
Fondateur Fintech Accusé : Une IA Bidon Dévoilée
Imaginez une application qui vous permet d’acheter sur n’importe quel site en un seul clic, grâce à une intelligence artificielle révolutionnaire. Une promesse alléchante, portée par un entrepreneur charismatique, Albert Saniger, à la tête de la start-up Nate. Mais que diriez-vous si cette prouesse technologique n’était qu’un mirage, dissimulant une armée de travailleurs humains dans un centre d’appels aux Philippines ? C’est l’histoire stupéfiante qui secoue le monde des fintech aujourd’hui, entre innovation trompeuse et millions de dollars envolés.
Quand l’IA n’est qu’une illusion
Lancée en 2018, Nate se présentait comme une pépite de la fintech, une application censée simplifier les achats en ligne grâce à une IA capable de gérer des transactions sans intervention humaine. Albert Saniger, son fondateur, a su convaincre des investisseurs prestigieux comme Coatue ou Forerunner Ventures, levant plus de 50 millions de dollars. Mais derrière cette façade brillante, une réalité bien moins glamour se dessinait.
Une levée de fonds bâtie sur des mensonges
Albert Saniger a séduit ses investisseurs avec une vision claire : une IA autonome, capable de révolutionner le commerce en ligne. Lors d’une levée de fonds de 38 millions de dollars en 2021, menée par Renegade Partners, il affirmait que son application fonctionnait “sans intervention humaine”, sauf dans de rares cas. Pourtant, selon le Département de la Justice américain (DOJ), cette promesse était un leurre : le taux d’automatisation réel était de **0 %**.
En coulisses, des centaines de travailleurs, installés dans un centre d’appels aux Philippines, effectuaient manuellement chaque transaction. Loin d’une prouesse technologique, Nate reposait sur une main-d’œuvre humaine, un secret bien gardé que Saniger a dissimulé à ses bailleurs de fonds.
“Nate pouvait réaliser des transactions en ligne sans aucune intervention humaine, sauf dans des cas exceptionnels.”
– Albert Saniger, lors d’une présentation aux investisseurs
Une supercherie démasquée
Les premiers doutes ont émergé en 2022, lorsque *The Information* a publié une enquête révélant l’utilisation massive de contractuels humains par Nate. Malgré les embauches de data scientists et l’acquisition de technologies IA, l’application n’a jamais atteint le niveau d’automatisation promis. Cette révélation a fragilisé la start-up, qui a fini par manquer de liquidités et céder ses actifs en janvier 2023.
Le couperet est tombé le 9 avril 2025, quand le DOJ a inculpé Saniger pour fraude. L’accusation est sans appel : il aurait sciemment menti pour lever des fonds, trompant des investisseurs qui croyaient financer une révolution technologique.
Nate n’est pas un cas isolé
Cette affaire soulève une question troublante : combien d’autres start-ups surfent sur la vague de l’IA sans en maîtriser les rouages ? Nate n’est pas la première à être épinglée. En 2023, *The Verge* dévoilait qu’une start-up de drive-through prétendument boostée à l’IA dépendait elle aussi de travailleurs philippins. Plus récemment, *Business Insider* a révélé que EvenUp, une licorne du legal tech, utilisait des humains pour une grande partie de ses services.
Ces scandales mettent en lumière une tendance inquiétante : dans la course à l’innovation, certains entrepreneurs n’hésitent pas à embellir la réalité pour attirer les capitaux.
Les leçons d’un fiasco
Le cas de Nate offre une leçon précieuse pour l’écosystème des start-ups. Voici quelques points clés à retenir :
- La transparence est essentielle : les investisseurs méritent des données fiables sur les technologies financées.
- L’IA reste complexe : promettre une automatisation totale sans preuve concrète est risqué.
- La pression du marché peut pousser à la fraude : la compétition féroce incite parfois à des raccourcis dangereux.
Pour les entrepreneurs, ce fiasco rappelle que la crédibilité est un actif aussi précieux que les fonds levés. Pour les investisseurs, il souligne l’importance d’une diligence accrue.
Et maintenant ?
Albert Saniger, aujourd’hui associé chez Buttercore Partners à New York, n’a pas commenté l’affaire. Son profil LinkedIn indique qu’il a quitté son poste de CEO de Nate en 2023, peu avant la chute de l’entreprise. Mais les répercussions de cette fraude pourraient aller au-delà de sa personne, ébranlant la confiance dans les start-ups fintech.
Dans un secteur où l’innovation est reine, ce scandale pose une question cruciale : jusqu’où ira-t-on pour vendre du rêve technologique ? L’avenir nous dira si cette affaire marque un tournant ou reste une anecdote dans la folle aventure des start-ups.