Fisker : pourquoi cet échec était prévisible ?

Fisker, startup autrefois prometteuse dans le secteur des véhicules électriques, vient de déposer le bilan. Un échec qui semblait malheureusement prévisible au vu des signaux d'alarme émis ces derniers mois en interne. Retour sur les raisons de cette déroute.

Les déboires du SUV Fisker Ocean

Tout avait pourtant bien commencé pour le SUV électrique Fisker Ocean, fer de lance de la marque. Mais rapidement, des problèmes de qualité sont apparus avec de nombreux défauts signalés par les premiers clients :

• Pertes de puissance soudaines
• Problèmes de freinage
• Bugs électroniques (clés, poignées)

Des rappels ont dû être effectués. La NHTSA, agence américaine de sécurité routière, a ouvert plusieurs enquêtes. En cause : des sous-traitants pas au niveau et un manque de pièces détachées.

Un service après-vente débordé

Face à ces problèmes, le service après-vente de Fisker s'est retrouvé submergé. En sous-effectif et mal préparé, il n'a pas su gérer l'afflux des demandes. Des employés d'autres services ont dû venir en renfort, travaillant des heures supplémentaires non rémunérées.

On prenait des appels des clients même en dehors des heures de travail, parfois dans des moments inappropriés comme des enterrements ou à l'hôpital. On était dépassés.

– Un ex-employé de Fisker

Des ventes en berne

Malgré des objectifs revus à la baisse, Fisker a peiné à écouler ses stocks. L'équipe commerciale multipliait les appels pour tenter de convaincre des prospects de plus en plus réticents. Un cercle vicieux avec l'insatisfaction grandissante des clients et la mauvaise presse.

Des logiciels pas au point

Un autre point noir : les logiciels de l'Ocean, précipités et truffés de bugs. Mal conçus, ils ont contribué à retarder le lancement et ont causé des tracas sur les premiers modèles livrés, y compris celui du PDG Henrik Fisker himself !

Une gestion calamiteuse

Au-delà des soucis de l'Ocean, c'est tout le management de Fisker qui pose question. Obnubilée par la production à tout prix, la direction a négligé des pans cruciaux tels que la qualité, le SAV ou même la comptabilité.

16 millions de dollars "égarés"

Le comble : la startup a récemment admis avoir "perdu la trace" de 16 millions de dollars de paiements clients en raison de processus comptables mal ficelés. Difficile dans ces conditions d'avoir une vision claire de sa trésorerie.

Reporting défaillant

Fisker a aussi accumulé les retards dans ses reportings financiers obligatoires auprès des autorités. Ces manquements ont permis à l'un de ses principaux créanciers de prendre le contrôle ces derniers mois, précipitant sa chute.

Projets futurs compromis

L'avenir des futurs modèles prévus par Fisker est plus qu'incertain. La berline électrique PEAR à moins de 30 000$ et le pick-up Alaska semblaient déjà mal engagés. Le partenaire d'ingénierie vient de porter plainte, remettant en cause ces projets.

Les leçons d'un échec annoncé

Comment une startup si bien partie a-t-elle pu à ce point dérailler ? Cet échec semble en grande partie dû à un manque d'anticipation et de vision long terme. Se retrouver à la tête d'un groupe automobile demande bien plus que de jolis designs et une levée de fonds réussie.

• Focalisation excessive sur le court terme
• Manque d'anticipation et de préparation
• Mauvais choix de partenaires et fournisseurs

Fisker paie aujourd'hui le prix de son immaturité. Espérons que ce crash serve au moins de leçon à une industrie automobile en pleine transformation.