Financement des startups européennes en baisse en 2024
Alors que l'écosystème des startups technologiques en Europe se remettait tout juste de la chute brutale des investissements en 2023, le dernier rapport "State of European Tech" publié par le fonds de capital-risque Atomico vient tempérer l'optimisme ambiant. Si le pire semble passé, les perspectives restent mitigées pour les jeunes pousses du Vieux Continent.
45 milliards de dollars investis en 2024 : une stabilisation en trompe-l'œil ?
Selon les chiffres compilés par Atomico, les startups européennes devraient lever environ 45 milliards de dollars en 2024. Un chiffre en légère baisse par rapport aux 47 milliards finalement enregistrés en 2023, mais qui marque tout de même un coup d'arrêt après la chute vertigineuse de 50% observée cette année-là par rapport au pic de 2022.
Cette apparente stabilisation ne doit cependant pas occulter certains voyants au rouge. Car derrière ce chiffre global se cache une réalité plus contrastée pour les différents stades de maturité des startups.
Les investissements en early stage sous pression
Si les méga-levées des licornes monopolisent souvent l'attention, ce sont bien les tours de table en amorçage et en Série A qui constituent le moteur de l'écosystème. Or sur ce segment stratégique, la baisse se confirme, avec un recul de 20% du nombre de deals en early stage.
Un tour de Série A prend désormais en moyenne 10,6 millions de dollars en Europe, contre 9,3 millions l'an dernier. Mais les startups mettent aussi plus de temps à sécuriser ce précieux sésame, allongeant leur runway en mode "survie".
Le grand gel des sorties
Autre sujet d'inquiétude soulevé par Atomico : l'atonie du marché des introductions en bourse et des fusions-acquisitions. Avec seulement 3 milliards de dollars levés via des IPO et 10 milliards en M&A, l'Europe connaît ses pires performances depuis plus de 10 ans sur ces deux tableaux. Un coup dur pour les investisseurs en quête de liquidités, et un frein potentiel pour toute la chaîne de financement.
Il ne faut parfois qu'un gros deal pour sauver une année, comme l'a montré l'IPO d'ARM en 2023. Mais ce type d'opérations charnières se font cruellement attendre en 2024.
Tom Wehmeier, Partner chez Atomico
L'IA en figure de proue
Dans ce contexte morose, l'intelligence artificielle fait figure d'exception, focalisant l'appétit des investisseurs. Avec 11 milliards de dollars levés (soit près d'un quart du total), les pépites européennes de l'IA comme Wayve, Helsing ou Mistral mènent la danse. Mais là encore, difficile de rivaliser avec les mastodontes américains, qui trustent 47 milliards de dollars sur ce segment porteur.
Un moral en berne chez les fondateurs et investisseurs
Signe supplémentaire de la fragilité de la reprise, la confiance des acteurs de l'écosystème marque le pas. Interrogés par Atomico, 40% des fondateurs et 26% des investisseurs se disent moins optimistes sur les perspectives à 12 mois qu'il y a un an. Un niveau d'incertitude inédit, tempéré par l'espoir d'un rebond des valorisations après le "reset" de 2023.
Si le pire semble passé pour le financement des startups en Europe, le chemin de la récupération s'annonce donc encore long et semé d'embûches. Entre pression concurrentielle, incertitude macroéconomique et transformation des modèles d'affaires, les jeunes pousses technologiques du Vieux Continent n'ont pas fini de devoir batailler pour reprendre leur envol. Mais elles peuvent compter sur de solides atouts, à commencer par un vivier de talents de plus en plus étoffé et une capacité d'innovation et de résilience maintes fois éprouvée.