s’éteindre, pourrait devenir un modèle de résilience industrielle.
Pour y parvenir, il faut agir vite. Les salariés, les syndicats, et les entrepreneurs doivent unir leurs forces. Car demain, comme le dit si bien le slogan de TI Automotive, « se fabrique aujourd’hui ».