Fortescue, Pionnier de la Mine Décarbonée d’Ici 2030
Dans la course à la décarbonation de l'industrie minière, un acteur se démarque par son audace : le géant australien Fortescue. Sous l'impulsion de son PDG visionnaire Andrew Forrest, le groupe multiplie les investissements massifs pour atteindre un objectif ambitieux : devenir la première grande compagnie minière à zéro émission directe dès 2030. Un pari aussi fou que nécessaire pour l'avenir de la planète.
2,8 milliards de dollars pour une flotte d'engins électriques XXL
Première étape de cette révolution verte : l'électrification des engins miniers. Fin septembre, Fortescue a signé un contrat record de 2,8 milliards de dollars avec l'équipementier allemand Liebherr pour acquérir une armada de machines électriques :
- 360 tombereaux autonomes à batteries
- 55 excavateurs électriques
- 60 bulldozers électriques
Une commande sans précédent qui va permettre à Fortescue de réduire drastiquement sa consommation de diesel et ses émissions de CO2. Mais la transition se fera de façon progressive, avec des essais puis une montée en puissance jusqu'à l'horizon 2030.
Un écosystème vert autour des mines
En parallèle, le groupe va déployer tout un écosystème d'infrastructures vertes autour de ses sites miniers du Pilbara, en Australie occidentale :
- Des forêts de panneaux solaires pour produire une électricité renouvelable abondante
- Des batteries stationnaires géantes pour stocker cette énergie verte
- Des électrolyseurs pour produire de l'hydrogène décarboné qui alimentera locomotives et navires
Un écosystème complet et intégré qui doit permettre à Fortescue d'atteindre la neutralité carbone pour ses opérations, sans recourir à la compensation ou au captage de CO2.
Le défi de l'acier vert
Mais l'ambition de Fortescue ne s'arrête pas là. Andrew Forrest vise un objectif encore plus ambitieux : un « vrai zéro émission » sur toute la chaîne de valeur d'ici 2040, en s'attaquant à l'épineuse question de la décarbonation de la sidérurgie.
En effet, les émissions indirectes liées à la transformation du minerai de fer en acier par les clients de Fortescue représentent l'essentiel de l'empreinte carbone du groupe. Pour les éliminer, il mise sur le développement de technologies de production d'acier vert, utilisant de l'hydrogène au lieu du charbon.
Le vrai zéro émission, c'est s'attaquer à toute la chaîne de valeur, de la mine au produit final. C'est un immense défi, mais nous sommes déterminés à montrer la voie.
Andrew Forrest, PDG de Fortescue
Un défi titanesque au vu de la faible teneur en fer du minerai de Fortescue, qui nécessite des procédés sidérurgiques adaptés. Mais le groupe explore plusieurs pistes prometteuses, comme l'utilisation de fours électriques ou de réacteurs de réduction directe.
Fortescue, le pionnier d'une industrie minière durable ?
Avec son plan de décarbonation ultra-ambitieux, Fortescue bouscule les codes d'une industrie minière encore très dépendante des énergies fossiles. Et prouve qu'avec de la volonté et des investissements massifs, la transition écologique de ce secteur stratégique est possible.
Certes, les défis restent immenses, notamment sur la question épineuse de l'acier vert. Mais en montrant la voie de l'électrification à grande échelle et des mines alimentées par des énergies vertes, Fortescue ouvre de nouvelles perspectives pour une industrie extractive plus durable et responsable.
Alors, pari réussi pour ce milliardaire provocateur et son groupe avant-gardiste ? Réponse d'ici quelques années, quand on verra si Fortescue a réussi son pari fou de la mine zéro carbone. Une chose est sûre : toute l'industrie minière mondiale suivra cette expérimentation grandeur nature avec un immense intérêt !