Figma vs Lovable : Querelle autour de Dev Mode

Imaginez une bataille où un géant du design numérique croise le fer avec une startup audacieuse, non pas avec des épées, mais avec des lettres juridiques et des termes comme Dev Mode. Cette scène, digne d’un thriller technologique, se déroule aujourd’hui entre Figma, valorisé à 12,5 milliards de dollars, et Lovable, une étoile montante suédoise du no-code AI. Au cœur du conflit ? Un simple nom de fonctionnalité qui pourrait redéfinir les rivalités dans l’industrie tech. Accrochez-vous, car cette histoire révèle bien plus qu’un différend juridique.

Quand un Terme Devient une Arme

Le nœud du problème est aussi simple qu’étonnant : Figma a envoyé une lettre de mise en demeure à Lovable, lui intimant de cesser d’utiliser le terme Dev Mode pour l’une de ses nouvelles fonctionnalités. Figma, qui a déposé un brevet sur ce terme en 2024, revendique son exclusivité. Mais ce qui semble être une formalité juridique cache une lutte de pouvoir dans un secteur où l’innovation est reine.

Pour comprendre l’ampleur de cette affaire, il faut se pencher sur ce qu’est Dev Mode. Chez Figma, il s’agit d’une fonctionnalité permettant aux développeurs de collaborer efficacement avec les designers, transformant des maquettes en code. Lovable, de son côté, utilise ce terme pour une option permettant d’éditer le code généré par son intelligence artificielle. Deux visions, un même nom, et une bataille qui s’annonce féroce.

Un Terme Trop Commun ?

Ce qui rend cette affaire fascinante, c’est la banalité du terme Dev Mode. Utilisé depuis des décennies dans l’industrie tech, il apparaît dans des produits aussi variés que le developer mode d’Apple, le mode développeur de Google Chrome ou encore des projets open source. Même Atlassian, un mastodonte du logiciel, employait ce terme bien avant que Figma ne le brevète.

Tenter de posséder un terme comme Dev Mode, c’est comme breveter le mot "bug" pour le débogage. C’est audacieux, mais risqué.

– Commentaire anonyme sur X

Pourtant, Figma soutient que son brevet ne couvre que le raccourci Dev Mode, et non le terme complet developer mode. Cette nuance, bien que subtile, pourrait jouer un rôle clé si l’affaire devait être portée devant les tribunaux. Mais pour beaucoup, breveter un terme aussi générique est une aberration, et certains appellent Lovable à contre-attaquer.

Lovable : La Startup Qui Défie les Géants

Lovable n’est pas une startup ordinaire. Fondée en Suède, elle a levé 15 millions de dollars en février 2025 lors d’un tour de financement initial. Son arme secrète ? Le vibe coding, une approche où les utilisateurs décrivent leurs besoins en langage naturel, et l’IA génère un produit complet, code inclus. Cette technologie, qui séduit de plus en plus de designers et développeurs, positionne Lovable comme un concurrent direct de Figma.

Sur son site, Lovable ne cache pas ses ambitions : permettre aux designers de créer sans les contraintes des outils traditionnels comme Figma. Cette provocation n’a pas échappé au géant du design, qui semble vouloir couper l’herbe sous le pied de son rival naissant.

Figma devrait se concentrer sur l’amélioration de son produit plutôt que sur des batailles de marques.

– Anton Osika, PDG de Lovable

Une Question de Concurrence

Derrière ce différend juridique, c’est une guerre de territoire qui se joue. Figma, avec sa valorisation colossale et une introduction en bourse en préparation, ne peut se permettre de laisser une startup grignoter ses parts de marché. Lovable, de son côté, capitalise sur la vague du no-code AI et attire des clients lassés des outils traditionnels.

Anton Osika, PDG de Lovable, ne mâche pas ses mots. Il affirme que sa plateforme gagne des utilisateurs au détriment de Figma, grâce à une approche plus intuitive et rapide. Cette assurance pourrait cependant coûter cher : un procès international serait un fardeau financier pour une jeune entreprise.

Les Enjeux d’un Brevet

Pourquoi Figma tient-il tant à protéger Dev Mode ? La réponse réside dans les règles des brevets. Si une entreprise ne défend pas activement son droit de propriété intellectuelle, elle risque de perdre son exclusivité. Figma n’a donc d’autre choix que d’envoyer des lettres de mise en demeure, même si elles semblent exagérées.

Curieusement, Figma n’a pas ciblé d’autres géants comme Microsoft ou Apple, qui utilisent des termes similaires. Selon un porte-parole de Figma, c’est parce que ces entreprises opèrent dans des “catégories de produits différentes”. Lovable, en revanche, est un concurrent direct, ce qui rend l’affaire plus personnelle.

Vibe Coding : La Révolution en Marche

Le différend autour de Dev Mode met également en lumière une tendance plus large : l’essor du vibe coding. Cette approche, qui permet de créer des applications en décrivant simplement une idée, bouleverse les méthodes traditionnelles de conception et de développement. Lovable est à la pointe de ce mouvement, mais elle n’est pas seule.

Pourtant, Dylan Field, PDG de Figma, minimise l’impact de cette technologie. Selon lui, si le vibe coding excelle pour prototyper rapidement, il manque de profondeur pour finaliser des projets complexes. Une critique que Lovable conteste, affirmant que ses outils permettent de mener un projet de bout en bout.

Et Maintenant ?

Pour l’instant, Lovable refuse de plier. Anton Osika a même partagé la lettre de mise en demeure sur X, accompagnée d’un sourire narquois. Mais la bataille est loin d’être terminée. Si Figma décide d’aller en justice, Lovable devra peser le coût d’un procès face à ses ressources limitées.

Ce conflit soulève des questions plus larges sur l’innovation et la propriété intellectuelle. Peut-on breveter un terme aussi courant que Dev Mode ? Les startups comme Lovable peuvent-elles rivaliser avec des géants établis ? Une chose est sûre : cette querelle marque le début d’une nouvelle ère de rivalités technologiques.

Les Leçons à Retenir

Pour mieux saisir les implications de cette affaire, voici les points clés :

• Le terme Dev Mode est au cœur d’un différend entre Figma et Lovable, révélant des tensions concurrentielles.
• Lovable mise sur le vibe coding, une technologie qui menace les outils traditionnels comme Figma.
• La propriété intellectuelle reste un champ de bataille crucial dans l’industrie tech.

En fin de compte, cette histoire est plus qu’une simple dispute juridique. Elle illustre les défis auxquels sont confrontées les startups lorsqu’elles défient les géants, et met en lumière l’évolution rapide du paysage technologique. Alors, Figma écrasera-t-il Lovable, ou la startup suédoise parviendra-t-elle à s’imposer ? L’avenir nous le dira.